Les Résistants de l’après-bataille se précipitent à ce genre d’occasion.
Je ne me joins pas à eux.
Il y a eu au Pouvoir et au Gouvernement sous Giscard d’estaing (même si la bonne foi était probable), des serviteurs du nazisme (ou de l’état). D’autres ont plus tard dîné avec Mitterrand (et, excusez-moi, avec Simonne Weil). Il n’est pas facile de savoir qui est qui. Sur cet espace non plus.
Résister était minoritaire sous l’occupation et à divers degrés. Parmi ceux qui avaient des responsabilités familiales, qui ne résistaient pas, certains se permettaient une opposition sourde... et devaient bientôt laisser leur appartement à l’occupant pour réquisition, et partir en zone libre. A leur retour, ils étaient accueillis avec à-propos de circonstance. Ils ont remis un peu l’ordre. Je suis assez content de dire cela, car si s’opposer à des forces très supérieures à soi paraît sans solution, il en existe pourtant encore et encore.
Le Général de Gaulle a eu quelques phrases senties sur la question des résistants de dernière heure et au sujet des procès.
Sur le fond : le thème évoqué n’est en rien philosophique et beaucoup de gens ont fructifié sur le terrain de la littérature intellectuelle (j’ai moi aussi acheté de telles « oeuvres ») sur le cas ou les idées d’Heidegger. Sur le compte des lecteurs de philosophie surtout.
BHL, homme et intellectuel français engagé, n’est pas dernier à faire la différence entre la vraie et la fausse monnaie en matière humaniste et en matière philosophique. Il a défendu en connaissance de cause la mémoire de Beauffret, enseignant estimable et honnête. Je n’aime ni les traductions de Beauffret ni ses préfaces ni ses entretiens. Je lui préfère de loin Towarnicky. Cela ne me fait pas confondre les genres.
Je vois errer des posts où on parle de « Bibliothèque de Philosophie » où Heidegger serait proscrit : affolant de prétention et de médiocrité. Si encore on disait cela en étudiant, à 20ans...
Lévinas avait une position hostile claire mais une réflexion. Son expérience personnelle lui a laissé ses propres contradictions sur le terrain philosophique et assez d’inspiration pour avoir des idées. Il a soutenu Beauffret en son temps, qui souffrait à la fin d’une carrière où il n’avait rien à se reprocher (voir Jeannicaud, Martineau).
Je suis dégoûté de remarquer que les loups d’aujourd’hui crient encore avec les loups. Les mêmes adhéraient naguère à la mode comme aujourd’hui. Et même : des méthodes de « décryptage » d’opinions « suspectes » et de « pseudo »-pseudos, relèvent de l’attitude qui faisait triompher la bassesse et la médiocrité à la triste époque.
La chanson de l’Opportuniste, écrite par Lanzmann, relève d’un passé où le passé de collaboration n’était pas sorti des mémoires.
Sur le fond, il n’est pas facile à un philosophe de savoir ce qu’il pense : c’est son travail... qui apparemment serait le travail de donner son opinion sur des questions auxquelles on ne comprend rien.