10 000 : Emmerich pète les plombs !
Membre d’une tribu vivant dans les montagnes, D’leh, un jeune chasseur, est épris d’Evolet. Lorsque de mystérieux guerriers pillent son village et kidnappent Evolet, D’leh prend la tête d’un petit groupe de chasseurs et se lance à la poursuite des ravisseurs. Au cours de son périple, D’Leh et ses amis affronteront des tigres à dents de sabre et autres prédateurs préhistoriques...

Samedi après-midi, ce week-end de Pâques est vraiment parti pour être bien
froid et n’incite guère à la promenade. Alors pourquoi ne pas se faire une toile
peinard, me dis-je. Passionné de préhistoire et sur la base du scénario
ci-dessus, je me dis qu’un film du réalisateur du Jour d’après et d’Independance
Day ne peut être foncièrement mauvais ; après tout si le film est
distrayant, que les effets spéciaux tiennent leurs promesses et que l’histoire
tient la route, ça sera toujours un bon moment de passé !
Eh bien, je crois qu’après avoir vu ce film, ma vision de l’histoire
néolithique va complètement changer ! Moi qui pensait me retrouver au temps de La Guerre du feu, avec des tribus faisant des prisonniers dans d’autres tribus
façon Apocalypto, après une vingtaine de minutes, on bascule du monde
des chasseurs de mammouths chers à J. M Auel
à celui des aventures extraordinaires du dernier des cimériens, Conan le
barbare.
En effet, le début du film place la tribu des Yagals dans des montagnes qui
pourraient les Alpes ou le Caucase, et les chasseurs néolithiques attendant la
venue des derniers mammouths semblent crédibles, jusqu’au moment où des
envahisseurs montés sur des chevaux, plutôt de l’âge de bronze capturent la
belle et nombre de membres de la tribu et emportent les captifs avec eux vers
leur future vie d’esclave. Ils passent bizarrement de la haute montagne à une
jungle tropicale où d’horribles oiseaux genre diatryma les attaquent, mais dans un délire spielbergien, les bêtes ont triplé de taille
et grimpent aux arbres en s’aidant de leurs becs, et vivaient il y a 60 à 50
millions d’années, un détail.
Puis vient la scène où D’leh sauve un smilodon coincé au fond d’un piège,
triplé de taille lui aussi, et la bête reconnaissante empêchera que ne soit
massacré nos héros par la population africaine d’un village venant lui aussi
d’être victime d’une razzia de la horde de pillards. Et après on ne le reverra
plus, dommage, ça aurait pu être un personnage intéressant ! Et puis ça fait
mince en nombre de prédateurs préhistoriques ! Les Dokous se joignent aux Yagals pour poursuivre à travers le désert en ligne droite les pillards qui eux
ont prix des bateaux genre felouques pour amener les captifs à leurs maîtres,
des tyrans construisant des pyramides au milieu de rien en se servant de
mammouths aux défenses coupées comme animaux de trait et de milliers d’esclaves
; leur ancien royaume a été englouti, s’agit-il des descendants des populations
de l’Atlantide, ces cruels tyrans aux doigts griffus comme des mandarins de la Chine ancienne ? Nul ne le sait, mais eux avaient prédit l’arrivée du chasseur
comme la venue d’un messie et de l’influence néfaste d’une esclave qui porte
sur la main des cicatrices positionnées comme les étoiles de la galaxie d’Orion.
Ce qui surprend, c’est l’étonnante facilité avec laquelle nos héros
fomentent une mutinerie, se débarrassent des gardes et que D’leh tue d’un seul
jet de lance le chef des esclavagistes trop imprudemment exposé. Un minimum de
suspense aurait quand même été le bienvenu. Evolet, tuée par la flèche d’un des
pillards amoureux transi de la belle, revient miraculeusement à la vie grâce au
souffle de vie venant de la chamane de la tribu qui meurt dans le même temps au
fond des montagnes, tout est bien qui finit bien et nos héros Yagals repartiront
chez eux avec les petites graines pour faire pousser le blé grâce auquel la
tribu n’aura plus jamais faim, sauf que ce sont de magnifiques grains de maïs
qui, comme tout un chacun est censé savoir, ne poussait alors qu’aux Amériques.
Avec plus de 70 millions de dollars de budget, on aurait pu attendre mieux
d’Emmerich, un spécialiste des blockbusters totalisant des millions et des
millions d’entrées, que ce conte pour ados vaguement humaniste !
Je crois bien que ce film-là sera bien loin des scores du Jour d’après, y
compris dans les vidéothèques ! Bien d’honnêtes téléfilms feraient aussi pire
pour bien moins cher ! En France, il méritera bien un Gérard 2008 ! Et un prix
spécial pour l’intensité du bleu et les couleurs trop vives et digitalisées.
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