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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Alive 2007 », CD du Bercy des Daft Punk : show devant !

« Alive 2007 », CD du Bercy des Daft Punk : show devant !

A l’occasion de la sortie de leur Alive 2007 (Labels/Virgin, date de sortie : 19/11/07), j’en profite pour faire ici un retour sur un concert d’exception... parce qu’ils le valent bien : les Daft Punk (alias Thomas Bangalter & Guy-Manuel de Homem-Christo), jeudi 14 juin 2007 à Bercy, 20 heures (1).

Ambiance de folie ce soir-là. Des écrans en haut de nos têtes passent des bandes-annonces, notamment de leur film « d’art & essai » Electroma (2) puis de la comédie hors-normes, plutôt ovni, d’un certain Quentin Dupieux, Steak, alias M. Oizo (DJ), qui finalement va se planter en salles quelques jours plus tard - dommage. Dans la fosse de Bercy, ça commence à se trémousser. C’est un public plutôt jeune, oscillant environ entre 17 et 40 ans, peut-être plus. Première partie, on a le droit aux Klaxons (rock anglais). Franchement, le son n’est pas terrible, limite casserole, on a l’impression que la sono est mal réglée. On attend que ça (se) passe, gentiment. Les fauteuils rouges se remplissent de plus en plus. Bientôt, Bercy est archicomble. Plus de tache de rouge à l’horizon. Soudain, la salle est plongée dans le noir intégral. Ouais ! On va enfin voir ce que valent les Daft Punk sur scène après s’être éclatés pendant une dizaine d’années sur leurs tubes d’électro-techno-pop-disco-funk en boîte de nuit et après avoir écouté en boucle au casque - avec eux, attention, port du casque obligatoire ! - leurs trois albums mythiques participant grandement à la réputation internationale de la french touch : Homework (1996), Discovery (2001) et le tout dernier en date, Human After All (2005). A propos, vous en connaissez beaucoup, vous, des groupes qui arrivent aujourd’hui à remplir une salle de 15 000 personnes avec un dernier album sorti trois ans auparavant ?

Fondu au noir. Ecran total. Des lumières scintillent dans la salle. On voit alors des centaines, voire des milliers, de téléphones portables tendus pour filmer fissa ce concert-trip(es). Ca crie, ça applaudit, ça siffle, ça hurle, ça bat des pieds. Les gens sont tous debout, sourire béat, bras levés vers le ciel étoilé. Standing ovation, jamais vu ça à Bercy ! Ca y est, ça commence. Un son basique (instinct) de synthé et de coups de laser entre dans nos oreilles. Son nickel. On est ailleurs d’entrée de jeu : bienvenue sur la Daft Planet. Sur scène, hautement théâtralisée, se dresse devant nous une pyramide haute en couleur, avec à son (tableau de) bord, sous des néons multicolores, nos deux Daft Punk, casqués et tout de noir vêtus, par Hedi Slimane himself tout de même ! Robot pour être vrai ? Sous leurs casques métalliques, à l’intérieur de leur vaisseau spatial, est-ce que ce sont vraiment eux sur scène ou bien des clones, des androïdes, des humanoïdes ?! Mystère (de l’art d’avancer masqués dans le star-system). Ils sont à la fois vintage et furieusement futuristes, curieux mix réjouissant.

2 minutes 20 après une intro qui n’en finit pas de jouer sur nos nerfs, le concert commence avec les riffs de guitare sursaturés et agressifs de Robot Rock. Il se passe ici quelque chose d’assez sidérant : au bout de 5 minutes de musique saturée non-stop, les basses minimalistes se mettent à cogner à bloc, il ne s’agit plus alors d’un concert proprement dit mais bel et bien d’une discothèque géante. Bercy devient, ni plus ni moins, un dance-floor XXL mené sur un rythme trépidant, quasi hystérique. Epileptiques ou cardiaques, s’abstenir d’urgence ! Nos robots enfoncent le clou. Alliage parfait entre musique et image, ils tiennent une salle entière dans leurs mains gantées, chapeau. Des lumières envoient des mots en lettres capitales, on se croirait presque dans Invasion Los Angeles (They Live) de John Carpenter avec des mots (d’ordre) percutants affichant comme des consignes, des injonctions sur un mode festif : FUCK ! HUMAN !! TOGETHER !!!

