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Commentaire de Claire M3T

sur Les formes de la justice : de Jean-Luc Delarue au Président Jacques Chirac


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Claire M3T (---.---.16.249) 7 avril 2007 19:42

Le 3/4/07, les juges de Nanterre ont condamné lourdement pour insulte l’auteur de l’article « Burgaud, un cadre obéissant » et son journal « Libération ».

Or le silence qui pèse sur cette décision (même dans les médias) est pour moi très inquiétant !

Car qu’est-ce qui est le plus insultant ? L’article extrêmement nécessaire en ces temps difficiles, d’Emmanuel Poncet, qui a osé réfléchir au mode de fabrication de nos élites préformatées... ? Ou bien la vanité de cette justice, qui, n’hésitant à multiler notre capacité à réfléchir collectivement, alors même qu"elle était juge et partie, a utilisé ses pouvoirs conférés par La République sans recul, sans sérénité possible, pour protéger, réparer un des leurs, qui, paraît-il, aurait pleuré à la lecture de cet article ?

Parce ce que si le juge ne voulait pas être sujet de comparaison, il avait tout loisir d’accepter le huis clôt qui lui avait été proposé par les parlementaires. Ce jour-là, il aurait pu porter autre chose qu’un costume gris, ne pas être entouré de deux avocats, finir ses phrases... Il aurait pu aussi présenter quelques remords ou excuses... Puisqu’en tout état de cause, il ne pouvait pas nier que c’est à cause de son activité, de son travail de son raisonnement (même s’il pensait n’avoir commis aucune faute), que des dizaines de gens innocents ont souffert et qu’un d’entre eux en est mort.

Quand tous les innocentés d’Outreau le tenaient pour principal responsable, pourquoi ne pas faire preuve de compréhension ? Pourquoi ne s’est-il pas remis en question quand on l’a interpellé sur son inhumanité, posant la question générale de ce ressentit ? Pourquoi camper sur ses certitudes, ne pas reconnaître sa vulnérabilité face à des menteurs ou des manipulatrices et donc celle récurrente du système ?

Cette attitude ne voulait dire qu’une chose : selon lui, tout avait été parfait, Rien ne devait changer ! Il méritait donc de se faire comparer à ceux qui raisonnent de la même façon que lui !

En tout cas, il n’a pas à empêcher la société de réfléchir à partir de son cas ; de se poser la question cruciale, monstrueuse, que les générations précédentes (choquées) ont oublié d’élucider : comment tout un peuple, toute une administration... a pu ainsi exterminer des millions de gens ?

Dans l’article d’Emmanuel Poncet le juge Burgaud n’est qu’une figure, une allégorie (ce n’est plus le Juge Burgaud en tant que tel). Cette réthorique est nécessaire pour expliquer enfin nos modes d’organisation devenus mortifères, ne serait-ce que pour anticiper les conséquences d’un tel embrigadement de nos fonctionnaires.

Cette formalisation de l’indicible est le seul espoir de voir un jour une prise de conscience collective, avant de voir un courageux changement de mentalité chez les élites de notre pays.

Pourquoi les magistrats eux-mêmes ne commenceraient pas la révolution ? Le juge Burgaud aurait pu être le début d’une grande chose... s’il n’était pas aussi petit (ce qui a posteriori montre qu’il méritait la comparaison )

Or Monsieur Burgaud préfère faire l’outragé ! Et ses collègues (« collaborateurs » potentiels) le dédommagent outrageusement ! Comme si la petite personne des juges importait plus que l’enjeu que représente le dysfonctionnement chronique de notre pouvoir judiciaire, voire plus généralement de l’incurie de plus en plus préoccupante de nos élites d’où qu’elles exercent ?


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