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Commentaire de Thomas Roussot

sur Le virage démagogique de François Bayrou


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Thomas Roussot Thomas Roussot 6 avril 2007 13:03

François Bayrou a débarqué dans les îles françaises avec une bombe dans ses valises dialectiques, bombe traitée fort pudiquement par les médias officiels. Sans doute pour éviter de faire le jeu de...la vérité. Son voyage a débuté avec des caresses démagogiques habituelles à ce type de déplacement : « Si on cherchait un nom pour qualifier la France, on pourrait dire la Réunion ; car, ici, par la force des choses, toutes les communautés ont appris à vivre ensemble », a-t-il déclaré tout de go, tandis que des airs traditionnels fusaient dans l’aéroport qui l’accueillait le vendredi 23 mars dernier. Tout en constatant "qu’il se passe quelque chose dans les milieux populaires », le candidat du centre pas triste s’est rendu aux joies de la volaille, du curry canard et autres mets succulents.

Bayrou on le pensait n’allait comme à son habitude pas faire la moindre promesse significative. Se contentant de souligner que ses priorités outre-mer garantiraient la continuité territoriale, le logement ou l’éducation, il a commencé à dérouler des évidences régaliennes. Il a parlé de curry volaille, de curry canard, des gros qui prennent les bons morceaux et ne laissent aux pauvres que les os. Il leur faudrait un « zambrocal [plat local du pauvre] avec les meilleurs morceaux », a-t-il même affirmé dans un élan pour le moins populiste. Et puis le big-bang bayrouiste a explosé. Avant de s’envoler pour Mayotte, François Bayrou a pris position sur un sujet où on ne l’attendait vraiment pas, brisant subitement la mollesse habituelle et le flou programmatique qui caractérisent habituellement ses propos, il a déclaré devant une assistance médusée, je cite, être « favorable à ce que la nationalité ne soit plus automatique dès l’instant qu’on est venu à Mayotte ou en Guyane seulement pour accoucher sur le territoire national ». Un tel propos aurait déclenché le tollé et l’indignation hystérique des »associations antiracistes" s’il avait été émis par un Sarkozy ou un Le Pen. Mais là, silence radio, étonnant non.

Car en clair cette proposition est un clone du concept lepéniste de préférence nationale, de retour au droit du sang, autant d’idées censément nazies ou fascistes si l’on en croit les diseurs de bonne conscience républicaine habitant les beaux quartiers et payant l’impôt sur l’isf, bien à l’abri des problèmes de flux migratoires. Le candidat UDF a justifié cette remise en cause du droit du sol pour le moins révolutionnaire pour un centriste dans ces deux territoires français par la « charge d’avoir un équilibre dans la population qui fasse que des vagues néfastes, des vagues de déstabilisation, ne se produisent pas ».

Il a dénoncé ceux qui viennent « seulement pour accoucher sur le territoire national » !!! Non non, ce n’est pas Le Pen qui parle. En son temps, François Baroin l’actuel ministre de l’intérieur avait émis le même souhait en 2005. Avec une pirouette sémantique mollassonne il a tenté d’amortir le choc éventuel de sa déclaration : « Quand on est humaniste, on doit être, dans ces affaires, ferme », a-t-il ajouté. « Il y a des forces politiques ou des personnalités politiques qui font de ces sujets une exploitation. Quand ils sont en panne de voix, ils vont agiter ces sujets, ils vont se servir de ça comme d’un tisonnier pour faire repartir des flammes mal éteintes ». « Ce n’est pas mon cas », a-t-il assuré. « Pour autant, ces questions se posent aux responsables politiques, qui doivent les traiter avec calme et sérénité ».

Oui avec calme et sérénité, le 23 mars 2007, François Bayrou a fait sienne l’analyse de Le Pen sur les questions d’acquisition de la nationalité.


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