Les Daft Punk, avec une maestria d’orfèvres d’un son tour à tour minimaliste et maximaliste, vont mener tambour battant ce live qui est l’un des meilleurs concerts auxquels j’ai pu assister. Pourquoi ? C’était quelque chose d’unique. Entre la scène et la Cène. Entre le manga d’anticipation underground et un show digne de Broadway, à la sauce ketchup à volonté, le tout remixé par un Warhol arty à souhait pour la p’tite touche Top Of The Pops. Des artistes-performers qui se donnent à 200 %, sans temps mort. Une générosité du Son & Lumière répétitif, robotique et primal, sans tomber pour autant dans la vulgarité kitschissime façon Las Vegas ou dans une certaine froideur liée à l’électronique sur scène - je pense ici aux concerts soporifiques d’antan d’un Jean-Michel Jarre par exemple. Ici, le jeu (sur scène) se fait don, c’est de la générosité à l’état brut et pur. De toute façon, la place non-numérotée (et « ne garantissant pas une place assise » précise le billet d’entrée - pas grave, tout le monde est debout !) était tout à fait abordable : 38,50 . Les Daft Punk ont alors enchaîné une trentaine de morceaux mélangés et télescopés qui ont fait bouger allègrement tous les popotins, aussi bien des filles que des garçons. On était alors tous pris dans une sorte de transe mi-robotique, mi-tribale, assez hallucinante, voire hallucinogène ! Bon, on n’a tout de même pas vu des éléphants roses défiler le long des fauteuils rouges - d’autant plus que les petites buvettes de Bercy ne proposaient comme alcool que de la binouze -, mais on a vraiment eu la tête dans les étoiles pendant cette heure et demie d’un show proche d’un happening psychédélique mixant allègrement années 60, années 2000 et monde du futur.

Des plages de temps suspendu laissaient place à des sons sursaturés, "écrasés", venant tout emporter sur leur passage (hénaurmes Rollin’ & Scratchin et Da Funk qui vous attrapent par les hanches !). A l’écoute, on a eu et on a « vu » (CD 1) Robot Rock, Oh Yeah, Touch It, Technologic, Television Rules The Nation, Crescendolls, Too Long, Steam Machine, Around The World, Harder Better Faster Stronger, Burnin’, Too Long, Face To Face, Short Circuit, One More Time, Aerodynamic, Aerodynamic Beats, Forget About The World, Prime Time Of Your Life, Brainwasher, Rollin’ & Scratchin, Alive, Da Funk, Daftendirekt, Superheroes, Human After Hall, Rock’n Roll et (CD 2) Human After All, Together, One More Time (reprise), Music Sounds Better With You. C’était ce soir-là un trip généralisé, une sorte de « communion intersidérale » avec le cosmos et tout le toutim (oui, j’en fais un peu des caisses mais c’est ce concert hors-limites qui pousse à l’excès !). Coucou, au passage, au Rubik’s Cube, à Goldorak, à Dark Vador, à Albator, à Tron, à RoboCop, à Interstella 5555, à THX 1138 de Coppola ou encore au monolithe noir mythique et mystique du 2001 de Kubrick.

