Même si André Breton affirmait que l’acte surréaliste le plus simple consistait « à descendre dans la rue et à tirer, au hasard, tant qu’on peut, dans la foule », les fauteurs de guerres et marchands d’armes sont rarement considérés comme des artistes.
Mais ils savent utiliser la culture pour emballer leur quincaillerie.
- Prenez les visiteurs et exposants du salon de l’armement Eurosatory :
le 15 juin 2004, le musée du LOUVRE leur ouvrait ses portes pour une soirée de bon goût sous la Pyramide, avec visite guidée et petits fours. Leur détente aura été à peine perturbée par les cris - « bourgeoisie criminelle ! » - des manifestants réunis à l’appel du CRAM [1].
(Même temps, même action mais autre lieu : en Turquie, le ministère de la Culture a tenu à accueillir dignement les membres de l’OTAN rassemblés à Istanbul, en organisant une exposition de mosaïques découvertes dans la vallée de l’Euphrate et conservées au musée de Gaziantep. En catastrophe, on a prévu d’emballer les précieuses pièces à la va-vite et de les transporter en urgence chez les galonnés. Hélas ! Craignant des détériorations, des archéologues ont porté l’affaire devant le tribunal administratif local, qui a stoppé net la procédure. Après quelques tentatives pour passer outre, le ministre de la Culture a annulé l’expo, « à cause du retard pris dans les préparatifs ». Mais trop tard, les panneaux étaient déjà emballés. Selon le directeur du musée de Gaziantep « les mosaïques ont beaucoup souffert et de nombreux éléments se sont détachés ». Encore un dommage collatéral...)
Publié dans CQFD n°14, juillet 2004.
[1] Collectif Résistance à la Militarisation BP 196 75624 Paris Cedex 13