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Commentaire de Lucien-Samir Arezki Oulahbib

sur L'alliance des totalitarismes reste impensée en France et chez les démocrates américains


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Lucien-Samir Arezki Oulahbib Lucien-Samir Arezki Oulahbib 9 juillet 2006 07:45

Les Arabes étaient 100 000 à peu près selon Gabriel Camps alors qu’il y avait plusieurs millions de Berbères et Juifs, l’anthropobiologie qui étudie l’origine des anticorps a montré grâce à un laboratoire catalan qu’il y avait seulement 3% de descendants arabes dans toute l’Afrique du Nord, Egypte comprise...

L’arabe est donc une langue d’occupation, encore plus que le français, parce que cette dernière langue était parlé dans l’Ile de France et elle se nommait le françois puis elle s’est étendue et en effet généralisée en tuant toutes les autres langues qui sont néanmoins à nouveau enseignées...

Il n’y avait donc pas une région en Afrique du Nord qui parlait arabe et qui ensuite s’est étendue ; il y a eu une invasion, puis lorsque les berbères arabisés ont reflués d’Espagne ils ont importé ce parler populaire qui mélange diverses angues ; mais cela n’avait rien à voir avec l’arabe littéraire qui a été imposé par les idéologues arabo-islamistes dont vous êtes la descendante.

lorsque Ben Bella est parti parler le dit arabe en Egypte, personne n’a rien compris (voir sur ce point Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN, Fayard), il est revenu quelques années plus tard en parlant un arabe littéraire qu’aucun égyptien présent n’a apprécié également parce que nous dit Meynier, cet arabe là est celui des livres pas du quotidien qui intègre nombre de mots d’autres langues. En Algérie sur 5 mots prononcés un mot vient de l’arabe coranique,deux autres des différents parlers berbères, un autre d’un parler andalou, maltais, espagnol, un dernier enfin du français...

Les parlers berbères cherchent à s’unifier en une langue unique, oui, et cela prendra du temps, mais d’autres langues ont fait de même... L’Inde a 19 langues officielles.

Quant à la présence de racines latines dans le berbère, voire qui ont persisté en lui alors qu’elles avaient disparu dans les autres langues romanes, j’en veux pour preuve les propos de ce linguiste italien :

Le origini delle lingue neolatine (1949)

Per Carlo Tagliavini, professore ordinario di glottologia nell’univesità di Padova

casa editrice prof. Riccardo Pàtron, Bologna, 1969, quinta edizione (PH 492, Paris III).

p. 175-178 :

§ 34. Les éléments latins dans les dialectes berbères.Même pour la langue romane perdue notre exposé qui sera nécessairement très rapide, pourra procéder de l’occident vers l’orient

Nous commencerons en premier lieu par l’Afrique romaine, en comprenant l’Afrique proconsulaire, la Maurétanie césarienne, et la Numidie c’est-à-dire l’Afrique septentrionale d’aujourd’hui, du Maroc jusqu’à la Libye. On peut dire que de l’Atlantique jusqu’à la Leptis Magna, la bande côtière qui s’étendait plus ou moins profondément vers l’intérieur avec un limes protecteur, était presque complètement romanisée. Les très nombreuses villes d’origine phénicienne et carthaginoise fleurirent sous l’égide des Romains, et le Christianisme s’y diffusa rapidement : au 5ème siècle après JC, il n’y avait pas moins de 600 sièges épiscopaux en Afrique.

