@ L’auteur et machinchose

Bonjour,

SUR LES NERFS (la canard du 04/04)

SARKO, le Joe Dalton fulminant qui agonit les journalistes (voir page 2), le colérique qui s’emporte pour dénoncer l’ ((hystérie » de ses concurrents, faute de nous convaincre de son calme en s’efforçant de moduler le timbre de sa voix, nous l’écrit tout net : il est devenu (un adulte plus apaisé )).Et d’ajouter dans son livre-programme 1à 14 euros TI’C : ((j’ai gagné en sérénité. ) Mais l’ouvrage, de l’aveu même de son serein auteur, s’adresse en priorité à (la France exaspérée).Et de s’emballer à nouveau dans sa conférence de presse de lancement sur cette »France exaspérée par la contestation de l’identité nationale, par une immigration c non maîtrisée, par la fraude. .. )).On ne fait pas plus apaisant ! Mais Sarko ne craint pas le paradoxe. Au contraire, il en a fait depuis longtemps son fonds de commerce. L’énervé parle de sérénité. L’as de la rupture, celui qui adore diviser, segmenter, intitule son ouvrage « Ensemble ». L’humaniste ami de Jaurès en rajoute sur l’identité nationale, l’immigration et l’insécurité. Ainsi, les é1Xteutesde la gare du Nord qui auraient démontré l’impéritie de tout autre ministre de l’Intérieur et lui auraient fait perdre des points lui font beaucoup moins de mal que de bien. Et iL s’en targue’(voir p. 2). Il reste persuadé que ces thèmes qui fâchent lui profitent désormais plus qu’à Le Pen. Il sait aussi qu’il s’agit de terrains glissants pour Ségolène. Et Il n’ignore pas non plus que son sens du paradoxe fait des émules dans les sondages. En écoutant l’ex-ministre de l’Intérieur pousser sans rire ce cri indigné : « Pendant des année son a laissé faire n’importe quoi », on voit a aussi des sondés au bord de la schizophrénie. Ceux-là déclarent majoritairement que la situation en matière d’insécurité s’est plutôt dégradée sous son magistère, de même que les relations police-citoyens. Mais, à la question de savoir à qui ils font le plus confiance pour garantir leur sécurité, les mêmes, les yeux fermés, répondent Sarko en majorité. Le tour de force de Sarko réside dans un paradoxe encore plus costaud:celui de réussir à se présenter comme un homme providentiel et nouveau alors qu’il est en politique depuis plus de trente ans. Alors qu’il a surtout été aux affaires et au premier plan depuis cinq ans dans le gouvernement sortant. Et prétend, s’il est élu, incarner la rupture et la nouveauté en gouvernant entouré de bon nombre:des membres de ce même gouvernement. Fort de cette assurance et clamant sa « vérité », tout en promettant d’« assumer » toutes les propositions « formulées depuis le début de l’année »,l’ami du paradoxe envoie des messages à ceux « qui ont toujours voté à droite et qui ont si souvent été déçus ou se sont sentis trahis ». A ceux « qui ont voté à l’extrême droite » et dont« le vote a été détourné parce qu’il n’a servi à rien ». A ceux« qui ont voté à gauche »et ont également été déçus, et à« ceux surtout appartenant aux couches les plus populaires qui n’en peuvent plus d’une vie sans perspective et qui n’y croient plus ». Voilà qui va sûrement calmer « la France exaspérée ».

Erik Emptaz

Milla