Tes commentaires sont toujours riches et constructifs, Tristan. J’apprécie.

Quelques précisions :

« ces populations nous renvoient à un passé colonial qui ne passe pas » » C’est bien sûr souvent dans l’inconscient collectif que ça se passe. Un exemple : quand Chevènement dans les années 90 a parlé de « sauvageons » qui aurait cru que ça ferait à ce point mouche ? Pourtant l’allusion à une situation post-coloniale était limpide. « Sauvages » est très connoté et renvoie à nos ex-indigènes . A l’époque très peu de gens (dont Pierre Blanchard spécialiste de ces questions là) ont fait le rapprochement. Aujourd’hui c’est le couvre-feu qui nous renvoie à cette époque.

« c’est parce que les anciens coloniaux pensent au passé colonial qu’il y a problème » Tu n’as pas tort mais avant de tourner la page il faut crever l’abcès et affronter ce qui a été longtemps refoulé. Nous sommes en période de crise identitaire. Pour ma part je la trouve salutaire si on regarde les choses avec honnêteté.

De toute façon pour être tout à fait honnête moi-même, l’héritage colonial n’est qu’un aspect du problème concernant les émeutes. Il faut aussi parler du contexte international, des politiques de la ville, de la crise économique et sociale et aussi du rôle de la police dans les quartiers.

Sur ce dernier point je ne voudrais pas paraître manichéen. Il faut soutenir la police de toutes nos forces mais aussi l’encadrer. Il n’est pas normal qu’un gamin d’une vingtaine d’années sans expérience se trouve parachuté avec un uniforme et un flingue dans les pires quartiers. C’est scandaleux. Il se passe la même chose dans l’éducation nationale. Je le sais, j’en ai fait les frais. Il suffit que ces jeunes policiers se trouvent avec quelques « vieux » aigris et racistes et le mauvais pli est pris. Les témoignages de dérapages verbaux sont nombreux. Il ne faut pas l’occulter. D’autre part la pression mise sur les flics produit des effets désastreux ; maintenant il faut faire du chiffre. Il serait d’ailleurs temps que les journalistes questionnent sérieusement le bilan de Sarkozy.

Il me vient deux mesures urgentes à l’esprit. 1 Rétablir la police de proximité. Dans mon école (qui est dure) si je me fais respecter c’est d’abord parce que j’y suis depuis 10 ans ! On me connaît. Dans les quartiers c’est pareil, les flics devraient pouvoir appeler les mômes par leur prénom ...

2 Il faut métisser la police. Pour une fois regardons outre manche, il n’ont pas que des mauvaises idées. Quand le grand frère est flic, forcément ça change le regard.

Maintenant l’enseignement de l’histoire. Beaucoup à dire... Je te renvoie à la lecture du rapport de recherche de l’équipe de l’Académie de Versailles. Entre mémoire et savoir : l’enseignement de la shoah et des guerres de décolonisation. Ce rapport passionnant est téléchargeable dans son intégralité : http://www.inrp.fr/philo/mem_hist/rapport/

Au plaisir de te lire.