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Commentaire de dumoulin

sur Le dernier scandale « eugénique » de Sarkozy


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dumoulin (---.---.147.151) 11 avril 2007 20:18

Il y a bien peu à dire sur les propos d’Onfray et de Sarkozy, qui, finalement, ne représentent qu’eux-mêmes, mais beaucoup plus sur l’article d’Axel Kahn paru dans Marianne et disponible sur le lien suivant : http://recherche-en-danger.api...

L’article d’Axel Kahn a le mérite de représenter parfaitement le point de vue et les méthodes des « nouveaux marxistes-léninistes ».

Petit rappel historique :

L’idée d’une variabilité génétique est intolérable pour les marxistes-léninistes, car celle-ci engendre des inégalités qui, dans leur dogme, doivent nécessairement être entièrement liées à l’oppression de la classe dominante. En URSS, les généticiens sont envoyés dans des camps tandis que Lyssenko, l’Axel Kahn de l’époque, est couvert d’honneur par le régime officiel. « Apport scientifique nul, paralysie de la biologie et de l’agronomie soviétique pendant près de trente ans, mise à l’écart et assassinats de savants mondialement réputés. » (Joël et Dan Kotek, L’Affaire Lyssenko.)

Dans les autres pays, les communistes, sutout en France pratiquent le terrorisme intellectuel. Le PCF s’en prend au « trotskyste » Jacques Monod. Pour les communistes, la théorie de Mendel est raciste et la génétique mène au nazisme. On retrouve ici les accusations dont fait les frais Sarkozy.

Pendant ce temps-là, dans les pays « capitalistes », s’impose le modèle dit néo-darwinien, expliquant l’évolution à partir de la variabilité génétique. Ce modèle (contrairement à ce qui est suggeré dans l’article d’Axel Kahn) n’est aucunement à l’origine des politiques eugénistes, que ce soit en théorie (c’est l’évolution, et non l’homme qui va déterminer si un gène est « bon » ou « mauvais ») ou en pratique (les politiques eugénistes ont été menée par des pays dirigistes sur des bases théoriques qui n’avaient rien à voir avec le néo-darwinisme.

Le marxisme-léninisme biologique étant tombé en ruine, les nouveaux marxistes-léninistes utilisent une nouvelle stratégie pour exister.

1)Adhérer « stratégiquement » au modèle d’interaction gène-milieu, le seul admissible scientifiquement hélas, mais seulement pour en prendre ce qui les intéresse, le milieu ( Attention ! par milieu, pour eux, il faut entendre exclusivement l’oppression de la classe dominante, et non pas les infections, accidents, incidents , etc... qui vont générer une variabilité illégitime du point de vue marxiste-léniniste, et qui, quand bien même elle surviendrait dans leur système idéal, devrait être prise en charge par le système pour arriver à la sacro-sainte égalité).

2)Montrer du doigt comme eugénistes tous ceux qui osent parler d’un déterminisme génétique (je précise ici pour les non-biologistes qu’un caractère est à la fois 100% dépendant des gènes et 100% dépendant de l’environnement - sans gènes, pas d’individu, sans environnement non plus).

3)Utiliser les méthodes habituelles de désinformation en utilisant des amalgames . Dans le texte d’Axel Kahn, ils sont nombreux : amalgame néo-darwinisme et capitalisme ; amalgame détermination génétique et eugénisme puis amalgame eugénisme et racisme qui fait coup double puisqu’il induit d’emblée l’amalgame encore plus pernicieux eugénisme-nazisme ; amalgame avec la médicalisation des troubles du comportement de l’enfant (qui n’a rien à voir avec la genetique) ; amalgame entre l’eugénisme supposé et la sympathie de Sarkozy pour le monde anglo-saxon (en oubliant que ces pays ont libéré l’Europe du nazisme).

L’ensemble du texte n’a rien à envier à la propagande du PCF des annees 50.

Lorsque Alain Finkielkraut dénonçait, avec maladresse, l’anti-racisme comme le totalitarisme de demain, il faisait preuve de peu de clairvoyance. Cet anti-racisme-là n’a rien à voir celui de Mandela ou de Luther King, celui de la lutte pour l’égalité des droits. Si Finkielkraut a bien senti le danger quand il a reconnu une bête immonde, il ne l’a pas bien identifiée : il s’agit en fait du marxisme-léninisme dans ses nouveaux habits. Ce manque de clairvoyance l’a conduit là où ses adversaires voulaient le conduire : dans le camp des reactionnaires. S’il avait fait le distinguo, il aurait compris qu’en réalité les nouveaux marxistes-léninistes n’ont rien à faire de l’égalité des droits, de la discrimination positive etc.... Ce qu’ils veulent, c’est imposer leur modèle idéologique.

Le parcours d’Axel Kahn est exemplaire :

Il milite au PC dans sa jeunesse du côté des staliniens et y adhère jusqu’en 1977 (à l’âge de 33 ans, on ne peut plus parler d’erreur de jeunesse), alors que ce parti avait déjà été déserté depuis belle lurette par la plupart de ses intellectuels après les évènements de Hongrie, de Tchécoslovaquie, du Cambodge, et j’en passe. Puis, il se fraye un passage dans le système en adhérant au PS juste après l’élection de Miterrand, et grâce à des soutiens dans le monde des médias. Mais il n’a jamais laissé tomber la lutte. Il se revêt de nouveaux habits d’ « humaniste » (une allusion au journal « L’Humanité », dont il est un des soutiens ?). Il porte le fer sur tous les sujets, en se proclamant généticien. Pour soutenir l’intérêt de la génétique ? Pas du tout : pour dénoncer des apprentis sorciers et des eugénistes imaginaires qui voudraient établir une domination de l’homme par l’homme. La thérapie génique, oui, si elle égalise, la maîtrise de l’humain par le Grand Capital, non. Axel Kahn fait partie en fait des nouveaux marxistes-léninistes.

Qui sont les nouveaux marxiste-léninistes ?

Quand les trostkystes ont compris qu’ils n’avaient aucune chance de changer la société par la révolution ou par les élections, ils ont pratiqué l’entrisme dans les autres formations politiques. On retrouve exactement le même scénario chez les anciens communistes. Alors que l’influence du PCF est pratiquement réduite à zéro électoralement, nombre de journalistes et universitaires continuent à propager ses idées. Ainsi, Axel Kahn est loin d’être isolé, mais membre d’une coterie d’anciens communistes prêts à se soutenir mutuellement et à lancer des pétitions quand l’un d’entre eux est menacé par le pouvoir ou la justice (au service, comme chacun sait, du Grand Capital). On retrouve chez eux non seulement l’idéologie marxiste (relativement fréquente en France) mais aussi le modus operandi des marxistes-léninistes.

signe GORBY


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