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Commentaire de Alexandre Santos

sur Le salut de l'Afrique ? L'Afrique !


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Alexandre Santos (---.---.183.51) 10 janvier 2006 14:21

Le problème de l’Afrique n’est pas la nature des africains, mais la structure politique et démographique du continent, sans compter le niveau d’éducation.

Le niveau d’éducation général est trop bas, ce qui place les populations à la merci de politiciens/militaires incompétents et corrompus (absence de société civile réactive).

Avec une telle désorganisation et fractionnement politique, il est impossible de créer des plans de dévelopment d’infrastructure et économique sur une longue période de temps. Tous les grands projets sont minés par la corruption et l’instabilité politique.

Sans infrastructure, tous les transports deviennent très chers, inviabilisant de nombreux débouchés économiques.

De plus la plupart des états africains sont très peu peuplés, et sont donc incapables d’entretenir un marché intérieur capable de soutenir leur économie.

Ceci est doublement pernicieux car non seulement les entreprises locales ont difficile à trouver des débouchés locaux, ce qui les rend dépendantes de marchés étrangers qui leur sont le plus souvent bouchés (e.g. tarifs douaniers de l’UE), mais de plus le manque de production locale les oblige à importer de nombreux produits de l’étranger au prix fort, réduisant leur compétitivité.

La grande force de l’Inde et de la Chine vient du fait qu’ils peuvent puiser des produits et compétences locales, et donc au tarif local, ce qui leur permet de vendre moins cher sur les marchés mondiaux.

À cause du manque de main d’oeuvre, du faible niveau d’éducation, de l’absence d’infrastructures et de l’instabilité politique, il est très difficile de faire des investissements étrangers en Afrique sur autre chose que les mines et le cacao.

Sans compter qu’avec le manque de perspectives, les individus les plus entreprenants ou éduqués s’éxilent du pays. Par contre il est vrai qu’un fois à l’extérieurs ils sont source de devises et des candidats potentiels à un investissement étranger.

Je pense que le salut de l’afrique viendra de la prise d’autonomie des individus et groupes de base, et de l’entrée de ceux-ci dans l’économie globale grâce à un saut téchnologique.

Étand donné qu’une partie de l’économie mondiale s’est dématérialisée, il est possible, moyennant une infrastructure de télécomunications acceptable, de se créer des niches dans les marchés mondiaux, qui n’exigent pas de transfert de marchandises ou de personnel.

Il suffit de suivre la voie tracée par l’Inde. Commencer par des services du type « centres d’appel » pour aller vers des services plus complexes et économiquement plus avantageux. Dans ce cas le fait d’avoir un passé colonial pourrait être un avantage pour proposer des services dans les marchés les plus intéressants au niveau mondial (dans ce cas ci les anglophones ont peut être plus de chance que les francophones, mais d’un autre côté les francophones évitent la concurrence des Indiens. Les lusophones par ailleurs peuvent toujours se tourner vers le Brésil, mais ce n’est pas l’Eldorado).

Je n’ai aucun espoir dans les institutions politiques. La solution doit venir d’une prise en main individuelle ou par petites communautés, un peu à la façon des structures du mouvement des logiciels libres. Tout cela va demander un important effort d’éducation, c’est pourquoi je pense qu’il faut envisager le rétablissement de l’Afrique en termes de décennies, plutôt que d’années.

Il n’y aura pas de miracle économique à l’asiatique en Afrique, les prérequis structuraux n’étant pas là (démographie importante, grands marchés intérieurs).

En ce qui concerne l’aide au dévelopment, il faut arrêter le baratin sur la culpabilité. La Norvège est très active dans l’aide au dévelopment et n’a aucune « faute » à réparer.

On aide les autres parce qu’ils ont besoin d’aide, pas parce qu’on les a colonisés. Si on utilise l’aide comme outil de manipulation politique, c’est autre chose.

Il ne faut pas aider moins l’Afrique, il faut l’aider mieux.

Chaque donnateur (privé ou étatique) devrait se concentrer sur des aides susceptibles d’accelerer l’éducation et la prise d’autonomie des africains et africaines, plutôt que de leur réfiler les restes de la production céréalière européenne ou des médicaments frélatés (référence au dernier roman de John LeCarré), ou encore lier les fonds d’aide à l’achat de technologies étrangères qui transforment l’aide en une opération de lavage financier de fonds.

Mais une chose est sûre, le salut des africains viendra d’eux mêmes, et pas de l’aide. Celle-ci facilitera peut-être (ou peut-être pas !) les choses, mais ne sera jamais la solution.


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