L’annulation enchaîne les succès
Le tube de l’année
C’est le seul tube de l’année dans le monde du spectacle. Sur toutes les affiches, un nouvel invité vient barrer le visuel, il s’impose comme la grande vedette de l’heure. Son nom est si gros que par contrat sans doute, l’artiste a réclamé qu’il soit inscrit en travers de l’image, barrant celle-ci de son patronyme agressif : « Annulé ! »
Bien-sûr le doute subsiste sur cet artiste qui ne se montre pas. Pour les uns, il est masculin quand, à d’autres moments son nom apparaît flanqué de la marque du féminin. Pas de bataille infructueuse de la langue inclusive, avec lui ou elle l’exclusion est à l’ordre du jour : « Circulez, il n’y a plus rien à voir, entendre, admirer ! »
L’annulation enchaîne dira l’humoriste, elle entrave lui répondra l’amateur soucieux de démocratie, elle annihile lui rétorquera le spectateur frustré, elle nous met en danger de mort s’exclament horrifiés les organisateurs de festivités. Mais qu’importe, il convient de barrer la route au maudit virus par la mélancolie générale, la sinistrose, la neurasthénie d’état. Tout est bon pour aliéner le bon peuple et le clouer devant le seul spectacle qui vaille : la télévision anxiogène.
Le tube cathodique a laissé la place à l’écran plat pour mieux écraser les consciences et réduire en miettes toutes les têtes qui dépassent. Tout est bon pour semer peur et effroi en espérant une merveilleuse récolte de traumatisés de la liberté, d’amputés de la curiosité et de l’esprit critique, de moutons rasés, tondus et bientôt bons pour l’abattoir.
La culture est aux fers, les associations dans le rouge, la liberté aux abonnés absents. Les annulations en chaîne ont fracassé le monde socio-culturel, réduit en cendres le tissu social. C’est le but même de cette révolution sanito-libérale que de supprimer tout ce qui pourrait entraver sa reprise en main de la société.
La cellule interministérielle de crise écrit la partition, les préfets sont à la baguette à moins que ce ne soit une trique pour diriger l’interprétation de cette mélodie du silence sur tout le territoire. La Culture et le monde associatif sont bâillonnés pour que chacun dispose d’assez de temps pour travailler et se rendre dans les supermarchés. Travail – Caddie – Ennui, telle est la nouvelle devise d’une République en état de mort cérébrale.
Annulation n’a pas fini sa tournée, pas une tournée dans les bars, ils sont une nouvelle menace. Une tournée mondiale pour détruire toute opposition au dogme libéral, pour réduire en miettes toute velléité de changement de modèle. Annulation est le chevalier blanc de cette farce. Partout où son nom apparaît, il y a des acteurs de terrain victimes d’un arbitraire sans fondement, d’une volonté d’imposer le vide.
Attila a trouvé son maître. Là où Annulation passe, il y a de fortes chances que plus rien ne pousse l’année prochaine ou les années suivantes (nous ne sommes pas à l’abri d’une posologie sur deux années pour anéantir toutes les poches de rébellion). Plus de concerts, plus de chorales, plus de compétitions sportives amateurs, plus de clubs pour le troisième âge, plus de soirées entre amis. Le mal est si profond que Annulation pénètre tous les secteurs, investit tous les domaines, s’attaque à toutes les catégories sociales, s’en prend à toutes les tranches d’âges.
Comme tout ceci est savamment orchestré par un pouvoir qui se plie au délire mondial sous les ordres de l’industrie pharmaceutique, les canailles ne risquent rien, la réaction en chaîne n’est pas pour demain dans les peuples. Les laboratoires préparent dans le secret de leurs officines, le remède miracle pour lobotomiser la planète entière. Seule la culture eût pu réveiller les consciences, il était de toute urgence de la réduire à néant. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si en France c’est une ancienne ministre de la santé qui en a pris les rênes. Rien que de très logique dans tout ça !
Annulationnement leur.
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