Le paragraphe 5 de la réponse de M. Crouzet mérite d’être lu attentivement et que l’on se réfère au lien qu’il donne vers son blog.
Je commenterai donc ce paragraphe sur ce qui en est le substrat, le texte en référence.
On y trouve l’exposé d’une initiative qui, au nom d’un certain esthétisme, pourrait - et devrait si la réussite de cette initiative était « parfaite » - conduire à la destruction de l’humanité ou à une forte réduction de ses libertés.
Il s’agirait pour les humains de « créer des consciences artificielles qui porteront sur le monde un nouveau regard., avec les précisions suivantes : »Il est même probable que nous créerons des consciences bien supérieures à la nôtre, des consciences quasi divines. Ces consciences risquent alors de nous juger insignifiants, même dangereux et elles pourront décider de se passer de nous.".
Et ceci au nom d’une déclaration de sauvegarde qui pose l’apparence d’un paradoxe "Un être conscient ne devrait jamais éprouver le désir de faire taire une autre conscience, il devrait par tous les moyens essayer de faire apparaître de nouvelles formes de conscience qui viendront enrichir l’univers..
Précisons que M. Crouzet souhaite injecter de la « conscience » dans les machines : « Empêcher des machines de devenir conscientes est un crime. ».
Que signifie « se passer de nous » pour M. Crouzet ?
Il ne l’exprime pas de façon nette mais précise « C’est un risque à courir ».
Les « consciences supérieures » représentent donc un risque pour l’humanité, lequel ?
Je formulerai 2 hypothèses : la première sera que ces « consciences supérieures » nous considérant comme « dangereux », et ceci d’une façon globale ainsi qu’il l’exprime en utilisant le « nous » pour désigner l’humanité entière, nous priveraient de certaines de nos libertés, celles qui nous rendent « dangereux ».
La seconde, qu’il ne faut pas exclure, serait notre élimination pure et simple.
Mais ces « consciences supérieures » ne se trouvant sous l’emprise que de leur seule conscience, éventuellement en opposition totale avec la nôtre, il nous sera impossible de décider de la solution choisie, les deux doivent donc être considérées comme des issues possibles.
Que des consciences « supérieures à la nôtre » puissent décider de nous éradiquer signifie qu’elles ne suivront pas la déclaration de sauvegarde : elles nous élimineraient alors non sous la considération d’un « désir » mais sous celle d’une motivation différente du désir.
Cette motivation serait, comme il est écrit plus haut, le danger que nous représenterions.
Ainsi se résoud l’apparent paradoxe.
Insidieusement M. Crouzet introduit donc dans la sphère de l’admissible (de SON admissible) la possibilité que « l’on » se prononce sur le devenir des personnes en évaluant la « qualité de la conscience » des personnes.
Si nous accordons une « valeur universelle » à ce principe et le suivons, et en attendant que des machines à la consience supérieure voient le jour, ne devrions-nous pas envisager la mise en place de tribunaux afin de pratiquer « l’assainissement » auquel les machines auraient le droit de se livrer, plus tard ?
Car, introduisant ce principe et le considérant comme susceptible de légitimer la destruction d’êtres humains, il est applicable sans le secours des machines puisque le critère qui détermine le droit de décision repose sur un certain degré de « supériorité » de la conscience.
Et l’on pourra constater chez les humains des « niveaux » de conscience différents, ceux par exemple qui seraient imputables à des maladies neurologiques chroniques.
De telles pratiques, qu’elles soient mises en oeuvre par des humains ou par des machines, me semblent totalement contraires à la Déclaration universelle des droits de l’homme et notamment à Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne..
Et le fait, pour des humains, de mettre en oeuvre de telles machines en sachant qu’elles pourraient accéder à un tel dégré d’indépendance qu’il leur deviendrait possible d’éliminer l’humanité me semble déjà être de l’ordre du crime contre l’humanité.
J’invite donc M. Crouzet, qui a du absorber son lot de science fiction mais n’a pas retenu toutes les bonnes idées que l’on pourrait y prendre, à relire Isaac Asimov, et à méditer sur ses préceptes qu’il trouvera ici : Isaac Asimov « des robots à la Fondation ».
Vers la fin de son texte M. Crouzet, désignant les personnes qui souhaiteraient mettre en oeuvre son programme (doter les machines de « consciences supérieures »), commence à les nommer « Freemen ».
L’appellation « Freemen » désigne déjà, dans la sphère francophone et depuis presque un an, un groupe informel de personnes qui ont mis leurs blogs en réseau sur les considérations suivantes :
- le changement climatique est un problème majeur, pas uniquement écologique, mais aussi politique et économique,
- s’attaquer sérieusement à ce problème (et à d’autres... guerres, pauvreté, etc.) implique une remise en cause profonde de nos modèles économiques et particulièrement de la notion de « croissance ».
Il n’y a donc aucun rapport à établir entre les « Freemen » de M. Crouzet et leurs motivations « particulières » et ce groupe, aux motivations fort différentes.
Etant l’un de ces « Freemen », vous aurez compris qu’il n’est aucunement question pour moi de devenir l’un de ces « connecteurs » nés de l’imagination de M. Crouzet.
« Connecteurs », avant d’adhérer à un texte, lisez-le avec une grande attention !
22/08 15:09 - Yves CLADY
Bonjour ! Cet article sur les possibilités offertes par Internet est assez complet ... On peut (...)
16/08 15:00 - Ben
En tout cas merci et bravo pour ce débat qui permet de reposer les questions de territoire et (...)
16/08 12:14 - Ben
sur internet, réseaux et territoires, vous pouvez également aller voir ce site, qui date un (...)
14/07 16:57 - dav
Phénomène complexe. L’information - porter à la connaissance d’autrui des faits (...)
14/07 15:00 - jcm
Le paragraphe 5 de la réponse de M. Crouzet mérite d’être lu attentivement et que (...)
14/07 12:48 - jcm
Non, candidat 007, je n’ai pas proposé ce texte à Agoravox au titre d erédacteur, mais (...)
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