« Aimons-nous les uns les autres » Anne Roumanoff à l’Alhambra
Au XXIème siècle, de Bobino à l’Alhambra, en passant par les Bouffes Parisiens et le Palais Royal, son public ne cesse de suivre Anne Roumanoff à travers les Théâtres prestigieux de la Capitale, à l’instar du siècle précédent où l’artiste montait en puissance des Blancs-Manteaux en 87 jusqu’au Daunou en 96, non sans avoir fait étapes successives à Grévin et à l’Européen.
- AIMONS-NOUS LES UNS LES AUTRES
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Bref, après presque 30 années de One Woman Show, la quinqua nous revient avec un spectacle à l’intitulé formellement consensuel « Aimons-nous les uns les autres ».
La Dame en rouge ne s’embarrasse plus désormais de coquetteries inutiles, convaincue que l’empathie de la « bonne copine » est son plus sûr viatique à long terme auprès des spectateurs.
Alors, l’artiste attaque d’emblée cash en n’affichant aucune concession sur les portraits qu’elle concocte au sujet de ses contemporains.
Maniant l’autodérision et la caricature à égales distances de son poste d’observation conceptuelle, les stéréotypes s’avancent autour d’elle comme s’ils étaient l’émanation directe de son célèbre sourire tellement prolifique.
C’est donc toujours sur le ton de la jovialité outrancée que se manifeste sans discontinuer l’ensemble des égoïsmes bornés constituant la société disparate dans laquelle nous batifolons tous.
Ce qui garantit la valeur ajoutée à sa créativité, c’est que son mûrissement personnel et sa progression professionnelle assurent, à la fois, la pérennité de ses compositions conjointement à son adaptation permanente à l’air du temps, autant dans les textes que dans son comportement scénique.
Ainsi, même lorsque les spectateurs qu’elle convie à monter sur les planches semblent disposés à participer avec encore plus de talent que son fil thématique l’y autorise, la performeuse ne se laisse aucunement distraire par leurs initiatives dissidentes :
Si l’objectif est, par exemple, de figurer l’abus de pouvoir d’un animateur TV en pleine manipulation du public, elle maintiendra son cap en manoeuvrant, elle-même, ses invités du moment. C’est du grand Art que gère Anne Roumanoff car elle fait côtoyer sans cesse l’insignifiant avec le signifiant, en tenant les rênes d’un attelage qui avance sur des parallèles à l’équilibre proche en permanence de la rupture… A chacun, ensuite, d’y glaner ce qu’il a envie, à l’écoute de cette rhétorique destinée à tous.
A-t-on remarqué incidemment que dans ses diatribes, qui se développent au rythme d’une mitraillette en rafales, la comédienne s’empare peu à peu d’un phrasé voire d’un accent proche de celui des québecquois ?
Serait-ce un hommage assumé à Louise Latraverse qui a contribué à la réalisation de ses premiers spectacles ?
Quoi qu’il en soit, aimons Anne Roumanoff car effectivement, elle nous réfléchit cet amour en le valorisant au centuple !
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photo 2 © Matthieu Gibson
AIMONS-NOUS LES UNS LES AUTRES - ***. Theothea.com - de & par Anne Roumanoff - Théâtre de L'Alhambra
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