10 slows poisseux pour engluer les mouches
Dix titres pour appuyer là où ça fait mal. Pour nous rappeler que oui, (pour les slows du moins), c’était mieux avant. Que nos fêtes ont précédé nos défaites.
Que certes, Aline, Sabine, Jessica et autres Morgane (rayer les mentions inutiles), se sont barrées depuis, un soir de pluie ou de pleine lune, dans le cimetière des souvenirs. Mais que sans doute, si le malheur nous les faisait recroiser 20 ou 30 ans plus tard, on admettrait que c’est mieux ainsi qu’elles soient parties… Que le grand horloger n’est pas si fou que ça, sous ses dehors de brute épaisse, et que finalement, s’il est vrai que « la vie est une histoire racontée par un idiot à un sourd, pleine de bruits et de fureur et qui ne signifie rien », (Shakespeare, Mc Beth), eh bien parfois, ça tombe bien…
- Scorpions : « always somewhere »
Les professionnels du slow. Depuis trois décennies, loin des fêtes de la bière et des hot dog.
Des pochettes de disque cultissimes. Les vulgarisateurs originaux des guitares à deux manches (Gibson Explorer Custom Sparkle). On ne sait quel titre choisir. J’avais pensé à « when the smoke is going down », sans doute un des slows les plus efficaces de ma mémoire de DJ. J’ai choisi « always somewhere », l’hymne de tous ceux qui voyagent ou ont voyagé beaucoup, loin de leur blonde.
Et aussi pour vous soumettre une énigme digne des juristes de la SACEM . Qui a plagié l’autre ? Entre ce morceau des Scorpions et le « simple man » des Lynyrd Skynyrd , dont les intro et les accords de guitares sont étrangement jumeaux…Bref, « appelez-moi le directeur »…
- Notting Hillbilies : « feel like going home » :
“L’album buissonnier” de Mark Knopfler et sa guitare qui change tout, une « pige » sans qui personne ou presque n’aurait jamais entendu parler de ce groupe pourtant très honorable, en 1990.
Authentique, minéral. Le sentiment de « revenir à la maison », ce peut être un voyage, une femme – pour les chanceux-, une musique. Celle-ci, par exemple.
- Otis Redding : for your precious love
« Après avoir entendu ca, ceux qui tiennent encore debout sont des sourds »… me disait un gérant de boite au début des 80’s. La “machine à slow” implacable, quasi industrielle, jusqu’à ce qu’un avion de malheur en décide autrement. Se jouera encore sur des platines (ou ce qui tiendra lieu de platines) dans 50 ans…Tout le reste est littérature.
- Wallace collection : Day dream
Un des 4 ou 5 classiques prisés des DJ quand l’aube va bientôt poindre, que le boss veut fermer et qu’il lui dit « vas-y, passe un nettoyeur, qu’on en finisse et qu’on puisse fermer ».
Vaut surtout pour les deux dernières minutes.
- Fleetwood Mac : sleepless child
Pareil. « Nettoyeur » connu et reconnu des « professionnels de la profession ». Une sorte d’arme fatale. Pas très loyal, tout ca, j’en conviens, mais qui parle encore de loyauté dans ce bas monde, hein ?
- Procol Harum : a wither shade of pale
Un point de passage obligé quand on parle de slows. Comme le péage de Fleury en Bière lors des retours de vacances. Des millions de rêves pas trop chers entrevus dans le bleu-violet des spot des night-club, qui habille de blues les chemises blanches. Des dizaines de milliers de mains aux fesses, de mains moites, de conneries susurrées à la nuit sur ce titre :
« ce qu’il faut dire de fadaises
pour voir enfin du fond de son lit
un soutien-gorge sur une chaise
une paire de bas sur un tapis »,
comme disait le philosophe Claude Nougaro.
Comme ce titre est vraiment trop poisseux et ringard pour être cité tel quel, j’ai choisi une version philarmonique plus récente, un « live » au Danemark. Parce que, comme disait Noir Désir,
« Est-ce que je t’ai dit l’histoire de cet homme,
Qui voulait tout, des femmes, de l’opium
Moralité, il est mort alité,
Tout passe, tout casse,
Le joint, le cul lassent ».
- Bruce Springsteen : Point blank (« à bout portant »)
Comme il faut bien faire avec les imbéciles et les incultes (ceux qui croient que « le boss » est un chanteur de rock décérébré et nationaliste hurlant ses mantra en transpirant dans les stades au beau milieu de 120.000 personnes), ce petit bijou minimaliste, voix cassée et tous poils des avant-bras dehors. J’ai longtemps cru, en 1981 (double album « The river ») et bien après, que c’était une chanson-hommage à une copine des rues ayant pris par hasard une balle perdue dans une guerre des gangs.
Et puis non, Bruce est souvent plus subtil. C’est juste la vie, cette pute, qui fait qu’une ex.jolie fille est devenue zonarde des trottoirs, en attendant son RMI. Que c’est juste la vie qui lui a mis une balle entre les deux yeux.
Pour ceux qui entravent le ricain dans le texte (Car il marmonne plus qu’il ne chante ou n’articule.) Vu et entendu à 10 mètres, dans un concert en Italie. Juste inoubliable.
- Jeff Buckley : Hallelujah (cover de Leonard Cohen )
J’ai failli mettre ici “Lilac Wine », un morceau moins connu de cette comète éphémère que fut Jeff Buckley, mais bon, quand le talent passe, il faut bien enlever son chapeau, et un titre hyperconnu n’est pas nécessairement moyen.
Ici, après l’écoute, on ne sait que dire.
Alors, on ne dit rien, c’est encore le mieux.
- Snoowy White : Midnight blues
Ancien guitariste des Pink Floyd, le mec a le talent qui déborde de partout, et une totale absence de frime. Semble rire de lui-même et du rôle qu’on voudrait lui fait jouer auprès des midinettes. Terriblement efficace.
- Ben E. King : stand by me ( cover by Florence + The Machine)
Que Ben E. King me pardonne, s’il le peut. Bien sûr que ce bijou (ce ramasse-fillette, devrais-je dire), est de lui, mais aucune vidéo correcte n’est disponible.
J’ai donc décidé, (pour ne pas fâcher mon déontologue préféré, et vu qu’il n’y avait que des hommes dans ce top 10) de faire l’hommage à « Stand by me » avec ce beau clip (et cette chouette reprise) de Florence and the Machine.
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PS : que John Hyatt, les Moody Blues et quelques autres me pardonnent. Mais 10, c’est 10. Et j’écris sous la menace et le contrôle permanant de Me Parcimoni et Bonnessian, notaires associés.
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