Détecteurs de fumée : obligatoires dans chaque logement français
Les incendies domestiques sont des accidents fréquents qui engendrent plus de 800 victimes chaque année. 80% d'entre elles ont succombé à un incendie se produisant la nuit, devenant ainsi une menace très dangereuse puisque, outre les flammes, la fumée est considérée comme la principale menace. En effet, celle-ci se compose de monoxyde de carbone (propriété soporifique) et d'autres gaz toxiques issus de la combustion des éléments mobiliers de la maison mais également des murs, plafonds, etc.
Ainsi, en France, une loi de sécurisation des domiciles a été adoptée depuis 2012, la loi MORANGE. Son objectif est de réduire le nombre de décès causés par ces malheurs et diviser par deux le nombre d'incendies. Si cette nouvelle directive semble refléter une bonne intention, il faut savoir que la France est l'un des derniers pays à avoir mis en place cette directive et est en retard de 10 ans.
Manque de communication de la part du gouvernement, peu d'importance à l'égard des Français qui n'en voient pas la nécessité, le résultat est que le taux d'équipement est à peine plus haut que 10% en cette fin d’année 2014.
Ainsi, pour mobiliser la population et créer un mouvement d'information, le gouvernement a décidé d'établir une date butoir qui obligera TOUS les foyers français à détenir au moins un Détecteur Avertisseur Autonome de Fumée (DAAF) dans leur domicile : le 8 mars 2015.
Qu'est-ce qu'un DAAF ?
Un détecteur de fumée est un petit boitier qui permet de capter un début d'incendie et de prévenir, grâce à une puissante alarme, d'un danger.
Il en existe différents types. Cependant en France, les seuls autorisés sont les détecteurs à capteurs optiques qui sont les plus avancés technologiquement et réagissent aux incendies à progression lente. Ils sont composés d'une diode électroluminescente, d'une chambre optique et d'une cellule photovoltaïque. Lorsque dans le boitier, de la fumée entre, la diode s'allume envoyant un message lumineux, la cellule photovoltaïque qui envoie un signal électrique au détecteur et déclenche l'alarme.
Les autres systèmes de détection
Les détecteurs ioniques sont interdits de par leur dangerosité, en effet deux électrodes accompagnées d'une entité radioactive constituent la chambre du boitier. L'apport d'énergie de la pile provoque une tension aux électrodes ce qui crée un courant. Lorsqu'une particule de fumée entre dans le boitier, elle perturbe ce champ électrique, l'alarme se déclenche. Cependant, la présence du composé radioactif pose un réel problème sur la santé des propriétaires.
Un autre plus sain, fonctionne sur le principe de l'intensité lumineuse. Le détecteur linéaire de fumée envoie ponctuellement des signaux lumineux, qui se reflètent sur un miroir, et mesure le niveau lumineux. Lorsque la fumée interfère avec celui-ci, le niveau est ainsi plus bas que d’ordinaire provoquant le système d'alerte de l'alarme (même principe que le détecteur optique).
Cependant, le problème de ce dispositif est que la sécurité n'est pas permanente puisque ce sont des signaux courts et interrompus. De plus, il n’est pas 100% fiable notamment lors d'un début d'incendie où la faible quantité de fumée interfère peu sur l'intensité lumineuse.
D'autres encore existent et fonctionnent sur le principe de l'élévation de la température ou d’augmentation de l'intensité lumineuse. Seulement ces détecteurs relèvent un problème de sécurité puisqu'ils se reposent sur des critères qui ne sont perceptibles que lorsque l'incendie est déclaré et a même atteint un stade critique.
En somme, il faut retenir que tous les détecteurs autorisés en France sont ceux appelés détecteurs optiques puisqu'ils sont les seuls à garantir une sécurité optimale.
Quelle gamme de détecteurs choisir ?
Vous êtes libre de choisir le modèle de votre choix, certains vous proposent une sécurité maximale, d'autres un contrôle parfait de l'alarme ou encore un esthétisme particulier et original qui vous permet de rajouter une plus-value aux pièces de votre habitation.
Cependant, dans une zone régie par des normes règlementaires particulières permettant de vous garantir une sécurité reconnue et fonctionnelle, vérifiez que le produit proposé soit labélisé "NF" et/ou "EN" 14 604.
Que demande la norme ?
Le détecteur est dit conforme aux normes EN et/ou NF 14 604 lorsqu'il :
- comporte un indicateur de mise sous tension
- est alimenté par piles, batteries incorporées ou sur secteur
- présente un signal visuel, mécanique ou sonore, indiquant l’absence de batteries ou piles
- comporte un bouton test permettant de vérifier son bon fonctionnement
- émet un signal d’alarme d’un niveau sonore d’au moins 85 dB(A) à 3 mètres
- émet un signal de défaut sonore, différent de la tonalité de l’alarme, signalant la perte de capacité d’alimentation du détecteur
- fournit certaines informations marquées de manière indélébile (nom ou marque et adresse du fabricant ou du fournisseur, numéro et la date de la norme à laquelle se conforme le détecteur, date de fabrication ou numéro du lot, type de batterie à utiliser, informations mode d’emploi pour l’installation, l’entretien et le contrôle du détecteur...).
