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Accueil du site > Culture & Loisirs > Auprès de mon arbre, Je vivais heureux...

Auprès de mon arbre, Je vivais heureux...

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Un bel hommage à la nature et à la simplicité dans cette chanson de Georges Brassens, intitulée Auprès de mon arbre... une chanson qui nous dit aussi la nostalgie d'une présence aimée, le regret d'un bonheur passé, simple et sans prétention...

Le poète personnifie son arbre, son chêne, dès le premier couplet, une façon de le magnifier et de mettre en évidence toute son importance :

"J'ai plaqué mon chêne
Comme un saligaud,
Mon copain le chêne,
Mon alter ego..."

Il le présente comme un ami familier qu'il a trahi en utilisant un langage à la fois populaire et savant : c'est là une des caractéristiques et une des saveurs de la poésie de Brassens.... Le verbe "plaquer" est à la fois fort et familier, ainsi que l'adjectif "saligaud" alors que l'expression latine "Mon alter ego" appartient, elle, à un registre soutenu.

Et cet ami le chêne était d'autant plus proche que le poète pouvait se confondre avec lui comme le suggère cette image : "On était du même bois", une belle image qui associe l'homme et l'arbre en une fusion parfaite.

C'est aussi un ami simple, "un peu rustique, un peu brut" qui est évoqué... un ami sincère, sans artifices... et donc d'autant plus précieux.

 

En opposant l'imparfait, temps du passé au présent, le poète suggère déjà le regret d'un bonheur révolu :

"J'ai maint'nant des frênes,
Des arbres de Judée,
Tous de bonne graine,
De haute futaie..."

Le poète reste, certes, entouré d'une multiplicité d'arbres plus raffinés, mais il a perdu une relation intime, unique avec son ami le chêne, ce que montrent bien le tutoiement dans le vers suivant et les belles images valorisantes associées à l'arbre :

"Mais, toi, tu manque' à l'appel,
Ma vieill' branche de campagne,
Mon seul arbre de Noël,
Mon mât de cocagne !"

Les adjectifs possessifs "ma", "mon" restituent aussi une relation privilégiée.

 

Le refrain réitéré avec l'emploi de l'imparfait rappelle le bonheur inoubliable d'autrefois qui a été perdu et les conditionnels passés traduisent le regret :

"Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J'aurais jamais dû m'éloigner de mon arbre...
Auprès de mon arbre,
Je vivais heureux,
J'aurais jamais dû le quitter des yeux..."

 

Et on retrouve l'idée de simplicité, d'absence d'artifices dans le couplet suivant, avec, cette fois, l'évocation de la pipe en bois elle aussi personnifiée et valorisée, une pipe complice des jours difficiles :

"Je suis un pauv' type,
J'aurai plus de joie :
J'ai jeté ma pipe,
Ma vieill' pipe en bois,
Qui' avait fumé sans s' fâcher,
Sans jamais m' brûler la lippe,
L' tabac d' la vache enragée
Dans sa bonn' vieill' têt' de pipe..."

Le pluriel dans les vers suivants souligne, à l'inverse, une certaine aisance, ainsi que les ornements et la qualité de ces objets : 

"J'ai des pip's d'écume
Orné's de fleurons,
De ces pip's qu'on fume
En levant le front"

Mais "lever le front", c'est prendre un air supérieur et arrogant, bien loin de la simplicité de la vieille pipe en bois que regrette le poète...

 

Nouveau couplet, nouvel abandon : cette fois, c'est la femme du poète qui en a fait les frais, et l'on retrouve ce mélange amusant de langage familier et de vocabulaire soutenu :

"Le surnom d'infâme
Me va comme un gant :
D'avecque ma femme
J'ai foutu le camp,
Parc' que, depuis tant d'anné's,
C'était pas un' sinécure
De lui voir tout l' temps le nez
Au milieu de la figure..."

Et le poète se voit donc obligé de chercher une nouvelle compagne aussi attentionnée...
 

Dernière infidélité du poète, avec l'évocation du logement : "une mansarde avec des lézardes Sur le firmament..." qui avait donc l'avantage d'une ouverture sur le ciel et ses splendeurs, notamment la Grande Ourse, et qui permettait au poète d'inviter "des belles de nuit" à faire un tour sur la Grande Ourse.

 

Désormais protégé de la pluie, le poète regrette ce ciel ouvert sur le ciel, sur le spectacle des étoiles... mais on peut bien sûr percevoir un sens plus coquin dans les derniers vers de la chanson : "monter aux cieux", ce peut-être "monter au septième ciel", et dans l'expression : Y' a cent sept ans, qui dit mieux, Qu' j'ai pas vu la lune !", on peut voir encore une allusion coquine.

La mélodie est simple, limpide, lumineuse, à l'image des idées exprimées.

 

Un message essentiel dans cette chanson : le bonheur est fait de choses simples, et d'une certaine fidélité à ce que l'on aime... Ce classique de Brassens sorti en 1956 qui vante les valeurs simples et solide est d'une brûlante actualité et pourrait être médité dans notre monde d'apparences : ne devrions-nous pas nous engager sur le chemin d'une simplicité volontaire et enfin préférer l'essentiel à l'accessoire ?

 

Les paroles :

https://www.paroles.net/georges-brassens/paroles-aupres-de-mon-arbre

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2024/08/aupres-de-mon-arbre-je-vivais-heureux.html

 

Vidéo :

 


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5 réactions à cet article    


  • cevennevive cevennevive 7 septembre 11:01

    Bonjour rosemar,

    J’aime les arbres, j’aime Georges Brassens et je connais presque toutes les paroles de ses chansons.

    Alors, je salue votre article.

    Si au moins une bonne moitié de l’humanité avait l’état d’esprit de Brassens, comme nous serions heureux !!!


    • rosemar rosemar 7 septembre 13:26

      @cevennevive

      Merci pour ce message... les bonheurs les plus simples sont les meilleurs...
      De nos jours, nous avons tendance à ne plus voir ces bonheurs minuscules mais si importants que nous apporte la nature...

      http://rosemar.over-blog.com/2024/01/les-bonheurs-minuscules.html

      Bonne journée


    • ETTORE ETTORE 10 septembre 16:11

      Voyez vous, rosemar, je suis de plus en plus persuadé, que ceux qui sont les plus heureux, sont bien ceux, qui ne sont pas « descendu de l’arbre » !

      A en voir certains, qui, une fois chus de leur habitat primaire, veulent à tout prix, et coute que coute, gravir l’échelle de la renommée....

      Et quand on voit le résultat de leurs « grimpettes sociales », on se dit que quand même, même si on les traite de bonobo, par similitude d’ actions, ils sont loin de l’intelligence comportementale, de qui, ils n’ont, en finalité, usurpé, que le nom !


      • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 10 septembre 19:47

        Vous voyez donc une allusion coquine dans ces vers : « Y’ a cent sept ans, qui dit mieux, Qu’ j’ai pas vu la lune ! ».

        Il me semble que, telle la Pénélope de Brassens vous caressez facilement de jolies pensées interlopes !

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