Ma galette bretonne
Ne pensez pas qu'il s'agisse de l'incontournable kouign-amann ou bien plus localement du gourmand Baulois. L'un déborde de beurre, l'autre de chocolat tandis que la galette dont je veux vous délecter ne sera nullement responsable de votre taux de cholestérol. Il est d'ailleurs fort probable que vous ne puissiez pas la dévorer mais tout juste la déguster avec vos oreilles.
Cette galette en question, pour ceux d'une génération qui a connu le vinyle est très plate, parfaitement ronde et percée en son centre d'un petit trou. Elle se glisse insidieusement dans un appareil aujourd'hui en voie de disparation pour écouter de la musique sans passer par l'immense toile numérique. Autant dire, que les plus jeunes ignoreront ce dont je vais vous parler.
Les Fous de Bassan du Pouliguen ont sorti leur cinquième album. C'est justement cette fameuse galette qui ne se mange pas mais dont tout à chacun peut se délecter sans modération à condition de ne pas pousser l'amplification au-delà du raisonnable pour vos oreilles et votre voisinage. Remarquez qu'en la circonstance, il est préférable d'écouter les paroles et les harmonieuses mélodies plutôt que de forcer sur les basses.
Des basses justement, elles sont dignement représentées par de solides matelots largement burinés par les embruns et le sel. Ils ne sont pas les seuls dans ce cas, les ténors ne leur envient rien à l'exception d'une dame perdue dans ce pupitre alors que les soprani et les alti font assaut de charme et assurent l'autre spectre de la balance sonore.
C'est ainsi que se constitue l'équipage d'un rafiot qui bourlingue sur la côte depuis bientôt vingt ans avec aux commandes et au piano à bretelles une capitaine fort bien secondée par un moussaillon intrépide, spécialiste des cordes en tous genres. Deux nouveaux gabiers sont venus compléter la manœuvre que scande un hortator en frappant le tempo sur une caisse en bois.
Vous l'avez compris, il s'agit de drôles d'oiseaux et oiselles qui en musique, poussent la chanson de marin en chœur. Les Fous de Bassan du Pouliguen aiment à picorer dans le répertoire classique de ce genre fort prisé sur le littoral tout en prenant de contre-pied le spectateur avec des titres tirés de la variété de qualité. Pour pousser le bouchon plus loin encore, ils ont consenti une place à votre serviteur avec 4 textes qui sortent du cadre habituel.
Je ne peux que les remercier de ce formidable présent qui me comble de bonheur d'autant plus que l'un des titres m'a fait dresser les poils des bras. Leur interprétation du « Cimetière des vieux bateaux » a été accueillie dans un recueillement de cathédrale dans cette vaste salle des fêtes, pleine comme un œuf. Pas un bruit, une écoute qui fut suivi d'un silence qui pour une fois n'était pas de Mozart.
Le spectacle terminé, nombreux furent les spectateurs à venir me féliciter pour ce texte, évoquant un aspect de la Marine souvent délaissé. Plus flatteur encore ce furent les commentaires des choristes disant le plaisir qu'il prenait à interpréter cette chanson tout en ressentant l'émotion gagnée par le public. Quant aux deux compositeurs Nathalie la cheffe de Chœur et Jean-Jacques le multi instrumentiste mélodiste, c'est moi qui leur avouais mon enchantement devant ce qu’ils avaient ainsi créé pour le plus grand bonheur de tous.
Ne prenez pas ce récit pour de la flagornerie ou un quelconque orgueil mal placé. J'ai le désir sincère que vous soyez très nombreux à découvrir cette chorale tout simplement parce qu'elle le mérite. Quant à la fève dans cette galette bretonne, permettez-moi de rêver que mes amis Les Fous de Bassan du Pouliguen puissent être les hôtes du prochain festival de Loire. Mais ceci n'est nullement de mon ressort…
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