« Fòra ! lo sang que nos resta a lo bolh ! Fòra ! Sangsucs, qu’avètz la gòrja plena ! Fòra ! Bochiers, gras de nòstre codena ! Fòra ! A son torn lo bestiau pren lo foeit ! »
« Dehors ! Le sang qui nous reste bouillonne ! Dehors ! Sangsues, qui avez la gorge pleine ! Dehors ! Bouchers, gras de notre couenne ! Dehors ! A son tour le bétail prend le fouet ! » Lo Tramblament, 1841).
Victor Gelu
(s’est fait principalement connaître pour ses Chansons provençales, rédigées entre 1838 et 1865 (son roman, Nové Granet, ne sortit qu’après sa mort). Né sous Bonaparte, mort sous la IIIe République, il fut témoin des transformations les plus profondes et brutales que Marseille ait eu à subir dans son histoire - en attendant celles, déjà amorcées, que nous promettent les spéculateurs. Il a vu le capitalisme faire irruption dans cette ville de négoce maritime et de production artisanale, bouleversant les usages, piétinant les petits métiers, détruisant l’environnement et prolétarisant les travailleurs. Les ravages de la révolution industrielle allèrent de pair avec une vague de normalisation culturelle sans précédent.)