« 30 jours de nuit » : vampire... vous avez dit vampire ?!

30 jours de nuit, le pitch est déjà contenu dans le titre, c’est pratique : il s’agit de l’histoire d’un petit village d’Alaska qui, alors qu’il est plongé comme chaque hiver dans la nuit durant un mois, est soudainement la cible de vampires terrifiants venus dans ce trou quasi perdu pour s’offrir un bon petit gueuleton à la sauce ketchup et à l’odeur de barbecue.
C’est une sorte de cocktail sanguin entre John Carpenter (The Thing, Vampires, Ghosts of Mars) et Blade 2 signé Guillermo Del Toro (notamment la fin avec le vampire qui se transforme en cendres sous l’effet du soleil levant), mâtiné de... Rio Bravo. On sait cette histoire adaptée d’une bande dessinée (graphic novel), publiée notamment aux éditions Delcourt*. Le film est d’ailleurs moins graphique que
Bien que standard et basique, ce petit film horrifique, produit par Sam Raimi (l’auteur culte des Evil Dead, entre autres) via sa société de production Ghost House Pictures et réalisé par le Britannique David Slade (Hard Candy), est loin d’être inintéressant. Il y a tout d’abord une belle unité de temps (ces 30 jours de nuit à tenir face aux vampires sanguinaires), de lieu (la bourgade, 150 habitants, s’appelle Barrow) et d’action (on est dans le survival, dans la course poursuite à toute berzingue - d’un côté, les humains doivent tenir bon en se cachant pendant un mois, noir comme la mort, pendant que de l’autre, les vampires ont un plan simple, il s’agit pour eux de s’en donner à cœur joie en bouffant de la chair fraîche à fond la caisse). Voilà le décor planté, on est dans l’horreur insulaire et dans un western neigeux dont la partie de cache-cache dans la brume n’est pas sans rappeler Fog de Carpenter, grand admirateur, comme on le sait, de Howard Hawks, l’auteur de Rio Bravo (1959) et de
Bon, précisons tout de même que pour apprécier ce film, il faut aimer les films de vampires (on s’en sera douté)... et, en prime, de zombies ! Il faut également souligner que le réalisateur n’a pas voulu respecter tout le folklore "gothique" qui va avec ce genre-là : le film de vampires. Bref, on n’est pas dans Le Bal des vampires, dans Vampire... vous avez dit vampire ? ou bien dans Entretien avec un vampire avec, à la clé, gousse d’ail, crucifix et pieu dans le cœur. On quitte le romantisme très souvent associé à ces monstres suceurs de sang pour tenter d’apporter du sang neuf au genre, pourquoi pas. En même temps, cette idée de ne pas s’embarrasser de psychologie de bazar lénifiante et de faire de ces vampires tout terrain des bêtes féroces assoiffées de sang est plutôt pas mal mais leur côté machines à tuer, brutales et sauvages, les fait bientôt apparaître comme des demeurés, des espèces de rednecks affreux - mon Dieu, qu’ils sont moches ! - et sanguinaires, ne voyant les humains que comme de la nourriture à se mettre sous la dent... tombant à pic. Ainsi, le film perd en mystère ce qu’il gagne en action tonitruante, c’est dommage. Car, question action, au niveau des temps d’horreur suspendue qui sont visés, on a vu mieux ailleurs, par exemple chez Romero ou bien dans le récent et allumé 28 semaines plus tard, beaucoup plus tendu. Il semblerait que David Slade ait quelque peu confondu les vampires et les zombies. D’ailleurs, comme dans Land of the Dead ou dans Je suis une légende, on a un demeuré qui est moins demeuré que les autres et qui devient donc le meneur, le leader, une sorte d’Antéchrist vengeur voulant exterminer coûte que coûte la race humaine. En quelque sorte, heureusement qu’il est là, le bougre, car il élève un peu le niveau. Eh oui, en fréquentant davantage ces créatures sanguinaires limite débiles (proche de l’idiotie des corps zombifiés), c’est là que le film patine quelque peu, tendant à faire du surplace dans son écran de neige.
Oui, autant les scènes d’exposition sont remarquables (la menace sombre qui plane sur la ville comme point de départ, le massacre mystérieux des chiens, la peur au ventre des habitants, l’arrivée d’une espèce de cloche speedée, junkie, jouant les oiseaux de mauvais augure dans le home, sweet home...), autant la monstration de la violence n’est pas si sidérante que cela. L’attaque, la fuite en avant, la gestion du temps (cette course contre la montre, bizarrement, n’est pas si prenante que cela), la ville-jeu vidéo comme parcours du combattant, l’épreuve de force, on connaît la chanson et, par moments, on craint que l’esthétisme vintage, un temps soigné, ne se transforme bientôt en clip vidéo s’apparentant à une ratatouille visuelle bébête et méchante. On y échappe de peu. Vers la fin, les coups de hache répétitifs (coucou Shining !), les têtes de requin lugubres des vampires affreux, sales et méchants puis l’étrange langage rauque et sifflant sortant de leurs goules pas piquées des hannetons (on frôle le comique involontaire par moments), eh bien on commence à en avoir fait grave le tour et on se dit que le huis clos du film, pour être encore plus étouffant, aurait pu encore davantage se restreindre à un minimalisme plus tendu, plus tranchant, plus primaire, plus glaçant. Pour autant, ne boudons pas notre plaisir, ce film, dans le genre, est pas mal - du 2 étoiles sur 4 pour moi - et il faut avouer que l’interprétation est de qualité. Josh Harnett (Eben Oleson) est très bien dans son rôle de shérif ordinaire amené à se surpasser pour contrer l’adversaire redoutable et l’héroïne, incarnée par une blonde de service, Melissa George (Stella Oleson), reste sobre, crédible, voire émouvante. Cependant, en taillant un peu plus à coups de hache dans le scénario, on aurait eu un film encore plus froid et encore plus propice à la trouille... polaire !
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