Les dérapages irresponsables de Nicolas Sarkozy
Il est troublant de constater l’incroyable silence qui règne
autour des véritables dérapages du candidat UMP Nicolas Sarkozy. Pourtant
ceux-ci ont des conséquences particulièrement sérieuses.
Il n’est pas nécessairement exagéré de dire que sa politique
globale de sécurité et ses propos disproportionnés et indignes d’un ministre de
Parfois, les propos « déplacés » de Nicolas
Sarkozy n’ont que peu de conséquences. Mais souvent ces propos, ces dérapages,
illustrent la tendance à l’hystérie du candidat :
« Je suis entouré d’une bande de connards !
Méhaignerie aurait dû se taire. Ce centriste mou parle trop ! C’est
vrai que ça va être difficile et même quasi impossible de tout faire mais il ne
fallait pas le dire. C’est toujours comme ça une campagne : on promet pour
être élu et après on déçoit (...) Heureusement que
Puis, pour ceux qui croyaient encore que le candidat UMP
avait une certaine culture politique, certaines de ses déclarations publiques
sont là pour leur rappeler son ignorance :
« Il y a quelques
années, François Mitterrand dans une réplique superbe disait : Vous
n’avez pas le monopole du cœur. » (Cette phrase est en réalité de Valéry Giscard
d’Estaing ; Mont Saint Michel, le 30 janvier 2007).
Notons d’ailleurs le « dilemme » pour l’envoyé
spécial du Figaro, Charles Jaigu. Pouvait-il simplement mentionner l’erreur,
même minime, même de distraction, même provoquée par
Quant à la blogosphère sarkozyste, elle a tout bonnement
rectifié la phrase du candidat (avec une jolie innovation orthographique dans
le prénom de Giscard) (cf. le big
bang blog et Libération).
Le candidat UMP a également l’art de « gaffer » en
réponse à une soi-disant « gaffe » de madame Royal :
« Pour moi,
« Monsieur Sarkozy, le Québec, ce n’est pas un pays,
c’est une province. »
Tout cela pourtant pourrait relever comme pour les autres
candidats de la fatigue d’une campagne, du stress et de la pression qu’elle
provoque s’il n’y avait plus grave.
Ainsi, devant des millions de Français et alors qu’il veut
récupérer certaines voix frontistes, Nicolas Sarkozy n’hésite pas à tenir des
propos caricaturaux, populistes, nauséabonds de la part d’un homme politique se
disant républicain :
« Je ne veux plus de fille excisée, plus de fille mariée de
force, plus de moutons égorgés dans les baignoires. » (J’ai une question à vous poser, TF1, 5
février 2007 à propos des gens qui ne respectent pas la loi française). On
appréciera de voir que les seuls exemples qui viennent à l’esprit de M. Sarkozy
sont ceux que l’on associe aux populations originaires d’Afrique. Il ne parle
pas des entrepreneurs véreux, des mafias, etc.
Il y a également les graves dérapages diplomatiques,
nombreux et conséquents pour l’image de
« Comment peut-on être fasciné par ces combats de types
obèses au chignon gominé ? Ce n’est pas un sport d’intellectuel, le
sumo » a
ainsi déclaré Nicolas Sarkozy en voyage en Chine, repris par Paris-Match, le 15
janvier 2004. Parler ainsi du Japon alors que l’on se trouve en Chine
simplement parce qu’on ne résiste pas au plaisir d’envoyer une pique à M.
Chirac n’est pas très sérieux.
Lors de son voyage en tant que ministre de l’Intérieur pour
la commémoration des attentats du 11 septembre 2001, il déclara le 10
septembre 2006 :
« Qu’est ce qu’on veut, que je sois un admirateur de la
société russe ? »
Moins grave sans doute, mais tout de même d’un certain
mauvais goût et reçu « fraîchement » par les autorités suisses,
Laurent Bazin nous rappelle ce propos du candidat UMP :
« C’est un livre que Cohen a écrit en 68, sur les
bords du lac de Genève. En 68... Il devait s’emmerder comme un rat. » (Billet supprimé du blog de Laurent
Bazin après l’intervention de la direction de i-Télé).
Nous connaissons le peu de sympathie que porte l’ancien
ministre de l’Intérieur à l’Afrique et à ses peuples, ainsi il n’a pas surpris
mais a confirmé son mépris pour le continent en déclarant :
« L’Afrique ne peut pas être exonérée de sa propre
responsabilité sur son échec économique. » Déclaration au Sénat, Le Figaro du 7
juin 2006.
Ou encore :
«
Ces déclarations, si elles étaient issues d’un discours
général mesuré et cohérent, pourraient trouver leur place. Mais elles prennent
place dans un discours de déculpabilisation obsessionnel du regard français sur
son histoire et d’un mépris affiché pour le codéveloppement.
Rappelons que M. Sarkozy a prétendu signer « un
accord historique » avec le Sénégal pour une aide d’un montant inférieur au coût de son
propre « sacre » en janvier 2007.