Bercy 2007 avec les Daft Punk ou... 2007, L’Odyssée de l’espace Reloaded, Revolutions, Redux - ce que vous voulez, quoi ! Merci à eux. Ils sont exceptionnels sur scène. Et abordables question prix, comme leur CD d’ailleurs - version simple : 13,99 € et 16,99 € (en Prix Vert) pour l’édition limitée. Avec le CD Collector Alive 2007 (« enregistré live à Paris Bercy le 14.06.07, édition limitée 2CD, 85 mns de musique, 50 pages de photos & clip exclusif  » nous dit l’autocollant de la couve), on prend plaisir à feuilleter un livret-écrin nous permettant de revisiter cette performance en nous présentant des photos (disco)graphiques de nos deux robots tonitruants puis de fans transis faisant de petits cœurs avec leurs mains. La pochette noire, classieuse et cartonnée, reprend, à la ligne claire, le logotype figurant leur pyramide luminescente. En bonus vidéo, on a le droit, one more time..., à Harder Better Faster Stronger (Alive 2007) - morceau qui qualifie bien les Daft Punk. Dans leur genre, ce sont eux les meilleurs. A propos, j’ai vu leurs possibles successeurs sur scène l’été dernier, les Justice (des frenchies dont on dit qu’ils sont "les nouveaux Daft Punk"). Eh bien, pourquoi pas, disons que c’est pas mal mais que... Justice soit fête ici : Daft Punk, les vrais, c’est beaucoup mieux ! Voilà, c’est dit ! Alors, Play It Again ?

(1) Précisons pour les aficionados - et j’en profite au passage pour signaler que je ne suis point leur attaché de presse ! - que les Daft Punk feront un chat mardi 27 novembre 2007, à partir de 18 h 30 (heure française). Oui, pas de blague, le groupe électro sera vraiment connecté ! Voir le lien suivant : http://www.emi-artistes.com/daftpunk/chat/daftfr.html

(2) Electroma, film des Daft Punk, chaque samedi soir à minuit, cinéma Le Pantéon. Paris, 5e. M° Luxembourg. En DVD, le 5 décembre.

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6 réactions à cet article    


  • koton 26 novembre 2007 12:39

    ENORME,à l’instar de murat,west et autre ,il existe encore des artistes en france mais la plupart ont fuis....


  • Vincent Delaury Vincent Delaury 26 novembre 2007 12:51

    Lucas et pas Coppola : Ah oui, mea culpa !


    • Cris Wilkinson Cris Wilkinson 26 novembre 2007 15:36

      Quand on écoute se concert, on se croirait dans les années 70.

      Suis-je bête, on est bien dans les années 70, les DP se contentant juste de faire de la repompe.

      Et après on nous parle de loi contre la copie.


      • massimo memento 26 novembre 2007 23:10

        Incroyable, je me suis inscrit sur AgoraVox pour écrire un article sur Daft Punk. j’ai vu les bêtes aux Eurockéennes en 2006 et je ne m’en suis toujours pas remis.

        Merci à Vincent de décrire parfaitement l’état d’euphorie primale de la foule lors d’un concert des Daft. Je suis passionné de musique : de Kronos Quartet à Sufjan Stevens en passant par Amon Tobin. Mais les Daft ont vraiment quelque chose de spécial. Le monde de l’electro vit encore sur les acquis de leur premier album (J’ai vu la tournée 97 qui était déja démente) il suffit d’écouter le dernier remix des 2Many DJ pour s’en convaincre.

        Je pense que leur influence musicale est encore plus importante qu’on ne le pense (aussi bien sur l’electro, le rap et le Rock). A l’instar d’un Velvet Underground qui a marqué l’évolution du Rock.

        Bonjour chez vous


        • Vincent Delaury Vincent Delaury 26 novembre 2007 23:14

          « Merci à Vincent de décrire parfaitement l’état d’euphorie primale de la foule lors d’un concert des Daft. » (massimo memento)

          De rien, ce n’est que rendre à César ce qui appartient à César !


          • Vincent Delaury Vincent Delaury 28 novembre 2007 12:44

            J’ai l’impression que les posts des internautes ont été supprimés. Allô Houston, on a un problème ? Je propose donc comme prochain titre pour un single des Daft Punk : « Houston, we have a problem ». Pas mal, non ?

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