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Commentaire de Daniel Bainville-Latour

sur Le salut de l'Afrique ? L'Afrique !


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Daniel Bainville-Latour (---.---.234.188) 11 janvier 2006 08:09

Ah, l’Afrique ! Miroir révélateur de nos contradictions, complexes et culpabilités diverses. Il n’est que voir la polémique déclenchée par cet article.

Sortons-en, précisément, et essayons de prendre un peu de recul et de réfléchir lucidement. Il se trouve que j’ai eu à effectuer quatre missions à vocation économique dans quatre pays très différents du continent.

D’abord, cessons de tout rapporter à la colonisation, bienfait pour les uns, horreur pour les autres. C’est dans l’histoire du continent et du monde un épiphénomène.

Cessons également de voir dans la corruption la source de tous les maux. Il ne s’agit, certes, pas de la justifier mais simplement de prendre conscience de sa constance historique en politique ( Rome et tous les empires qu’on voudra : on maintient son influence en achetant les chefs des territoires contrôlés ou par d’autres moyens ).

Quant à la comparaison avec l’Amérique Latine, elle vaut ce qu’elle vaut et n’oublions surtout pas qu’il a fallu à ce continent plus d’un siècle pour acquérir une teinture de démocratie véritable. Entretemps, combien de Trujillo ? de Duvalier ? de Castro ? (eh oui, c’est une démocratie pluraliste, Cuba ? )

Si l’on veut positionner l’Afrique ( encore qu’il y ait « des » Afrique ), le mieux est de se référer à Toffler et à sa théorie sur les vagues de civilisation.

Ces vagues ont touché différemment les divers continents et force est de constater que l’Afrique , appelons la subsaharienne, est tout juste entrée dans la première vague : la révolution agricole et pour de nombreux habitants, la ressource provient encore de la cueillette, de la chasse et de la pêche, c’est à dire de la simple prédation sur une nature généreuse.

L’agriculture purement africaine est encore balbutiante, vivrière, émergente. Certes, on objectera les grandes entreprises ( coton, cacao, café etc...) mais c’est le fait d’autres que les Africains. Est-ce là un bien ou un mal ? C’est un autre problème.

Il en est de même de l’industrie, c’est le fait d’étrangers la plupart du temps mais il ne faut pas oublier qu’une large fraction de l’encadrement est africaine.

Bien ! Alors quelle stratégie ?

L’homme ne peut progresser que s’il se sent bien. Premier objectif : nourriture équilibrée et soins. Ce n’est déjà pas rien : soutenir la démographie, développer l’agriculture et sa transformation ( l’agro-alimentaire ).La notion d’agriculture englobant élevage et aquaculture.

La révolution culturelle étant d’amener les populations a ne plus tirer leurs ressources de la nature par prédation mais de les générer par le travail, c’est à dire par une action volontaire.

Ne nous y trompons pas, ce n’est pas une mince affaire ( poids de l’histoire,influence et pouvoir des sorciers, rôle des femmes.....)

Il ne s’agit pas d’ignorer les autres facteurs de développement ( industrie, tourisme etc...) mais de constater, comme le soulignent certains intervenants ici, que ces facteurs ne font pas solidement progresser l’Afrique.

Il s’git de trouver un fondamental central ,solide et structurant de développement, les progrès scientifiques et technologiques devenant des moyens favorisants efficaces.

Le soutien est plutôt du côté des ONG que de la coopération inter-étatique.

Ce que nous avons à inventer, c’est précisément un pilotage et une gouverance globaux du système.L’action menée actuellement par l’ONU, les Etats et d’autres sont sans grande cohésion, pour ne pas dire que cela fait désordre et n’arrange rien.


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