Nous connaissons aussi le simplisme de Nicolas Sarkozy quant
à la question turque. Loin de se pencher sur le respect ou non des critères
européens d’adhésion, il balaye le premier candidat à l’entrée dans l’Union
(depuis 1959) sans réfléchir aux conséquences de ses propos dans un pays
connu pour sa sensibilité lorsque l’on parle de son identité :
« Si
Enfin, Nicolas Sarkozy a su prouver son atlantisme, son peu
de sens patriotique et son esprit néoconservateur dans son discours devant
« Il n’est pas convenable de chercher à mettre ses alliés
dans l’embarras ou de donner l’impression de se réjouir de leurs
difficultés. »
Avant de compléter le réquisitoire contre l’attitude du
gouvernement dont il était membre et numéro deux jusqu’à il y a peu, lors du
déclenchement de la guerre en Irak :
« Plus jamais nous ne devons faire de nos désaccords une
crise. »
Plus récemment, M. Sarkozy a réussi pourtant à dépasser les
bornes de l’acceptable. Les médias dans leur majorité n’en ont rien vu et
pourtant, en expliquant (à deux reprises) que
Non seulement il insulte l’Allemagne, notre allié depuis soixnate
ans avec qui il faudra relancer l’Europe, qui a le courage d’affronter son
passé, mais en plus il montre son absolu mépris pour la signification de
l’Histoire et pour l’importance de celle-ci.
Il réduit l’Holocauste à un critère de sélection dans le
concours des nations qui ont le droit ou non d’oublier leurs erreurs...
On peut relever les mots utilisés :
« Ce n’est pas
Monsieur Sarkozy a véritablement
touché le fond, sans que ce soit un accident : l’idée a été énoncée à Caen
puis à Nice. Personne dans son entourage ne veut l’assumer. Valérie Pecresse
sur un chat du Nouvel Observateur
s’offusque qu’on puisse y voire un lien avec l’Allemagne. Mais alors, à quoi
sommes-nous censés penser ? Dire cela, n’est-ce pas accepter l’idée qu’il y a
une insulte derrière ces paroles ?
Comme le pense Nicolas Sarkozy,
Qu’est-ce d’autre que ce discours sinon
la déconstruction de l’un des seuls actes forts de la présidence de M. Chirac,
le discours sur Vichy ?
Le candidat UMP piétine cet apport
chiraquien et veut réécrire l’histoire.
Il prétend réécrire la collaboration, ou plutôt la gommer ; il prétend
faire de
Parce qu’au fond monsieur Sarkozy n’a rien compris. Il n’a pas compris que les
peuples qui oublient sont les peuples qui recommencent. Il n’a pas compris que
Monsieur Sarkozy qui ne semble pas avoir compris de ce que signifie l’histoire ne saurait en être fier. Comment être fier de cette espèce de « guimauve » qu’il voudrait vendre ? Comment comprendre la force des Lumières sans saisir la noirceur de l’obscurantisme ?
Dans le monde binaire de Nicolas Sarkozy, si l’on n’est pas d’accord avec lui,
alors on est contre lui. Dans ce monde binaire, il y a des pays définitivement
mauvais selon des critères qui lui sont propres et des pays qui peuvent dormir
tranquilles.
Comme dans le monde de George W. Bush, dans ce monde binaire, on est « du côté des honnêtes gens » ou du côté des voleurs. Il n’y a pas de complexité dans le monde de Nicolas Sarkozy.
Sauf pour ses amis, ceux qui non seulement ne paient pas leur ticket mais en plus volent (en détournant l’argent public) et ensuite viennent exiger qu’on se plie devant leur volonté, tels M. Balkany ou M. Juppé (le premier qui obtient de sa majorité municipale l’effacement des intérêts qu’il doit à la ville parce que la justice à reconnu sa culpabilité, le second qui revenant du Québec suite à sa condamnation obtient l’organisation très coûteuse d’une inutile municipale). Ou lui-même, qui en tant que maire de Neuilly a « oublié » de respecter la loi de la République.
Dans le monde de M. Sarkozy,
l’immigration a forcément un lien - « on
le sait » comme il dit (insupportable manière de donner acte au
plus primaire des racismes) - avec la délinquance.
Dans le monde binaire du candidat
UMP, on cumule les mandats, on n’est pas inquiété par la justice, on dit
n’importe quoi, on ment sur les affaires publiques.
Dans ce monde binaire, on affiche
son mépris sur une immense affiche, un mégalomaniaque portrait que l’on étale
dans un immeuble au cœur d’un quartier populaire où l’on se « barricade »
parce que dans ce monde-là, on a peur de son voisin.
Alors, on a le devoir de s’interroger pour savoir si Nicolas Sarkozy est un candidat
républicain. Si un ministre d’Etat qui s’attaque à plusieurs reprises à la
séparation des pouvoirs, instrumentalise la justice, fait de la loi une
auxiliaire médiatique, respecte un idéal républicain. Mme Veil réprouve désormais
ouvertement certaines de ses idées, M. de Villepin s’en éloigne autant qu’il le
peut.
On doit encore s’interroger pour
savoir si sa pratique du pouvoir est correcte alors qu’il a cumulé et mélangé pendant
des années les fonctions de président de parti majoritaire, de président de
département, de candidat à l’élection présidentielle, de ministre d’Etat numéro deux du gouvernement ; alors qu’il a censuré la presse et l’édition.
Bien entendu, on opposera à ce propos sa « diabolisation
inacceptable ». Mais personne ne pourra me démontrer que les mots cités
n’ont pas été dits, parce que le candidat UMP les a tous dits. Il en a dit plus
encore. Il a insulté des journalistes, obtenu la démission de certains et a
manipulé les interviews comme les images : on se souvient encore, dans le
RER, de Nicolas Sarkozy disant : « Vous
avez peur hein ? - réponse de la dame interrogée : Non - réponse de Nicolas Sarkozy : On va s’en occuper ! »
344 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON