Ce que vous proposez vous c’est tout simplement la loi de la jungle. Il n’y a rien de positif dans le fossé grandissant entre les très riches et tous les autres. Car les fortunes démesurées donnent à celui qui les détient une puissance excessive si elles ne sont pas encadrées par les pouvoirs publics, expression de la collectivité. Or la collectivité n’est pas tout simplement la somme des intérêts privés. Un gouvernement existe précisément pour protéger ses citoyens de la violence, physique ou financière - relisez les philosophes.
Trop de contraintes tuent l’initiative, j’en conviens, mais l’absence de contraintes c’est ouvrir la porte à tous les abus possibles et imaginables.
Il est intéressant que vous répétiez les grognements de Wall Street contre la loi Sarbanes-Oxley, empecheuse de s’enrichir en rond : en somme, on devrait se fier à la seule parole des grands managers ainsi qu’aux seuls contrôles internes. Compte tenu des récents scandals, pour paraphraser Ben Stein dans le New York Times du 8 janvier dernier, relâcher les contrôles c’est comme si on avait réduit la sécurité des bases navales après Pear Harbor.
Il y a des vérités qui ne se démodent pas, et ce qui était valable ’au siècle dernier’ l’est encore de nos jours : un sou c’est un sou, une dette c’est une dette, et faire joujou avec des taux d’intérêt au moyen de produits dérivés sans cesse plus complexes (je songe, tout récemment, aux délices du ’Yen carry trade’ et autres joyeusetés) c’est du casino et non de l’économie.
Ah oui, et j’allais finir : comme l’affirmait ce dangereux gauchiste qu’était le président Théodore Roosevelt, les très riches ne devraient pas rechigner à payer leurs impôts, car, sans la protection de l’Etat, ils ne pourraient pas dormir tranquilles ne serait-ce qu’une seule nuit.