Anna Gould et Boni de Castellane... vous connaissez ?
Anna Gould, jeune héritière américaine, qui épousa le comte Boniface de Castellane, un dandy désargenté de l'aristocratie française... vous connaissez ? C'est la rencontre improbable de deux êtres que tout sépare...
La rencontre et le choc de deux cultures, si différentes, de deux caractères bien trempés, de deux milieux contrastés, de deux personnalités.
Boni de Castellane issu d'une illustre et antique lignée originaire de Provence (la Maison de Castellane) est né en 1867... Anna Gould, elle, est une richissime orpheline, la fille de l'homme le plus riche d'Amérique, elle est née en 1875. Ils se marient en 1895.
Laure Hillerin a consacré un ouvrage à ces deux vies tumultueuses.
Invitée lors du festival de la Biographie à Nîmes, Laure Hillerin évoque d'abord le Palais Rose...
Quand elle était jeune, elle passait souvent devant le Palais Rose, à Paris, avant sa destruction... "c'est un magnifique hôtel particulier dont la construction a été lancée par Boni de Castellane, à l'angle de l'avenue Foch et de l'avenue Malakoff, dans le 16ème arrondissement... il a été détruit en 1969. C'est une des hontes de l'époque de l'avoir détruit."
Ce qui a intéressé aussi Laure Hillerin, "c'est cette espèce de choc entre deux cultures, la culture française dans le sens le plus traditionnel et classique et la culture américaine du self-made man : le père d'Anna Gould était un véritable brigand, il avait fait sa fortune en une génération, ce qui est quand même assez exceptionnel... c'était quelqu'un qui n'avait pas le moindre scrupule. Anna Gould avait été élevée dans ce culte de l'argent et le mépris de tous ceux qui n'étaient pas capables de gagner de l'argent.
Lui était l'héritier d'une vieille famille française, il était passionné par l'art et par la politique et il s'était un peu trompé de siècle puisque son siècle de prédilection était le 17 ème siècle, le siècle d'or, le siècle de Louis XIV.
Boni de Castellane était un dandy dans le sens héroïque du terme, ces dandys qui font face en toutes circonstances et qui continuent à porter haut, c'était aussi un homme politique puisqu'il a été député pendant 4 mandatures.
Et puis, il avait le culte de l'art et de la beauté. Comme sa famille était ruinée, il avait cherché à épouser une riche américaine, pas vraiment par amour de l'argent mais pour assouvir sa passion de l'art, ses rêves de beauté, d'architecture.
A l'époque, on se moque souvent d'Anna Gould, de sa laideur avec ce bon mot : "Elle est plus belle vue de dot".
Boni de Casttellane a commencé par acheter un magnifique château dans les Yvelines, le château du Marais. Il avait été élevé dans le goût de la beauté classique, il avait beaucoup d'admiration pour Versailles et ses jardins.
La première chose qu'il a faite, après son mariage, c'est d'acheter des terrains pour faire construire le Palais Rose avec l'argent de sa femme...
L'idée était de ressusciter le Trianon et en même temps d'y loger l'escalier des ambassadeurs de Versailles, construit par Louis XIV."
Le mariage, d'intérêt et non d'amour, ne fut jamais heureux.
Anna Gould, bientôt lassé des frasques de son mari quitte le Palais Rose, avec ses 3 enfants. En janvier 1906, elle demande la séparation de corps. Le divorce est prononcé le 5 novembre 1906.
Boni quitte aussi le palais Rose inachevé, et il n'y remettra plus les pieds. Il devient courtier en objets d’art où son goût inné fait merveille...
Anna Gould se remarie civilement le 7 juillet 1908 avec un cousin de son premier mari, Hélie de Talleyrand-Périgord (1859-1937), prince de Sagan, puis duc de Talleyrand. Elle meurt en 1961, à l'âge de 86 ans.
Boni de Castellane meurt à Paris en 1932, à l'âge de 65 ans.
"On évoque souvent les relations de Boni avec Marcel Proust : l'écrivain avait besoin de lui pour certains aspects du personnage de Charlus, car Boni était un grand spécialiste de la politique étrangère, c'était une amitié téléguidée, ils ont échangé une vingtaine de lettres et se sont vus pendant deux ans...
Faut-il lire les mémoires de Boni de Castellane ? Il a écrit ses mémoires en deux tomes, le premier : Comment j'ai découvert l'Amérique ? Ce volume là est très drôle...
Dans le second dont le titre est formidable : L'art d'être pauvre et c'est vrai qu'il a eu l'art d'être pauvre, car après, il s'est retrouvé sans un rond, séparé de ses enfants, il a rebondi en faisant l'antiquaire parce qu'il avait un goût extraordinaire, le second volume est assez prudent et moins amusant. Comme disait un de ses amis, "l'humour est resté dans l'encrier"...
Anna Gould, elle, avait un gros problème avec l'écriture. Elle a beaucoup écrit à ses fils pendant la guerre, mais elle écrivait à peu près comme une enfant de 6 ans, elle avait un vocabulaire très limité."
Donc, ils étaient on ne peut plus mal assortis : lui était un homme très élégant, très cultivé, elle est toujours resté avec son côté très fière d'être américaine... "personne n'arrive à la cheville des américains, ceux qui n'ont pas d'argent sont méprisables..."
Etonnante rencontre de deux êtres que tout séparait ! La culture, l'aspect physique, l'argent... deux mondes si différents !
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2020/02/anna-gould-et-boni-de-castellane.vous-connaissez.html
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