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Accueil du site > Culture & Loisirs > Les ailes de mon âme à tous les vents des mers...

Les ailes de mon âme à tous les vents des mers...

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Les voiles marines ne sont-elles pas le symbole même du voyage, de l'évasion ? Le voyage a inspiré tant de poètes, au 19 ème siècle, depuis les auteurs romantiques, jusqu'à Baudelaire... L'exotisme est un thème récurrent dans la littérature du 19 ème siècle : Chateaubiand est, sans doute, un des initiateurs de cette thématique, avec son Itinéraire de Paris à Jérusalem...

 

C'est ce thème du voyage maritime que l'on retrouve dans un poème de Lamartine, intitulé Les voiles. Le texte se présente comme une confidence intime, avec l'emploi de la première personne du singulier : "j'étais, j'ouvrais", on perçoit un registre lyrique, marqué, aussi, par le vocabulaire de l'intimité : "mon âme, ma pensée, mes rêves"...

 

Le voyage est souvent associé à la mer, à ses flots infinis, le poète devient même un oiseau qui ouvre ses ailes, pour mieux goûter à ce bonheur de la découverte et du voyage...

 

Image de liberté, l'oiseau représente une soif d'absolu, une envie de parcourir le monde, de tout découvrir, comme le suggèrent les nombreux pluriels "tous les vents des mers, les voiles, les flots amers, des continents, des îles..."

La mer est un univers de "rêves", elle emporte l'imagination du poète, elle est liée à des images pleines de beauté et d'harmonie : "les voiles" des navires, la "nef qui blanchit l'écume"... Ainsi, surgissent des tableaux teints de couleurs limpides, le bleu, le blanc de l'écume et des voiles...

 

Les sonorités de fricatives, pleines de douceur, viennent souligner cette harmonie : "les vents des mers, les voiles, mes rêves flottaient sur les flots"

Le poème developpe, aussi, le thème de la fuite du temps, un lieu commun de la littérature romantique : ainsi, Lamartine oppose constamment le passé et le présent...

On remarque des contrastes évidents, dans les temps employés : l'imparfait, au début du poème, sert à évoquer la jeunesse et ses certitudes triomphantes : "Quand j'étais jeune et fier..."

Le présent apparaît, ensuite, au milieu du poème : "j'aime encore". On trouve, aussi, deux adverbes de temps antithétiques : "maintenant, autrefois".

Le passé était rayonnant, rempli d'espoirs, de rêves, le vocabulaire qui lui est associé valorisant et élogieux, évoque un bonheur débordant : "verdoyants, des continents de vie, de îles de joie"

On y entrevoit des rêves de "gloire et d'amour", un avenir qui semblait, autrefois, prometteur et brillant...

A l'inverse, le présent est triste et montre toutes les déceptions qu'a pu vivre le poète : à la "vie" s'oppose l'idée de "mort", à la verdure s'opposent "des débris"... Les voyages vécus ont apporté déception et désillusions.

Les rêves du poète semblent s'être brisés face à la réalité du monde...

 

Le poète apparaît meurtri par le temps qui passe, le vocabulaire péjoratif, le champ lexical de la mort et de la destruction soulignent une forme de désespoir "morts, débris, brisa, ce bord funeste, ma fortune sombra".

Les rêves de voyages et de bonheur se sont transformés, et ont fait naufrage, ce que suggère bien le verbe "sombrer"...

Les sonorités de gutturales, présentes dans le dernier quatrain mettent en évidence une forme d'amertume et de tristesse : "Cet écueil se brisa, ce bord surgit, ma fortune sombra, la foudre sur moi, chacun de ces flots roule un peu de mon coeur"...

 

Le poète se confond, à la fin du poème, avec l'élément marin, puisque les flots en viennent à "rouler" et emporter le "coeur" même de Lamartine....

Belle fusion du poète avec la mer qui conclut ce texte ! La mer, ses vagues semblent à la fois bercer et tourmenter l'auteur... et on retrouve, ainsi, dans le dernier vers, à la fois, la beauté des flots, mais aussi leur agitation permanente, symbole de désarroi.

Dans ce texte, Lamartine met en évidence toutes les désillusions de l'homme face au temps qui passe, il montre, aussi, toutes les beautés et les harmonies de la mer, qui fait rêver tous les hommes, rêves d'infini, de mystères, de liberté.

Le voyage peut représenter, aussi, la vie humaine, traversée d'épreuves, de difficultés, d'obstacles divers, avec "l'écueil, la foudre"...

