Phénomène complexe. L’information - porter à la connaissance d’autrui des faits précis, vérifiés et contextualisés -, est remplacée par la communication, consistant à « scénariser ou théâtraliser les données - vraies ou fausses - dans un but idéologique, politique ou commercial ». La communication, beaucoup plus distrayante, supplante l’information, comme la fausse monnaie chasse la bonne. Le primat de l’instant, de l’image, de l’émotion, de la mise en scène, régit les médias. L’omniprésente peopolisation réduit la vie politique à des « histoires de concierge ». Sa complète scénarisation éclipse les débats de fond. « Le gouvernant ne cherche plus à bien communiquer sur la politique qu’il a choisi de conduire pour des raisons de fond ; il choisit de conduire la politique sur laquelle il sera le plus facile de communiquer. »
L’irrationnel triomphe. Dans cette étuve, s’épanouit la dichotomie du Bien et du Mal. La diabolisation, pivot de l’instrumentalisation des esprits par les médias, « met l’émotion au service du conformisme : c’est la médiabolisation ». Ce qui n’est pas politiquement correct, les médias l’étouffent par le silence. Pour le reste, ils répètent les messages en boucle, se copiant les uns les autres, dans un climat d’autocensure. Les télés généralistes, médias « centraux », reprennent des sujets dans quelques titres de référence de la presse écrite.
Cette machine de propagande prône la mondialisation (libre-échange, immigration, multiculturalisme). Elle culpabilise la France, et au-delà l’Europe continentale, pour la Deuxième Guerre mondiale et la colonisation. Elle dévalorise les racines et traditions européennes. Elle crédite la gauche d’une supériorité morale sur la droite. Ces quatre axiomes forment le « carré carcéral » du politiquement correct médiatique.
La tyrannie médiatique prive le Parlement de son pouvoir : il n’est plus que la chambre d’enregistrement du Président de la République, ce César médiatique élu au suffrage universel et s’adressant directement au peuple, via les médias audiovisuels. Au niveau national, c’est la médiatisation qui sélectionne la classe politique. Pour obtenir les faveurs des médias, les hommes et femmes politiques se font les porte-voix de l’idéologie et des intérêts de telle ou telle minorité, alimentant le conformisme ambiant. La justice est tout aussi influencée par les médias. L’affaire d’Outreau est due à « une justice mythomane à l’écoute attentive d’une mythomane relayée par une presse mythomane ». La justice instruit en fonction du possible retentissement médiatique, plus que du fond.
Les grandes entreprises ne sont pas indemnes. Loin de se limiter aux décisions stratégiques engageant l’avenir, leurs patrons doivent empêcher toute dégradation de l’image, sous peine d’une chute des cotations boursières ouvrant sur des OPA inamicales. Ces contraintes de court et de long terme sont antagoniques.
Il y a une nouvelle « verticale du pouvoir ». Au sommet, trônent des minorités ethniques, religieuses, sexuelles, ainsi que des lobbies culturels ou financiers, qui influencent les médias Ceux-ci conditionnent l’exécutif (chef de l’État, gouvernement, chefs de parti). Impuissant, le Parlement se conforme aux injonctions de l’exécutif, qu’il transforme en règles que le peuple doit suivre. Entre celui-ci et les élites, le fossé s’élargit.
À ces maux, Polémia voit des remèdes. Chacun doit sélectionner les programmes de télé grâce à la diversité des offres (câbles, satellites, TNT), et cultiver son esprit critique. D’autre part, une réforme constitutionnelle serait la bienvenue : elle renforcerait les pouvoirs du Parlement en l’émancipant du pouvoir exécutif, y introduirait la proportionnelle, étendrait les consultations référendaires.
Mais l’espoir réside surtout dans Internet. Les grandes innovations technologiques produisent les grands changements. La Renaissance, la Réforme et la Contre-réforme sont nées de l’imprimerie. Internet dominera les médias centraux (qui reculent déjà), ramenant la diversité. La websphère supplante la vidéosphère. Le courrier électronique réhabilite l’écrit. Les internautes se parlent en contournant journaux, radios et télés. Internet disqualifie le centre tout puissant et censeur en redonnant le pouvoir à la périphérie. Les moteurs de recherche sont impartiaux. Internet échappe à la censure. Et il n’en est encore qu’à ses débuts...
22/08 15:09 - Yves CLADY
Bonjour ! Cet article sur les possibilités offertes par Internet est assez complet ... On peut (...)
16/08 15:00 - Ben
En tout cas merci et bravo pour ce débat qui permet de reposer les questions de territoire et (...)
16/08 12:14 - Ben
sur internet, réseaux et territoires, vous pouvez également aller voir ce site, qui date un (...)
14/07 16:57 - dav
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14/07 15:00 - jcm
Le paragraphe 5 de la réponse de M. Crouzet mérite d’être lu attentivement et que (...)
14/07 12:48 - jcm
Non, candidat 007, je n’ai pas proposé ce texte à Agoravox au titre d erédacteur, mais (...)
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