Naturellement là aussi la romanisation n’était pas également répartie ; elle fut plus intense, comme il est naturelle, dans les régions les plus proches territorialement de l’Italie, c’est-à-dire dans les régions proconsulaires et aussi près de Carthage, d’où cela irradiait en perdant de l’intensité vers la Numidie et la Mauritanie Vers l’Orient, dans la Cyrénaïque commençait le territoire où prévalait le Grec.Dans la période impériale, florissait la culture latine en Afrique et beaucoup sont les écrivains africains que comptaient la littérature romaine. Apulée et St Augustin louent Carthage comme centre culturel. La profondeur de la romanisation apparaît même à travers le nombre très élevé des inscriptions latines. Le Punique, dialecte phénicien (langue sémitique très proche de l’hébreu) était parlé à Carthage et dans ses anciens territoires ; il résista longtemps et puis s’éteignit. Nous en savons trop peu sur le Punique pour évaluer jusqu’à quel point il aurait pu être influencé par le Latin. Mais sur la côté septentrionale de l’Afrique il y avait une population indigène, semi-urbaine, qui résista à l’assimilation romaine, comme plus tard à l’assimilation arabe. Il s’agit d’une population que les Anciens appelèrent libyque appartenant à l’idiome chamitique ; cette population est la souche des actuels Berbères dont les dialectes répandus le long de l’Afrique du Nord en groupes discontinus s’étendent de la côte Atlantique (et autrefois dans les îles Canaries) jusqu’aux oasis de Siwäh en Égypte. C’est justement en examinant les mots latins qui ont pénétré dans les dialectes berbères et encore conservés aujourd’hui (ces dialectes manquent de textes anciens) que nous pouvons nous faire une idée du caractère de la latinité de l’Afrique qui intègre et complète celle qui a été fournie par les inscriptions. C’est le mérite de Hugo Schuchardt d’avoir commencé l’étude des éléments latins dans le berbère par le mémoire Die romanischen Lehnwörter im Berberischen, publié en 1918.

Les éléments latins dans le Berbère présentent des caractères d’une grande archaïsation phonétique (éléments du latin archaïque), clairement visible malgré une adaptation à un système phonologique différent. Nous noterons la conservation du i bref et du u bref latin qui dans la majeure partie du territoire roman sont devenus e bref et o bref.

siliqua (cosse, légume) = isliyua, asliuya ; pirus (poirier) = tifirest : cicer ( pois chiche) : akiker, ikiker, furca (fourchette)= afurk, tfûrket ; ulmus (orme, ormeau ) : ulmu, tulmuts

Même la diphtongue ae s’est conservée dans certaines formes ; comme taida, vaida : taeda (pin), aesculus ( chêne ) : iskir, tiskirt ;

on remarque aussi la conservation du son vélaire c (ka) et g (gue) ((che) et (ge) en italien) ; devant les palatales (e et i ) : cimex (punaise) : tqumsist ; (morus) celsa : ( sycomore, érable, faux platane ) tkilsit ; cera (cire) : takir ; cicer (pois chiche) : ikiker ; akiker ; ager (champ) : iger, igr...

Le berbère transforme de termes latins qui n’ont pas eu d’avenir dans d’autres langues romanes, par exemple le latin (porrigo = forfora -ital= pellicule de cheveux) paraît inconnu dans tous les territoires romans. Seule dans la langue Mozarabique on trouve forrin. Mais le berbère conserve la forme latine, afuri, furi, tafurat, tfuri, dans le sens d’herpès.

(. m. XVIIe siècle, muzarabe. Emprunté, par l’intermédiaire de l’espagnol mozarabe, de l’arabe musta’rib, « arabisé ».Nom donné aux chrétiens d’Espagne soumis à la domination des Arabes, entre le VIIIe et le XVe siècle. Le mozarabe, dialecte qui fut parlé dans plusieurs provinces d’Espagne durant la domination arabe. Adjt. Relatif aux mozarabes ou à leur pratique religieuse. Art, civilisation mozarabe. Par ext. Rite, liturgie mozarabe, qui était en vigueur dans l’ensemble de l’Espagne avant même la conquête musulmane, et auquel fut substitué au XIe siècle le rite romain. (On dit aussi Mozarabique.)

