En 1938 déja on remettait « la France au travail »
« La volonté d’en découdre avec le monde ouvrier - à travers sa représentation syndicale - est illustrée par la concentration du tir sur le thème des « 40 heures ». S’ajoutent, à la critique technique des effets néfastes de la loi, des reproches culpabilisateurs sur la paresse, la facilité, les loisirs, la semaine des deux dimanches, sans jamais mettre en cause les responsabilités éventuelles du patronat et l’inadaptation des structures aux nouveaux besoins de la production, c’est toucher au domaine ultra-sensible du symbolique et de l’affectif. » [1].
Le 26 août 2003, le député UMP et marchand d’armes multimillionnaire Serge Dassault s’indignait :
« On ne peut pas tous travailler le même nombre d’heures, gagner le même salaire, partir à la retraite au même âge. Il faut laisser ceux qui réussissent s’enrichir, arrêter de croire que le salut viendra en faisant payer les riches, car il n’y a pas assez de riches et ceux qui restent vont partir, et surtout, il faut remettre la France au travail » (Le Figaro, 26/08/03).
(Il est vrai que les riches, eux, savent quoi faire de leur temps libre, alors que les pauvres s’ennuient quand ils ne travaillent pas)
Comme le remarque avec une lucidité confondante l’intello chouchou des médias, Nicolas Baverez :
« Le temps libre, c’est le versant catastrophe sociale. Car autant il est apprécié pour aller dans le Lubéron, autant pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par des études. » (20 minutes, 07/10/2003)
La droite tenait le même discours en 1938. Deux ans après, c’était Vichy.
[1] Pierre Laborie, L’opinion française sous Vichy, p. 146, Paris, Seuil, 1990, 405 pages