Une analyse des candidats dit unitaires. Bové ? Buffet ? Besancenot ? ...
Une analyse qui va tenter d’être critique sur quelques formules de candidats possibles pour l’Alternative Unitaire, nom actuel du rassemblement de la gauche anti-libérale écologique et démocratique.
Je propose l’analyse de deux formules de candidatures :
- les 3B en avant avec l’un des B candidat.
- les 3B en avant avec une autre personne candidate.
- et enfin je dirai qui m’apparaît comme le meilleur candidat pour l’Alternative unitaire (AU), dans le cadre de la 2e hypothèse.

Les 3B en avant, et un des B candidat
Beaucoup appellent cette formule, car ces trois leaders représentent plutôt bien la diversité qui caractérise notre mouvement : anti-libéral (donc anti-capitaliste), écologiste, féministe, démocratique et altermondialiste.
Mais légalement il faut un seul nom sur le bulletin, même si cette situation est antidémocratique et qu’une victoire de la gauche antilibérale signifierait une nouvelle République qui romprait avec cette monarchie présidentielle, il faudra donc choisir entre les trois. Un des 3 B sera donc privilégié par rapport aux deux autres... : les tenanciers de médias ayant cette capacité inouïe à personnifier à outrance les idées politiques, au point d’enterrer le reste (cela fut clair lors du mouvement dit "contre le CPE" : les porte-parole des mouvements étudiants ont été les cibles de cette dérive). Je pense que cette situation handicape l’Alternative unitaire, comme le candidat. En effet, alors que l’unité n’est pas faite, on voit déjà les symptômes apparents de jalousie, la concurrence entre les partisans d’un tel ou d’un tel... car au-delà des personnes, il est à craindre que beaucoup acceptent mal que leur tendance soit en retrait par rapport à telle autre. Et n’oublions pas que l’idée de l’Alternative unitaire est d’être... unis !
Si une telle formule est adoptée, faisons confiance aux médias pour mettre sous les feux de la rampe le B candidat en oubliant les deux autres qui se seront mis en retrait, et tenter donc de jouer la carte de la division à travers les rancoeurs partisanes qui ressurgiront du passé. Les médias mettraient à coup sûr en avant la seule personnalité choisie et donc la tendance correspondante, créant une zizanie dont nous n’avons pas besoin.
José Bové ?
- L’évidence a priori. Il semble évident que le B le plus apte à être le candidat unitaire est José B., car neutre entre les deux grosses formations signataires que sont la Ligue et le PC. Rappelons aussi, mais est-ce bien nécessaire, que José Bové s’est illustré, à bien des reprises, dans des combats syndicaux et politiques importants.
Une candidature Besancenot ou Buffet ne pourrait être difficilement interprétée autrement que par une candidature partisane d’un cartel d’organisations surfant sur le désir citoyen de profonds changements politiques (tant sur le fond que sur la forme, mais la forme, n’est-ce pas déjà quelque peu le fond ?). Ces deux-là sont donc quasiment éliminés d’office ; pas de chance pour eux, car ce sont de très bons leaders et orateurs.
- Un déficit d’image. Bien que très apprécié à l’intérieur de notre petit peuple anti-libéral écologique et démocratique, et très populaire auprès du grand public, il n’est pas certain, dans notre société de l’image, que Bové soit le meilleur candidat pour un large rassemblement anti-libéral écologique et démocratique qui s’impose de gagner les élections par une dynamique unitaire et populaire.
Il souffre de ce que j’appellerai, sans être méchant, le syndrome Astérix. Il apparaît en quelque sorte comme le dernier résistant contre l’envahisseur libéral, différent dans son approche de l’action politique : il lutte vraiment, c’est un guerrier anti-OGM, anti-libéral, anti-TCE...
C’est cette image de troubleur de l’ordre public qui fera peur aux braves gens (comme dirait Brassens), même à des anti-libéraux non conscients de leur sensibilité politique, qui auront à voter pour une personne "responsable" (je sens venir les répliques : Et Chirac, il est responsable peut être ?!). Cela étant dit, c’est là bien entendu une question « stratégique » : la France a besoin d’une rupture, donc quelqu’un qui trouble l’ordre public ne pose problème que par rapport à une question de stratégie.
Il souffre aussi d’un déficit d’expérience politique dite classique, bien que leader syndicaliste expérimenté. D’ailleurs, certaines de ses positions politiques sont parfois un peu floues : si José Bové peut représenter un candidat idéal, il peut représenter aussi pour le PS un ministre de l’agriculture idéel, et cette ambiguïté (que Bové ne lève pas en franchissant la barre de l’anti-capitalisme) est un problème (qui pourrait être retiré avec un mouvement fort derrière lui).
Enfin il m’apparaît que J. Bové, en gardant sa "pureté" de simple militant qui ne cède pas à la tentation du pouvoir corrupteur, servira bien mieux le mouvement unitaire et populaire que nous sommes en train de construire. C’est un très bon rassembleur, et un leader charismatique, tout comme le sont MGB et OB. Ils joueront tous les trois un rôle majeur dans le construction de notre victoire, mais ce ne sera pas celui de candidat.
