Article intéressant qui soulève une question qui me pose de plus en
plus problème : la gestion des commentaires sur Agoravox.
Comme vous le savez, j’attache beaucoup d’importance aux commentaires
pour équilibrer, enrichir, valider ou invalider un article. Comme nous
le disons dans la page de présentation
d’AgoraVox :
"AgoraVox prône un processus d’intelligence collective pour fiabiliser
les informations mises en ligne. Ce processus se base sur les
commentaires des lecteurs. Dés qu’un article est publié, tout lecteur
peut intervenir librement pour le commenter, le critiquer, le
compléter, l’enrichir ou le dénoncer. L’auteur et la rédaction peuvent
interagir ainsi avec les lecteurs afin de compléter et améliorer
l’article. Comme le dit le journaliste bloggeur Dan Gillmor : mes
lecteurs sont souvent mieux informés que moi".
Cela étant dit, comme le précise bien cet article de Faxtronic, force
est de constater que de plus en plus nos articles sont « pollués » par
des commentaires sans intérêt, inutilement agressifs et souvent
anonymes. Du coup, certains auteurs se sentent blessés ou vexés et
décident d’arrêter leur collaboration avec AgoraVox. Comment les
blâmer ? Qui aime se faire insulter par un anonyme haineux ? Les
lecteurs aussi sont souvent perdus dans un flot de messages qui va
dans tous les sens. Bref, personne n’est gagnant.
Je remercie tous ceux qui nous signalent des abus via le formulaire
approprié. Nous les examinons systématiquement. C’est très utile et je
vous encourage vraiment à signaler des abus mais hélas c’est
insuffisant. Nous avons aussi une personne chez nous qui essaye
d’identifier des abus non signalés mais avec plusieurs centaines de
commentaires par jour, il s’agit d’un travail titanesque.
A ce stade, j’ai pensé à trois solutions pas forcément antinomiques et
j’aimerais avoir votre avis :
1- Obliger les commentateurs à s’inscrire en se créant un compte. Ceci
implique de fournir un nom et un mail afin de recevoir le mot de passe
par courrier électronique que vous devrez utiliser avant de poster un
commentaire. C’est le même procédé que pour être rédacteur. C’est
certes un peu long et fastidieux mais au moins ça diminuera les
commentaires trop « impulsifs ». Ca n’empêchera pas bien évidemment un
troll de se créer son compte mais on aura moins de commentaires qui
vont dans tous les sens. Très facile à mettre en oeuvre et aussi très
efficace contre les spams automatiques.
2- On a aussi développé un petit script qui permet au lecteur de voter
chaque commentaire qu’il lit (à la Digg ou Wikio). Ensuite, les
commentaires les plus appréciés sont remontés et dupliqués dans une
sorte d’encadré qui est placé entre l’article et la masse globale des
commentaires. Au début, j’étais assez partant pour cette idée de voter
les commentaires et de faire remonter les meilleurs. Mais ensuite j’ai
constaté que seulement une minorité des lecteurs d’AgoraVox vote
chaque article (intéressant/pas intéressant). En moyenne, entre 10% et
20% des lecteurs votent un article qu’ils lisent. Je me dis donc que
les commentaires seraient encore moins votés. Donc je crains que ça ne
marche pas.
3- La troisième idée serait de mettre en avant, au sein de chaque
article, un lien vers une charte éthique qui rappelle ce qu’on peut
faire ou pas faire dans l’espace de discussion. C’est la célèbre
Nethiquette. D’ailleurs, les « Humains Associés » ont lancé une charte de « néthique » pour les
blogs qui est très bien et qu’on pourrait rappeler quelque part au
sein de nos articles.
En conclusion, aucune mesure n’est parfaite et infaillible. A ce
stade, je pense néanmoins que le status quo est le pire choix.
J’espère qu’on va arriver à trouver une solution intelligente pour ne
pas être obligé de suivre l’exemple de Boing Boing, reporté par Loïc
Le Meur sur son blog : "Cory Doctorow m’a expliqué pourquoi il n’y a
pas de commentaires sur Boing Boing, un des plus gros blogs dans le
monde. Je commence à comprendre. Il m’a dit "au delà d’une certaine
audience, c’est ingérable, tu as toujours un nombre important de
personnes qui déforment tes propos ou s’en prennent à toi pour
n’importe quoi, j’en ai eu marre et j’ai fermé les commentaires, ils
peuvent commenter sur leurs blogs puis envoyer des trackbacks".