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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Amélie Nothomb risque de décevoir avec « Le Fait du prince »

Amélie Nothomb risque de décevoir avec « Le Fait du prince »

Cette année, le nouvel Amélie Nothomb risque de décevoir vos attentes. Les ingrédients classiques y sont - le ton et les personnages - mais manquent l’alchimie et l’épaisseur de l’intrigue. Dans "Le Fait du prince", l’écrivaine ne parvient pas à faire entrer le lecteur dans son univers. Les rebondissements paraissent trop voués à des hasards improbables. Pas du grand Nothomb, mais du Nothomb quand même.

On reste sur sa faim avec Le Fait du prince. Amélie Nothomb a bien essayé d’enivrer ses lecteurs à coup de bulles de champagne, mais les bulles ont fait long feu. Il n’y a guère que ses personnages que la boisson conquiert. Le lecteur referme le livre avec une impression d’inachevé.

On commence l’ouvrage plein d’espoir, plongé directement dans le cynisme absolu de l’auteur : « Si un invité meurt inopinément chez vous, ne prévenez surtout pas la police. Appelez un taxi et dites-lui de vous conduire à l’hôpital avec cet ami qui a eu un malaise ». Un conseil saugrenu qui augure de la mésaventure qui arrive ensuite au personnage principal, Baptiste Bornave, qui se retrouve avec un cadavre sur les bras. Celui d’un homme, Olaf Sildur, venu mourir d’une crise cardiaque dans son appartement après une panne de voiture. Mais aussi son cadavre à lui, celui de son existence quand le décès de cet étranger en relève le non-sens.

Un farniente interminable

Baptiste Bornave décide alors de devenir Olaf Sildur. Il s’installe dans sa villa versaillaise, auprès de sa somptueuse jeune épouse qui le prend pour un invité envoyé par un mari trop souvent en déplacements inopinés. S’ensuit un farniente interminable dans l’habitation bourgeoise. Très vite, on se demande ce qui va suivre, ce qui va arriver. On attend quelque chose qui nous fasse penser que le roman a commencé. Mais, non, rien ne vient.

C’est peut-être l’art d’Amélie Nothomb, cette manière de tenir haletant le lecteur. Parce qu’il ne voudra pas lâcher le livre sans avoir compris pourquoi il le lit. Mais y a-t-il seulement un sens à tout cela ? La romancière choisit de garder pour elle les menus mystères qui sont les touches d’intérêt de son roman…

Pour les besoins de l’intrigue

Comme dans Journal d’hirondelle (2006), l’auteur compte sur les heureux hasards pour faire avancer son fil. Comme dans Journal d’hirondelle, Amélie Nothomb choisit un homme médiocre qui se raconte lui-même. Et l’incohérence est toujours là. Comment, un homme aussi petit, aussi médiocre que Baptiste Bornave, un individu qui n’a aucun sens et aucune épaisseur au début du livre peut-il, tout d’un coup – pour les besoins de l’intrigue – acquérir une profondeur d’esprit et une capacité de réflexion impressionnante. Tout à coup, il manie les mots avec une dextérité d’écrivain.

Les amateurs d’Amélie Nothomb qui, à chaque rentrée littéraire, attendent le nouvel opus, sauront peut-être se repaître du Fait du prince. En somme, tous les ingrédients y sont : la plume aiguisée, mais sans fanfreluche, l’intrigue qui met mal à l’aise, et les personnages alambiqués. Il ne manque que l’essentiel : l’alchimie qui ferait tenir tout ça.

Erreur de casting ?

Mais pas sûr que ses ultra-fidèles ne se demandent pas si cet ouvrage n’est pas une erreur de casting. On se demande pourquoi, parmi les trois livres qu’Amélie Nothomb écrit chaque année, elle a choisi de publier celui-là et de vouer les deux autres manuscrits à l’oubli.

Le malaise qu’on ressent en refermant le roman ne pousse pas vraiment à se demander si l’effet était voulu. On s’attend à mieux que ça, à plus dérangeant, à quelque chose de moins linéaire, à un encéphalogramme moins plat pour l’intrigue.

Ce n’est pas l’ouvrage qu’on conseillera aux néophytes de Nothomb, mais on attend quand même l’opus de l’an prochain parce qu’on veut retrouver du vrai Nothomb, de L’Hygiène de l’assassin ou des Combustibles. Du cynisme à bon escient.