Qu'en est-il de la loi ?
La loi MORANGE a été déposée par les députés Pierre MORANGE et Damien MESLOT le 28 septembre 2005 en tant que proposition de loi. Compte tenu du grand nombre d'incendies domestiques par an (plus de 250 000) et la fiabilité des détecteurs, ces députés ont trouvé logique et indispensable de suivre une même démarche que les autres pays.
Depuis, un décret fut déposé en 2011 et la loi a été reconnue comme applicable suit à l'arrêté de 2013.
Pour garantir une sécurité maximale, la loi ALUR de 2014 annonce l'obligation des logements munis en DAAF à garantir la bonne marche du dispositif par un entretien ponctuel.
Quel entretien effectuer sur votre détecteur ?
Préservez la propreté de votre boitier, un surplus de poussière peut interférer sur la capacité à détecter un début d'incendie de votre produit. Il vous est conseillé de le nettoyer régulièrement avec un chiffon humide pour le boitier et un aspirateur pour les fentes latérales.
Vous devez également changer les piles de votre détecteur :
- si celui-ci est constitué de piles "saline", veuillez les changer tous les 4 -6 mois
- si celui-ci est constitué de piles "alcaline", veuillez les changer tous les 10 - 12 mois
- si celui-ci est constitué de piles "lithium", veuillez les changer tous les 5 à 10 ans
Veuillez tester chaque année votre détecteur en éteignant une bougie ou bombe test aérosol en dessous de l'alarme. ATTENTION munissez-vous de casque antibruit ou boules de cires car le son émit est de 85 dB à 3m.
Tous les 2-3 mois vérifiez également l'état de marche du bouton "test" en l'activant ainsi que celui permettant d'avertir le niveau de batterie (certains modèles émettent un signal sonore ou lumineux, d'autres demandes une manipulation sur le boitier).
Qui est concerné par cette loi ?
La dernière actualisation de la loi Alur a décidé que l’achat du détecteur de fumée est à la charge des propriétaires, bailleurs et gestionnaires locatifs de garantir le bon équipement de leur(s) bien(s) immobilier(s) en ce dispositif. S'ils ne respectent pas cette mesure, les sanctions peuvent être lourdes puisque l'assurance habitation ne couvrira pas les dégâts et pourra sanctionner par une majoration de la franchise en cas de sinistre.
Locataire, n'hésitez pas à rappeler la loi à votre bailleur afin de vous fournir le plus rapidement possible. En effet, plus l'échéance va approcher et plus il y aura une forte demande. On estime que 13 millions de foyers en auront besoin, et que la production mondiale ne pourra pas répondre à cette agitation.
De plus, il serait obligatoire d'informer votre assureur de cette installation, cela vous permettra de bénéficier d'une éventuelle minoration de votre cotisation. Cette obligation est purement déclarative, mais elle a pour but de signaler à votre compagnie d’assurance que vous respectez la loi.
Les détecteurs de fumée dans le monde
Au point de vue mondial, la France est très en retard par rapport aux pays européens et aux grands pays développés.
En effet, en Grande-Bretagne, l'installation d'un DAAF dans les nouveaux bâtiments est obligatoire depuis 1992. En 1988 le taux d'équipement anglais était de 8% et a augmenté de 73 points en 1999.
Cet investissement de la part de la population a permis de détecter près de 10 000 incendies en 1998. Tout comme en Norvège où 98% des logements en sont équipés.
D'après Home Office, les foyers ne possédant pas de DAAF sont 4 fois plus susceptibles de décéder en cas d'incendie.
Il y a 10 ans encore, le taux d'équipement belge était de seulement 3%. Après plusieurs décrets, il a été décidé que chaque foyer devait disposer d'au moins un détecteur conforme aux normes belges ou européennes.
Le 7 mai 2004, des DAAF ont été fournis par le Gouvernement flamand aux foyers de la communauté. Les communes ont pris en charges leurs installations.
Les Etats-Unis sont l'exemple même qui démontre l'efficacité des détecteurs. Avec un taux d'équipement de 93%, le nombre de décès a diminué de 50% depuis 2003. La conclusion faite du gouvernement est que la moitié des feux domestiques mortels surviennent dans les habitations dépourvues en détecteur(s) de fumée.
Nous retiendrons les deux incendies survenues à Saint-Quentin et Aubervilliers juste après le discours de la ministre du logement, Cécile DUFLOT qui encourageait les Français à équiper leur domicile en DAAF. Ces drames ont causé la mort de huit personnes.
Dernièrement, l’usage de détecteurs de fumée a encore sauvé une famille de la ville de Iwuy dans le nord de la France : un début d’incendie a eu lieu pendant la nuit suite à un dysfonctionnement électrique, l’alerte a cependant été donné par le détecteur, ainsi, l’intégralité de la famille a pu s’en tirer sans soucis et alerter les pompiers afin qu’ils viennent à bout des flammes.
Si la France avait été plus à l'écoute de cette loi et que celle-ci ait été plus communiquée, nous aurions pu espérer avoir un même résultat que les autres pays : réduire le nombre de victimes à 50%.
Ces deux désastres auraient donc été alertés par le détecteur, ce qui aurait permis aux familles de pouvoir fuir la maison à temps.