C’est la romance de Paris...
Une chanson célèbre, associée à la ville de Paris : on la doit à Charles Trenet... elle est l'un des plus grands succès de son répertoire, ainsi que l'un des classiques de la chanson française, des valses musettes et des chansons sur Paris.
La chanson commence avec l'évocation d'un couple d'amoureux totalement anonymes, désignés simplement par le pronom "ils". On peut ainsi facilement s'identifier à ces personnages qui ne sont pas décrits. On apprend que leur amour vient d'éclore "depuis deux jours à peine", mais cet amour semble voué à se prolonger, comme le suggère l'imparfait à valeur durative : "Ils s'aimaient."
Leur amour est associé au bonheur, à des images valorisantes qui font songer à autant de clichés : "un rêve bleu comme les anges... un vrai printemps"... l'occasion d'évoquer la jeunesse de ces amoureux : "leurs tendres vingt ans." Et cet amour efface aussi toutes les peines et tous les malheurs.
On a là une vision totalement idyllique, ce que suggère bien d'ailleurs le refrain de la chanson : "C'est la romance de Paris"... le terme de romance désignant souvent une "bluette sentimentale d’inspiration populaire et naïve".
Une romance qui se répand comme le suggère bien une image encore conventionnelle : celle de la romance qui "fleurit, au coin des rues."
Une romance qui fait du bien, malgré tout, même si c'est du rêve et une illusion :
"Ça met au coeur des amoureux
Un peu de rêve et de ciel bleu"
On retrouve le cliché du "ciel bleu" déjà utilisé.
Et on retrouve aussi une idéalisation dans les vers qui suivent, l'adverbe "gentiment" étant souligné par un intensif, et un vocabulaire hyperbolique étant associé à l'amour :
"Ce doux refrain de nos faubourgs
Parle si gentiment d'amour
Que tout le monde en est épris"
Et la vision idyllique se poursuit dans le couplet suivant qui décrit "la fin de semaine des amoureux" : on les voit "partir en banlieue, cueillir du muguet dans les bois, naviguer, boire du vin blanc dans les guinguettes, et s'embrasser"... Les verbes à l'imparfait : "ils partaient, ils buvaient, il lui prenait un baiser" traduisent un bonheur qui s'éternise et se répète inlassablement.
Trop beau pour être vrai !
Et le narrateur de jouer avec la belle histoire qu'il nous raconte, intervenant même en employant la première personne et interpellant l'auditeur :
"C'est ici que s'arrête mon histoire
Vous aurez de la peine à me croire ?"
D'autant que le poète évoque ensuite un amour éternel malgré le temps qui passe : "il s'aimèrent chaque jour... ils vieillirent avec leur tendre amour". On retrouve l'emploi de termes hyperboliques : "ils fondèrent une famille admirable, ils eurent des enfants adorables."
Et même la mort des amoureux se déroule "gentiment." Une vraie romance ! Un beau conte de fées qui nous transporte dans un monde idéal fait de ciel bleu, de bonheur intangible...
Mais qui peut y croire ? C'est la romance de Paris qui nous fait rêver ! Et ce n'est déjà pas si mal !
Peut-être aussi une façon très moderne de tourner en dérision la romance dont on nous berce souvent...
La mélodie elle-même nous fait rêver : emplie de douceur, de gaieté, et de charme...
Pour mémoire :
"Influencé par l'important succès populaire des accordéons, des flonflons des guinguettes et bals musettes parisiens d'alors, et par le style fleur bleue des années 1930, Charles Trenet évoque avec sa chanson composée en 1941 (en pleine période très sombre et très grave de guerre mondiale, d'occupation nazie, et de film noir) la romance amoureuse idyllique heureuse de deux jeunes amoureux parisiens, qui s'aimèrent toute leur vie."
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2024/07/c-est-la-romance-de-paris.html
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