On perçoit bien toute la mélancolie de ce poème : le voyage devient une métaphore de la vie humaine, tragique, douloureuse...

 

Le poème : 

Les voiles

Quand j'étais jeune et fier et que j'ouvrais mes ailes, 
Les ailes de mon âme à tous les vents des mers, 
Les voiles emportaient ma pensée avec elles, 
Et mes rêves flottaient sur tous les flots amers.

Je voyais dans ce vague où l'horizon se noie 
Surgir tout verdoyants de pampre et de jasmin 
Des continents de vie et des îles de joie 
Où la gloire et l'amour m'appelaient de la main.

J'enviais chaque nef qui blanchissait l'écume, 
Heureuse d'aspirer au rivage inconnu,
Et maintenant, assis au bord du cap qui fume, 
J'ai traversé ces flots et j'en suis revenu.

Et j'aime encor ces mers autrefois tant aimées, 
Non plus comme le champ de mes rêves chéris, 
Mais comme un champ de mort où mes ailes semées 
De moi-même partout me montrent les débris.

Cet écueil me brisa, ce bord surgit funeste, 
Ma fortune sombra dans ce calme trompeur ;
La foudre ici sur moi tomba de l'arc céleste 
Et chacun de ces flots roule un peu de mon coeur.

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2015/07/les-ailes-de-mon-ame-a-tous-les-vents-des-mers.html

 

 

Vidéo :

 


Moyenne des avis sur cet article :  1/5   (11 votes)




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27 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 15 septembre 2021 09:09

    @Fergus
     
     ’’Bonjour, rosemar. La poésie, cela peut être très beau.’’
     
     smiley  smiley  smiley


  • troletbuse troletbuse 14 septembre 2021 19:27

    Le titre, il ne restera pas dans les annales.


    • Clark Kent Séraphin 14 septembre 2021 21:32

      @troletbuse

      Tu aimes les doubles ? En voilà une triple :

      "Avis de tempête : Rosemar apeurée, verte, gesticule ! Gros fracas dans les coques.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 septembre 2021 21:36

      @Séraphin
      Et même pas honte ...pffff ...


    • rosemar rosemar 14 septembre 2021 21:44

      @Aita Pea Pea

      Même pas honte, en effet !


    • troletbuse troletbuse 14 septembre 2021 21:55

      @Séraphon
      Je suis mauvais, je te l’ai déjà dit. Mais finalement j’ai trouvé les 3. Dur, dur
      Mais qu’elle est bonne ! Tiens, j’en ris encore smiley


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 septembre 2021 22:43

      @ZXSpect
      mais bon des fois... Lol


    • Fergus Fergus 15 septembre 2021 09:09

      Bonjour, troletbuse

      Heureusement que vous avez écrit « annales » et non « anales », j’aurais pensé que vous confondiez les brises et les alizés avec les émanations cassoulet. smiley


    • troletbuse troletbuse 15 septembre 2021 09:33

      @Fergus
      Eh oui Fergus, la culture ou plutôt la lecture. Comme mon instit partait à la retraite, on faisait un peu ce qu’on voulait dans la classe. Chaque matin, le travail à faire était inscrit sur un grand tableau fixé en haut su mir derrièrfe son bureau. Ce tableau occupait toute la largeur de la classe. A 13 ans, j’avais lu toute la bibliothèque de mon école primaire ; environ 250 livres dont le sapeur Camembert et le savant Cosinus, les 2 seules bandes dessinées de l’époque. Je ne connaissais aucune règle d’orthographe mais c’était uniquement de la mémoire visuelle. Je les ai seulement apprise en 6eme par mon prof de mathématiques. A ce moment, tous les « profs » étaient des instituteurs qui étaient excellents.
      Pour « annales » je n’avais même pas fait le rapprochement tant l’expression « rester dans les annales » étaient courante. Les jeunes d’aujourd’hui la comprennent-ils ?
      J’en doute.
      J’en profite pour vous dire : Vous avez l’esprit mal tourné, Fergus. Pas de ça chez moi ! smiley


    • Clark Kent Séraphin 15 septembre 2021 10:01

      @cyrus

      Il y a une autre solution pour les trois premiers mots : pour avoir « avis de tempête », il n’est pas nécessaire de rire, ni de tirer la barbichette !

      Mais attention : les grosses tempêtes risquent d’abimer la vieille route.


    • troletbuse troletbuse 15 septembre 2021 11:37

      @Séraphin
      Tu parles d’autoroute à deux voies là.  smiley


    • JC_Lavau JC_Lavau 14 septembre 2021 21:24

      Plus c’est nul, et plus ça paraît vite quand même. En dépit des notes abyssales données par les lecteurs-modérateurs.


