Eh bien à mon avis, dans une économie marchande libérale, le pouvoir vient de la richesse elle-même, sans besoin d’acheter des politiques. Quelque soit le système, avec beaucoup d’argent on fait ce qu’on veut, et on trouve le moyen d’opprimer ou exploiter ceux qui n’en ont pas.
Tant que chacun fait son petit business « dans son coin » tout va pour le mieux. Puis certains réussissent, rachètent les autres, atteignent une masse critique, et à la fin on a deux ou trois grosses entreprises par secteur. A ce moment, les propriétaires de ces entreprises détiennent de fait le pouvoir de décision sur leur secteur de l’économie et sur la vie de leurs employés. Ces derniers sont libres en théorie, mais en pratique ont le choix entre abdiquer leur liberté au profit d’un employeur qui voudra d’eux - ça s’appelle le salariat, ou crever de faim.
C’est ce qui me laisse penser que le libéralisme, comme le communisme d’ailleurs, et réalise le contraire de ce qu’il promet : pratiquement personne n’est réellement libre. Comme l’idée de maximiser les libertés, d’en appeler à la responsabilité individuelle plutôt que monter un gros état central monolithique me paraît séduisante, je m’interroge sur les moyens qui existeraient dans un système libéral pour éviter le déclenchement de ce mécanisme morbide de concentration des richesses et donc du pouvoir. J’ai du mal à croire que cela puisse se faire naturellement par l’action d’une quelconque « main invisible ». Les théories de la « main invisible » supposent un nombre conséquent d’agents, et en pratique le nombre d’agents a tendance à se réduire dramatiquement. Voir le transport aérien, les télécoms, l’agro-alimentaire etc. etc.