J’ai laissé sur une planisphère...
Une chanson qui évoque l'éloignement de celle qu'on aime, c'est, là, un thème plein de mélancolie : ce sujet est abordé, avec tendresse et poésie, par Alain Souchon dans une chanson intitulée Le coeur grenadine, mise en musique et interprétée par Laurent Voulzy...
Le texte est imagé, puisqu'il est question d'une "mandarine", dans laquelle le poète a laissé un morceau de son coeur, ainsi qu'une coquille de noix et une voile, symboles du voyage désiré, des îles lointaines, d'où est originaire Laurent Voulzy.
La mandarine représente bien le soleil et ces îles de Martinique, de la Guadeloupe, chères au coeur du chanteur...
"Le vent tropical", le "pays sucré doucement" suggèrent ces paysages lointains, au climat plein de douceurs.
Au passage, le poète rappelle qu'il est né dans "le gris" à Paris, alors que ses racines, celles de ses parents, de ses ancêtres se trouvent en Guadeloupe.
Des images de "jolie Doudou, sous le soleil" obsèdent le poète, qui est comme exilé : il voit ces images dans les tiroirs, dans son sommeil, jour et nuit, semble-t-il nous dire.
Le verbe "laisser" revient, comme pour mieux souligner l'idée d'abandon de ces terres originelles.
Le poète les a laissées "sur une planisphère" et ces îles deviennent des "points entourés d'eau", comme pour souligner des coins perdus, sur la planète, qui paraissent dérisoires et lointains.
L'image de la "fille au corps immobile ", qui suit, semble bien représenter cette île de la Guadeloupe, à l'autre bout du monde, une fille inaccessible, avec laquelle on ne peut danser la "biguine".
L'île est, ainsi, magnifiquement personnifiée...
Le refrain rappelle, d'une façon poétique et imagée, que le coeur du poète est ailleurs, dans ce pays : "j'ai le coeur grenadine", dit-il... une façon de suggérer et d'évoquer les "îles Grenadines", proches de la Martinique.
Le poète en est réduit à caresser du papier, pendant des nuits, à écrire des textes, à lire des lettres de ces terres lointaines.
L'absence de soleil sur la peau, l'absence de cet amour éloigné sont évoquées de manière obsédante, par des répétitions du mot "nuits", du verbe "passer", de l'adverbe "tellement".
L'île se transforme en jeune femme qui porte "des traces de sel sur les paupières", au "corps tout mouillé", qui attend impatiemment son amoureux.
Et le poète en perd tout"plaisir" de vivre. La distance : "à cinq mille lieues derrière la mer" aggrave la douleur et rend impossible tout rapprochement.
"Tout mon coeur est resté là-bas" , affirme le poète, jolie phrase qui souligne le profond attachement au pays d'origine, aux racines. Et pourtant, le chanteur ne connaît même pas ce pays lointain, où il n'est jamais allé : la mélancolie est d'autant plus grande !
L'île, sans cesse, assimilée à une jeune femme aimée devient, dans ce poème, une image pleine de vie : elle s'anime sous nos yeux et paraît être l'essentiel pour l'auteur.
La mélodie à la fois douce et mélancolique traduit bien l'amour et la nostalgie de ce pays inconnu et mythique.
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/article-j-ai-laisse-sur-une-planisphere-124765444.html
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