      • rosemar rosemar 14 septembre 2021 21:45

        @JC_Lavau

        Gros JALOUX !


      • JC_Lavau JC_Lavau 16 septembre 2021 21:06

        @rosemar. QUI est gros ?


      • phan 14 septembre 2021 22:43
        Le vent siffle dans la rue du quai, le monde est glauque et ça s’écrit « (GLLOQ) »

        • JC_Lavau JC_Lavau 15 septembre 2021 09:01

          La voilerie était un métier d’hommes : les toiles étaient fort épaisses, comme des peaux de rhinocéros. Elle a fait combien de points de couture, avec la paumelle et l’aiguille de voilier, la rosemarde ?

          Ah wi, mais Saint Bol et Saint Glé !


          • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 15 septembre 2021 09:04

            « La mer n’a jamais été amicale envers l’Homme. Tout au plus elle fut complice de l’impatience humaine. » Joseph Conrad

             

             Je n’ai jamais rencontré de vieux marin qui dise aimer la mer : la passion romantique exprimée pour la mer et les bateaux, c’est une illusion de citadin.


            • Fergus Fergus 15 septembre 2021 09:22

              Bonjour, Francis, agnotologue

              C’est souvent vrai, mais il ne faut pas généraliser : même s’ils en ont bavé dans leur vie, il est d’anciens marins qui restent farouchement amoureux de la mer comme si celle-ci était une maîtresse redoutable qui continue de les fasciner.

              Allez en discuter avec les vieux marins du Guilvinec ou avec d’anciens de la marine marchande et vous constaterez que les avis sont très partagés sur le sujet.

              A cet égard, Louis Kermarec  le derniers des « Islandais » (pêcheur d’Islande), décédé il y a une vingtaine d’années  faisait partie de ceux qui restaient profondément attachés à la mer. Et c’est pourquoi, retraité, il avait gréé un sardinier pour ses sorties en mer.


            • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 15 septembre 2021 09:37

              @Fergus
               
              ’’d’anciens marins qui restent farouchement amoureux de la mer comme si celle-ci était une maîtresse redoutable qui continue de les fasciner’’
               
               Cliché. Ça plaira sûrement à rosemar.


            • Fergus Fergus 15 septembre 2021 09:47

              @ Francis, agnotologue

              Vous devez vous douter que j’ai rédigé cette phrase ainsi à dessein. smiley


            • troletbuse troletbuse 15 septembre 2021 15:46

              @Fergus
              Dessein de Rosemar, bien entendu, poil au


            • L'apostilleur L’apostilleur 18 septembre 2021 22:12

              @Francis, agnotologue
              « ... Je n’ai jamais rencontré de vieux marin qui dise aimer la mer... »
              Moi non plus, sauf qu’ils ne peuvent pas s’en passer. Celui auquel je pense me racontais sa jeunesse sur un voilier de pêche à Etel et comment il s’était retourné avec son petit pêche promenade un jour d’hiver devant la barre. Il avait passé ses 75 ans... 


            • ETTORE ETTORE 15 septembre 2021 18:00

              Bonjour Rosemar....

              Les voiles marines.... Bah faut être breton pour apprécier sans doute.....lol

              Cela se fait chahuter par la mer, sont gonflées à en être immobiles.....

              Bon, faut aimer....

              Pour moi, la/le seule « voile romantique », est celle portée en écharpe, par une femme, dans un magnifique cabriolet rouge, et qui enroule le vent, comme une signature de parfum entêtant, le long d’une petite route, qui serpente en bord de mer, à l’écume sauvagement blanche.

              Voyez, là, c’est l’ode au mouvement, allié au vent, qui habille la femme, de cette vibration flottante.......Et généralement avec le sourire.


              • Fergus Fergus 15 septembre 2021 19:01

                Bonsoir, ETTORE

                Dangereux, l’écharpe au vent. C’est ce qui a causé la mort de la danseuse Isadora Duncan sur une route de l’arrière-pays niçois : l’écharpe prise dans les rayons de sa voiture, elle a été éjectée du véhicule.


              • ETTORE ETTORE 15 septembre 2021 20:31

                Bonsoir Fergus....

                Bon, il y en a qui se prennent les pantalons dans la chaine du vélo .... LOL !


                • L'apostilleur L’apostilleur 18 septembre 2021 22:22

                  Aristote aurait dit,

                  « Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer. »

                  Voilà un sentiment qui en dit long sur ce qu’ont pensé les hommes au fil des siècles ...

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