Amélie Nothomb, Le Fait du prince, Albin Michel, 15,90 €

Marie Billon


Moyenne des avis sur cet article :  3.67/5   (12 votes)




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15 réactions à cet article    


  • morice morice 17 septembre 2008 13:48

     Non elle a toujours déçu.


    • Vilain petit canard Vilain petit canard 17 septembre 2008 14:16

      Si Amélie Nothomb n’avait pas porté un chapeau ridicule, et qu’elle ne se contorsionnait pas en chuintant pendant ses interviews, personne n’en parlerait. Elle écrit pas mal, mais quand même, à part ses deux ou trois premiers... bof bof bof.


      • Syrius Syrius 17 septembre 2008 15:39

        Pas d’accord avec vous Morice, Amélie Nothomb tient le temps de 3 livres (un peu n’importe lesquels, avec une préférence pour Attentat, Hygiène de l’assassin et Cosmétique de l’ennemi). Au 4ème (en plus c etait "Peplum" je crois) on est immédiatement happé par le dégout, dès les premières pages, parcequ’il est difficile de ne pas réagir (surtout quand on est un homme) à une telle permanence dans la suffisance et le dégoût (surtout celui des hommes d’ailleurs).


        • Yohan Yohan 17 septembre 2008 15:41

          Quand elle cessera de vendre ses livres, elle pourra toujours manger son chapeau


          • pigripi pigripi 17 septembre 2008 16:13

            Si les romans d’Amélie Nothomb étaient aussi nuls que certains le prétendre, elle ne connaitrait pas un tel succès auprès des gens de tous âges avec des écrits pourtant pas faciles.

            Amélie séduit les gens qui aiment la littérature car son écriture est fine, subtile, ciselée. En peu de mots et des phrases courtes elle évoque tout un univers. Je la considère comme la plus grande écrivaine francophone de notre époque.

            Que sa philosophie personnelle la fasse flirter avec l’absurde de l’existence et l’imminence permanente de l’usure conduisant inéluctablement vers la mort est son choix tout à fait respectable. On n’est pas obligé de le partager.

            Si vous préférez lire Angot, Sulitzer, Sollers ou Frain, bonne lecture smiley


            • Yohan Yohan 17 septembre 2008 19:14

              Angot ! au secours


            • sisyphe sisyphe 17 septembre 2008 16:57

              Personnellement, j’aime beaucoup Amélie Nothomb : son intelligence, son ironie, son humour, sa culture ; et j’ai aimé tous les livres que j’ai lu d’elle, pour son talent aussi d’écriture. 

              On verra donc bien avec le nouveau, que je vais lire aussi. 

              En tout cas, ça nous change des pétasses exhibo-hystériques trou-du-cul-caca-pipi, qui n’ont rien d’autre à raconter que leurs sordides histoires de culs pas propres, pour se faire médiatiser ; style Angot, ou l’autre vieille salope, avec ses histoires d’amants (je ne me souviens même plus son nom, et ça ne me manque pas)..


              • maggie maggie 17 septembre 2008 19:08

                @ Sisyphe, vous devez sans doute faire référence à Catherine Millet. smiley J’aime bien Amélie Nothomb, mais les dialogues me semblent parfois artificiel et le thème récurent de l’amour qui s’exprime dans l’excès et le sadisme, se révèle à certains moments lassants. J’aimeria beaucoup voir Nothomb se plonger dans un style plus naturaliste avec une trame et de situations plus vraisembables. J’avais beaucoup apprécié "Métaphysique des tubes" ou encore l’excellentisime "Stupeurs et tremblements" quand elle est dans une inspiration autobiographique, Nothomb est sensationnelle. Elle est effectivement à cent lieues de celles dont l’intérêt se résume à "Ce matin, j’ai pris une tisane au café de Flore, ce soir j’ai une partouze, rue du Bac, en attendant, je vais aller dégobiller dans la baignoire"


              • sisyphe sisyphe 18 septembre 2008 01:18

                Bien sûr, maggie : Catherine Millet ; merci (si j’peux dire)...

                D’accord avec vous aussi sur Nothomb ; mais je lui trouve un tel talent d’humour et d’ironie glacée, une telle intelligence, que, quand elle est inspirée, (Stupeurs et tremblements, effectivement, entre autres), c’est une vraie jubilation à lire. 

                Les autres .... on n’en parlerait pas s’il n’y avait ce buzz médiatique, mais il existe ; et elles envahissent les écrans, avec leurs souffrances complaisamment étalées, leur indécence, à tous les sens du terme. 
                Surtout la pétasse d’Angot, qui me hérisse le poil dès que je la vois, dans son numéro d’exhibo-hystero-megalo-nympho-torturo-ego-narcissique horripilant...




