Le problème du droit européen, c’est que dans une large partie des cas, il n’a pas d’assise démocratique. Les représentants des démocraties ont bati ce droit européen sans jamais demander réellement aux populations leur avis. Les rares fois où cela s’est passé, il n’y avait pas qu’une seule réponse attendue, l’approbation, même si les urnes ont donné un autre résultat. On peut discuter de l’assise démocratique des élus en France, néanmoins, on sait comment ils sont élus, on sait quel pouvoir on leur donne. Tout ceci est très différent du fonctionnement des institutions européennes (EUCD, brevets logiciels, interdictions des fromages à moisissures, autorisation d’appeler chocolat ce qui n’est qu’ersatz, élargissement de l’Europe des 12 aux pays de l’Est qui n’ont aucun rapport de situation économique et de couverture sociale, etc... beaucoup de décisions furent prises sans que l’on sache réellement ce qu’en pense le démos).
Vous dites comme si c’était une évidence que le droit de vote aux étrangers sera accordé, que ce sera une recommandation européenne. Ce serait un changement radical dans la constitution de la France puisque nous quitterions la démocratie : le cratos ne serait plus strictement entre les mains du démos, du peuple, peuple qu’on ne saurait définir autrement que par la citoyenneté dans une organisation civique. J’ose espérer que pareille idée dévalorisant la citoyenneté n’arrivera pas. Votre « principe de non-discrimination nationale » constituerait une révolution en France, puisque la République est fondée sur la Nation, et donc sur la discrimination nationale.
Lorsque vous parlez de peur des enfants noirs, vous faites de procès d’intentions. La gauche au pouvoir comme la droite a estimé que la France ne pouvait pas accueillir tous ceux désirant émigrer en France. L’Espagne à régularisé massivement l’an dernier et vient de demander aux autres pays européens de l’aider cette année à lutter contre l’immigration illégale. Soupçonnez-vous Aznar de subitement être devenu xénophobe ? Pour l’instant, il y a consensus à gauche comme à droite pour conserver à la France le droit de réguler les flux migratoires - la gauche lorsqu’elle était au pouvoir n’a aucunement mis en discussion ce point. Or, mettre en place un passe droit lié aux enfants ferait de ces enfants un enjeu, un prétexte parfois, ceci étant de nature à aggraver la situation (une incitation pour des miséreux désirant émigrer, croyant que la France peut les aider, à procréer, alors qu’ils subviennent difficilement à leurs besoins).
Aussi, lisez la loi, il n’y est pas question d’expulser des individus nés en France ayant passé toute leur jeunesse en France.
Dans tout ceci, ce qu’on peut conclure, c’est que diverses positions politiques s’affrontent. Mais aucune, décidement, ne peut se présenter comme moralement supérieure en regard des Droits de l’homme. Et cela rend absolument illégitime toute action de désobeissance à la loi.
Vous n’avez pas répondu à ma question ; si aujourd’hui vous dites qu’on peut désobéir à la Loi, si la Loi change dans le sens qui vous convient, que direz-vous, que ferez-vous, lorsque d’autres bafoueront votre loi ?