Pour résumer, je dirais donc que José Bové apparaît, dans notre société de l’image, comme puissante force contestataire, mais malheureusement pas comme force de construction politique ; et que ceci va à l’encontre du fait que l’Alternative unitaire ne peut pas, et ne veut pas, se proposer seulement comme force d’opposition (comme le PS semble faire), mais bien comme une alternative constructive au système capitaliste libéral actuel.
Il me semble donc que la deuxième formule est stratégiquement et politiquement meilleure.
Les 3B en avant, quelqu’un d’autre candidat
Les 3B, un tout indissociable : l’unité
- J’ai déjà dit que chacun des 3B représentait une des composantes essentielles à la dynamique unitaire anti-libérale écologique et démocratique, qui ont largement contribué aux mouvements sociaux au cours des dernières années :
- Olivier, la Ligue
- Marie-George, le PC
- José, les écolo-altermondialistes (et les sans-partis)
Ces trois ensembles sont ceux qui ont lutté, durant les quatre dernières années, côte à côte dans les mouvements sociaux et politiques majeurs contre la droite extreme de Raffarin, Villepin, Sarkozy.
- Il apparaîtrait illogique qu’une de ces forces soit mise plus en avant que les deux autres. Les 3B ne peuvent donc qu’être mis sur un plan d’égalité parfait dans l’élection qui nous attend, pour le symbole mais aussi pour la stabilité de l’unité. Il sont un tout indissociable, à égalité, ils sont l’unité. Ce qui signifie qu’aucun ne peut prétendre au rôle de candidat.
L’unité et la notoriété des 3B au service d’un 4e mousquetaire
Ces trois personnalités, les plus connues du petit monde anti-libéral, doivent donc faire place à une autre personne, forcément moins médiatisée. L’unité des trois composantes se retrouvant pour la victoire à travers un autre nom, appuyé de toute leur force.
Un candidat quasi inconnu et les médias
- Ce problème d’ignorance du grand public de notre futur candidat ne m’en paraît pas un, bien au contraire. En effet, une personnalité moins connue partirait quasiment de rien, tout comme notre mouvement ; et en s’appuyant sur chaque victoire passée, sur chacune des composantes qui permettront de diffuser, petit à petit, notre candidat méconnu s’imposerait comme le vote utile de gauche, étouffant le social libéralisme de la direction du PS. Ce cheminement, à l’instar du non au TCE, est donc dès à présent le symbole que nous nous devons de suivre.
- De plus, ne doutons pas une minute qu’en partant avec un quasi inconnu, les grands médias s’efforceront de passer au peigne fin son passé pour tenter de le discréditer et pour présenter cette nouvelle personnalité politique au peuple français : de la publicité gratuite, donc ! Et nous en aurons besoin, car nous manquerons (et nous manquons déjà) indubitablement d’espace médiatique face à nos adversaires omniprésents. Ce qui ne serait pas le cas avec un des 3B (d’une couverture médiatique initiale que je qualifierai de curiosité), ces trois-là étant trop connus pour leur part.
- Enfin un candidat quasi inconnu soutenu par les 3B permettra de pouvoir insister sur le rôle essentiel des collectifs locaux, du caractère démocratique de l’Alternative unitaire, à l’instar de la campagne du non au TCE (constitution européenne).
Le sacrifice personnel au service du collectif.
Un désistement des 3B en faveur d’une autre personne sera le signe fort que notre candidat et nos leaders ne sont pas des carriéristes, comme tout politicien respectable de la direction du PS, mais bien des militants de longue haleine au seul service de leurs idées et du peuple.
Je me place désormais dans la situation qu’aucun des 3B ne sera candidat. Et que ces trois-là, nos personnalités les plus connues, useront de leur notoriété pour valoriser le candidat unitaire.
Mais alors qui, non de non ?
- Bien que pour l’instant, j’aie désavoué la plupart de toutes les lettres de supplication s’adressant à José Bové, je vais me lancer moi-même non pas dans une propagande idiote criant sans fin "X sauve nous", mais dans une description du pourquoi X m’apparaît comme le meilleur candidat pour l’Alternative unitaire.
Certains noms circulent déjà : Salesse, Autain, Jennar... J’espère que vous complèterez, peut-être reverrai-je ma conclusion.
- Fin du suspense : Le nom qui retient mon attention est celui de Clémentine Autain.
Quelques qualités de la belle
- Elle apparaît "lisse", "classique" pour ceux qui ne la connaissent pas : pas d’excentricités ; elle est donc accessible à tous, elle serait donc capable de rassembler plus largement que nos seules forces au second tour.
- C’est une femme, féministe qui plus est, elle (et nous par suite) sera donc en mesure de riposter sur la vague sur laquelle surfe S. Royal (le maternalisme primaire, qui chez elle est sécuritaire et répressif).