L’accord avec le mozarabique n’est pas indifférent parce que comme c’était déjà le cas dans l’Antiquité, la latinité de l’Afrique présentait des points de contact avec la latinité de l’Espagne ; aussi, plus tard, de l’Afrique à l’Espagne on a remarqué un mouvement migratoire continu qui a favorisé l’extension d’isolexisme et d’innovation d’origine africaine dans la péninsule ibérique. Pour nous rendre compte de l’importance quantitative de l’élément latin dans le berbère nous reportons ici un tableau synthétique de Victorio Bertoldi (1888-1953) :

« Les dialectes berbères avec leurs nombreux latinismes attestent des traces de la civilisation laissée par la colonisation romaine sur le sol de l’Afrique méditerranéenne. En effet, le lexique berbère des régions côtières conservent encore de nombreuses traces de la terminologie agricole latine ; qu’on pense à des noms de plantes alimentaire comme cicer (chiche) lens (lentille), siliqua (fenugrec : fortifiant, anti-inflammatoire, anti-cancérigène pour la muqueuse utérine), centenum (seigle), qui correspond aux noms berbères suivants : ikîker, tilintit, tasliuga, tasentit »

Ou bien à des noms d’animaux domestiques comme : capra, berbex, porcus, qui correspond au berbère ikharba (la chèvre), aberkus (agneau), aberkul (sanglier). Mais que l’on pense à la survivance berbère de termes latins indiquant les outils ruraux comme aratrum (charrue), temonem (timon), cicilis (faucille ) iugum (joug) et subiugum (collier), qui correspondant au berbère : arirâo, atmun, uskir, tayuga, asbuyo).

En plus les populations berbères des côtes nomment le jardin potager « un terrain près de la maison cultivé en céréales » , certaines parties de la maison, la porte, le seuil, les escaliers, avec certains termes qui sont liés aux mots latin : hortus, tabula, porta, liminare, scala ; et si l’on tient compte enfin de certains latinismes dans la terminologie berbère des arts et métiers, on peut se faire une idée du renouveau de l’agriculture et de la technique libyque due aux colons romains : (talima, tisubla, tafrut en lien avec le latin : lima (lime), subula (alêne), ferrum ( fer ) ). "

On le voit, la présence du latin légitime le fait de parler aussi français puisque celui-ci en dérive...

En fait, certains rêvent d’une arabité perdue, pure et belle, qui n’existe que dans le fantasme, car même les berbéro-andaloux lorsqu’ils ont été chassé par les Castillans n’ont pas été se réfugier à Damas, à Bagdad, en « Arabie », mais en Afrique du Nord, leur contrée ; ils s’avèrent qu’ils parlaient une langue bigarrée que les colonisateurs turcs et français ont improprement appelé « arabe », au lieu de l’appeler l’un des parlé algériens pourquoi pas ?

La Berbérie fait partie de l’Occident, pas de l’Orient, même les saoudiens le savent, pourquoi des berbères, même arabophones, s’acharnent à dire le contraire ? C’est un des mystères de ce peuple, de son auto-étouffement, car il préfère servir des maîtres extérieurs plutôt que de voguer selon sa propre destinée qui implique aujourd’hui le fait de parler plusieurs langues dont le français, bien plus légitime que cet arabe imposé...par l’Administration française en 1945 !... Un autochtone était en effet déclaré d’office « musulman » et devant apprendre l’arabe, sauf s’il faisait une démarche volontaire pour signifier le contraire...

Il faut se méfier de ces Berbères arabisés que même les Arabes repoussent (voir sur ce point André Julien dans son Histoire de l’Afrique du Nord, Payot) tant ils ne comprennent pas comment peut-on se renier à ce point...

Cette haine de soi est en effet incompréhensible, sauf d’un point de vue anthropologique évidemment : en niant qu’il existait une histoire numide, gétule, Tamazight en résumé, avant l’invasion arabe, on ne retrouve plus que l’Orient pour se construire une identité.

Il faut comprendre pourquoi Amazigh a périclité : par la suite de l’impossibilité de s’unifier à nouveau, de dépasser le stade tribal, tandis que les urbains s’enfuyaient massivement en Italie, (lire sur ce point François Decret).

A suivre...


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