J’avais fini par me représenter les Bleus, cette fraternité d’hommes aux origines et aux physiques si dissemblables, un peu comme la « Communauté de l’Anneau » (ici le ballon rond) soudée autour d’un Zidane qui me faisait irrésistiblement penser à un Aragorn (le vrai, et non la version mièvre que nous donne le cinéma).Avec, en plus, l’émotion de voir revenir ces vétérans, comme les mousquetaires de Dumas non pas vingt, mais huit ans après. Cette mission au départ sans grand espoir, le triomphe devenu envisageable, et la défaite à l’arraché. Avec, de plus, la question lancinante : est-ce que la présence de Zizou aurait fait la différence dans les ving dernières minutes ? Et que penser du geste de Zidane ? Il y a du tragique dans cette perte de self-control, confirmant l’interprétation du critique Northrop Frye, qui constate que les héros solitaires trébuchent à la fin, sous l’effet de la « hamartia », une faille qui met à mal,au moment le plus inattendu, et réduit à néant leurs efforts.
Bon, je m’arrête là, espérant avoir démontré que foot et littérature font bon ménage.