- C’est une femme jeune et belle, elle attirera très probablement la jeunesse, comme O. Besancenot peut le faire.
- Elle est cultivée et éduquée, le tout sans avoir été formatée par l’ENA, et participe très activement à divers écrits politiques à la rupture politique que nous attendons (à la Fondation Copernic, dans le mensuel Regards, et bien entendu dans les forums...).
- Elle est adjointe à la Mairie de Paris, elle n’apparaîtra donc pas comme sans expérience des responsabilités. Elle est déjà passée par les élections.
- Elle n’est pas très connue nationalement du grand public : tant mieux, les médias vont faire des reportages sans fin sur elle, comme je l’ai dit plus haut. Mais assez connue dans le milieu politique "classique" pour ne pas être discréditée par une inexpérience politique.
- Elle est de cette gauche des mouvements sociaux, de la gauche antilibérale qui a dit non au TCE, on ne pourra donc pas la traiter de néo-bobo malgré son look "classique", ses origines et sa coopération avec B. Delanoé. Et rappelons aussi qu’elle a participé très activement à la victoire du non au TCE (Constitution européenne).
- Elle est une des personnalités qui respectent son engagement à siéger le plus possible au CIUN.
- Pour l’avoir vue quelquefois sur le petit écran, elle passe bien. Son discours est clair, peu attaquable, et elle se défend : elle a les qualités nécessaires pour ne pas se faire massacrer par les journalistes ; les médias seront déterminants face à nos deux adversaires médiatiques (Sarkozy et très probablement Royal) il est nécessaire que notre candidat soit très bien formé pour ce combat (par exemple, j’aurais des doutes sur Y. Salesse) .
- Elle s’est impliquée très clairement lors de la révolte des banlieues de novembre 2005 alors que beaucoup n’ont pas su trop quoi dire à propos de ce mouvement social violent. Elle a fait preuve d’ailleurs à ce moment-là d’un sens aigu de l’unité en réunissant autour d’elle politiques, chercheurs, acteurs du monde social...
- Comme J. Bové elle n’est pas encartée, seulement apparentée PC, cela ne peut que la servir, autant devant les partis que devant les citoyens.
- Enfin, elle apparaît bien s’entendre avec les 3B, avec qui elle travaille régulièrement ; mais je ne peux juger réellement, je ne fais qu’espérer. Ils pourraient donc porter et soutenir cette idée devant les collectifs locaux et les partis en présence.
Mais pourquoi parler d’Autain maintenant ?
Pour l’instant, je me suis fortement placé d’un point de vue communicationnel. Mais je vois en Autain une réelle candidate de fond qui peut permettre de dépasser, avec un soutien des collectifs locaux, les clivages existant aujourd’hui entre la Ligue et le PC sur les relations à adopter vis-à-vis de la direction du PS (qui sont à l’heure actuelle le dernier barrage à l’Alternative unitaire).
En effet, le PC exclut une participation à un gouvernement dominé par le social-libéralisme, mais rechigne à l’inscription d’une formule explicite d’une non-alliance gouvernementale ou parlementaire avec la direction du PS, comme le demande la LCR.
Cette décision du PC peut s’interpréter de diverses manières, pour ma part je la comprends comme une volonté de grand respect des militants socialistes et une volonté d’ouverture par rapport à ceux-ci, qu’une formule trop brute exclurait.
Clémentine Autain, par son apparentement PC et par son poste d’adjointe à la Mairie de Paris aux côtés de B. Delanoé, peut être la garantie, pour le PC et plus largement pour tous, que le mouvement populaire qu’est l’Alternative unitaire ne sera pas fermé en raison de sa non-alliance avec la direction socialiste, mais bien ouvert à tous ceux qui auront le courage de choisir une réelle rupture avec le néo-libéralisme économique (rupture qui, regrettons-le, n’est pas proposée par le projet socialiste, cf [G.Filoche->http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=30309] et [RM. Jennar->http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=30163])
Prôner une non-alliance claire avec la direction socialiste en avançant C. Autain comme garantie d’ouverture est peut-être une solution rapide pour sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes actuellement.
Le déblocage de cette situation est en effet urgent. Attendre trop longtemps un large mouvement populaire pourrait nous être fatal, car ne doutons pas que chaque jour qui passe est un peu plus favorable au roulot médiatico-psychologique du vote utile S. Royal. Autain peut donc être une clé pour enclencher complètement et rapidement la démarche populaire unitaire. Saurons-nous nous en servir ?
Clémentine Autain, soutenue par les 3B, peut-être ce symbole à la fois d’ouverture et de fermeté, du rassemblement anti-libéral et populaire que nous appelons tous, elle est probablement notre meilleure candidate, puisqu’apte à nous faire sortir de l’impasse si jamais nous savons la propulser sur le devant de la scène, si nous savons construire avec elle et les 3B l’Alternative unitaire.
xoup. P-S : J’attends avec impatience des contre-arguments sur ces quelques idées.
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