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Commentaire de aquad69

sur Sexe, politique et féminité


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aquad69 (---.---.33.228) 13 avril 2007 12:30

Bonjour Patrice,

vous abordez ici un sujet fondamental, d’autant plus important aujourd’hui que nous aurions besoin que se développe dans nos pays un autre point de vue, et une autre manière d’aborder les problèmes.

C’est un sujet qui est toujours éludé, pour cause de tabou.

Une des causes de l’incompréhension de cette société est que l’on confond toujours les individus et leur « personnage social », comme au théatre on pourrait ne pas distinguer l’acteur de son rôle, ce qui interdirait de comprendre le sens de la pièce.

Dans la société patriarcale à l’extrême où nous vivons, la femme n’existe pas en tant que personnage social ; par contre, et de plus en plus, elle est reconnue en tant qu’individu, en tant qu’acteur.

Le principe du féminisme et de l’idéologie de cette société « citoyenne » moderne nous ont imposé l’idée qu’il n’existerait qu’un seul rôle, universel pour tous : celui de citoyen et d’élu(ou d’employé), personnage neutre et asexué.

Le sexe n’existerait qu’au niveau de l’individu, aussi anodin que la couleur des cheveux, par exemple, mais sans influence sur la fonction sociale de chacun.

Et, de fait, il n’existe ici d’autre possibilité d’exister socialement qu’en acceptant de rentrer dans ce cadre ; au demeurant, vouloir faire la différence est devenu, ou en passe de devenir, illégal.

Aller à l’encontre de celà, et développer l’idée du droit à l’altérité des femmes expose aujourd’hui à se faire taxer d’affreux réactionnaire, et à se faire accuser de vouloir les renvoyer à la « V2M » (Vaisselle, Ménage, Maman).

Mais il faut remarquer que ces rôles de citoyens et d’employés ont été forgés sur des figures masculines qui datent du temps où seuls les hommes chez nous y accédaient.

L’image du « tailleur » l’illustre parfaitement : qu’est-ce qu’un tailleur ? Un vêtement féminin, mais à l’allure suffisamment masculine pour renvoyer une impression de « sérieux » ;c’est un costume d’homme de pouvoir pour femme.

La position des femmes ici est un peu à cette image ; de là ce malaise qu’elles ressentent : car toute la démarche de la parité ne revient qu’à leur permettre de rentrer et de participer « aux jeux des garçons ».

Et le système est tellement figé aujourd’hui qu’il apparaît très difficile de changer ces règles, car personne n’imaginerait plus que l’on puisse vivre et se valoriser autrement que par sa position en entreprise (devenu synonyme de tout travail et revenus) ou en politique.

Et pourtant, la dernière ouverture possible pour apporter un peu d’air à cette société serait de bousculer un peu tout celà, d’en changer les règles.

Seul une autre manière de voir pourrait le réussir, et la seule « autre » manière existant ici est le point de vue, le génie féminin, qui n’a rien à envier au masculin, et surtout aucun compte à lui rendre.

C’est une chose qui ne peut venir que de la base, et que de milieux féminins.

Un élu ne peut pas remettre en question les règles par lesquelles il a été amené au pouvoir ; c’est pourquoi même si nous avions un jour une présidente, elle pourrait au mieux changer le ton des discours et du style, mais son rôle, au fond, resterait le même que celui d’un président masculin ; elle serait coincée par la définition même de sa fonction.

Et si, à l’extrême et pour reprendre un grand fantasme, les femmes « prenaient un jour le pouvoir », en politique et en entreprise, celà ne correspondrait en rien à un matriarcat, mais à une sorte de patriarcat féminin, qui ne ferait que perpétuer l’ordre patriarcal actuel, servi et cautionné par les femmes elles-même.

Cordialement Thierry


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