Monsieur,
Je pense que le système formel que constitue la grammaire représente une difficulté à l’exigence de l’apprentissage dans de bonnes conditions de la langue française.
L’apprentissage cumulatif de règles à appliquer et auxquelles les enfants doivent se conformer et qu’ils intègrent de manière plus ou moins réussie n’est peut-être pas le meilleur moyen d’apprentissage d’une langue, ou alors est-il peut-être top mécanique et réducteur.
Car, qu’est-ce qui est important pour un enfant lors de son apprentissage de la langue, et quelles sont les étapes de cet apprentissage ?
L’enfant doit effectuer un double travail : celui d’associer des mots à des images, et celui d’associer des images à des objets.
Ainsi se constitue peu à peu un vocabulaire et un lexique dynamique en relation avec son environnement ;
Le travail de l’apprentissage de la langue française à l’école doit permettre un retour réflexif de l’enfant sur son propre langage, ce qui nécessite la capacité d’objectivation du discours, objectivation caractérisée par l’apprentissage de la langue écrite. Cette objectivation est une étape importante et difficile pour un enfant, et cette étape n’est pas vécue de la même manière chez tous les enfants.
Identifier les structures de la phrase, d’accord ! Mais là où peut-être le bas blesse, c’est quand le processus d’observation réfléchie de la langue se double d’un processus d’apprentissage conceptuel supplémentaire d’ordre mémoriel que constitue le vocabulaire grammatique lui-même ! Cette biobjectivation de la langue semble paradoxale, car la grammaire elle-même n’est pas un langage mais un procédé de description comportant différentes règles et lois, qui ne portent pas en elles-mêmes leur justification. La nature descriptive de la grammaire réduit donc la naturalité de la langue à un ensemble de concepts figés et interchangeables qui ne favorisent pas la créativité langagière, mais qui plutôt la limite, ainsi que, peut-être,un développement harmonieux du langage.