Chère Gabrielle Ciam,
J’ai donc lu votre troisième roman. Il me plaît autant que les deux premiers. Vous avez l’art de parler sexe sans jamais être vulgaire. J’ai désespérément essayé de tirer les vers du nez à votre attachée de presse concernant votre identité. Tout ce que je sais, c’est que vous ne vous appelez pas Gabrielle Ciam, (euh ? comme dirait mon fils ado...), vous avez la quarantaine, vous êtes prof et vous vivez dans le Sud. Cela m’a tout de suite fait penser à la mystérieuse Lady Writer qui vit en Andorre, et dont je visite le blog tous les jours. Mais cela ne peut pas être vous, Lady Writer parle très peu de sexe. Elle est née dans les années 1950, elle a publié une dizaine de livres... Mais enfin, bon, cela pourrait être vous qui brouillez les pistes. Qu’importe. J’aime votre dernier livre parce qu’il est de la même veine que les deux autres, surtout le premier. J’aime particulièrement votre premier paragraphe, que je me permets de reproduire ici :
« J’en ai fini avec le sexe. Je sais bien que dite comme ça, cette phrase a l’air d’une provocation. Pourtant, je n’en trouve pas d’autre pour traduire cet extraordinaire sentiment de soulagement qui m’envahit chaque soir lorsque je me glisse dans la fraîcheur impeccable des draps, prête pour une nuit de repos, une vraie nuit immobile, sans effusion, sans corps à corps perlé de sueur, et surtout sans ces après laborieux, cœur affolé, peau violentée, et cette poisse au creux des jambes, qui peu à peu sèche et se craquèle, emprisonnant les poils dans une colle figée. J’ai eu ma part de ces vertiges-là. »
J’ai bien ri, parce que dès la page 19, votre héroïne est "pantelante". Et tout ça à cause d’un voisin qui la mate par la fenêtre d’en face. Vos histoires sont peut-être "banales" en elles-mêmes (rencontre dans un train, amour qui se termine, voisin libidineux) mais votre écriture et votre verve ne le sont jamais. Chère Gabrielle, vous êtes tout, sauf banale.
Je pense qu’on ne saura jamais qui vous êtes, et au fond, on s’en fout. On vous lit, on vous savoure, et ça suffit. Continuez. Et merci !
TR