              • pigripi pigripi 18 septembre 2008 13:23

                Maggie,

                Je ne suis pas parvenue à lire Millet jusqu’au bout : ses histoires me gavaient et me dégoutaient.

                Pourtant, je ne suis pas bégueule, en bonne française, je n’arrête pas de faire des blagues, calembours ou des allusions à caractère sexuel et je n’ai pas beaucoup d’a priori en ce domaine.

                Je pense que ce qui me gêne chez elle est sa complaisance masochiste à se plier le plus fidèlement possible aux fantasmes masculins qui avilissent les femmes pour mieux les contrôler aussi bien dans le domaine sexuel que politique et économique.

                Contrairement aux apparences, la sexualité de Millet n’est pas une sexualité de femme libre mais une sexualité d’asservissement volontaire aux fantasmes masculins. La preuve, les hommes l’adorent et ces hommes-là, moi, je n’en voudrais pas pour rien au monde.


              • pigripi pigripi 17 septembre 2008 20:07

                Sisyphe et Maggie, ne vous y trompez pas :

                Les "pétasses exhibo-hystériques trou-du-cul-caca-pipi, qui n’ont rien d’autre à raconter que leurs sordides histoires de culs pas propres, pour se faire médiatiser ; style Angot, ou l’autre vieille salope, avec ses histoires d’amants (je ne me souviens même plus son nom, et ça ne me manque pas).." sont mises en avant par nos médias misogynes parce que l’image qu’elles donnent des femmes les conforte dans leur sentiment de supériorité, ça les rassure en faisant ,par comparaison, de leur propre médiocrité, une excellence.

                Bien sûr, ces dames jouent le jeu puisque ça leur permet de jouir de leurs talents d’exhibitionistes. Qui refuserait de s’étaler sur un plateau TV tout chaud ? Il y a même des gens très bien qui s’y sont ridiculisés pensant qu’ils auraient le contrôle de l’image ....

                Il ne faut aussi pas perdre de vue tous ces réseaux occultes où se rencontrent journalistes, people et people à naître, où tout le monde se tient par la barbichette, pense la même chose, adore ou déteste la même chose, définit le politiquement correct, élit ses favoris avant même les votes officiels (pour celles et ceux qui connaissent c’est comme les "pré-conseils" de classe -les décisions sont prises avant les réunions "paritaires") et cultive un conformisme qui arrange les affaires juteuses des puissants.

                Angot, Catherine M. et consorts ont tout a fait le droit d’écrire ce qu’elles veulent. Le public appréciera. Moi person, j’apprécie pas ;-(
                Le problème est qu’on cherche à nous gaver avec les choix d’une minorité au détriment de notre intelligence ....


                • maggie maggie 17 septembre 2008 21:43

                  Pour ma part, je me doute bien que les écrivains féminins ne se résument pas à cette caricature de femmes nevrosées. Je préfère nettement un bon roman d’une de soeurs Brontë ou les récits autobriographiques de SImone de Beauvoir aux élucubartions nombrilistes d’Angot ou de Millet. Ce n’est pas demain que ces deux dernières nous ponderont un chef-d’oeuvre dans la veine de Hauts de Hurlevent.


                • pigripi pigripi 18 septembre 2008 13:45

                  Maggie, la névrose et le talent ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Et les soeurs Brontë étaient de grandes névrosées, de même que nombre d’écrivains de talent. Flaubert, par exemple smiley

                  La question est de sublimer sa névrose pour en faire une oeuvre partageable, une oeuvre littéraire de talent. C’est le cas de Amélie Nothomb qui sublime sa névrose dans son écriture Communique sans doute mieux avec autrui de cette façon qu’autrement.


                • aml 17 septembre 2008 22:33

                  Je l’ai dévorée une bonne douzaine de ses romans...

                  J’ai parcouru ses dernières publications, c’est vrai qu’il y a quelque chose de changé mais son style est toujours génial... Peut-être est-elle prise dans sa vie sociale, ou alors elle s’investie dans quelque chose de supérieur.

                  Cela n’enlève rien à son talent.


                  • Reflex Reflex 19 septembre 2008 12:28

                    Qu’ont en commun Amélie Nothomb et Georges Simenon ? Rien, absolument rien. L’une étincellle quand l’autre éteint tout feu de son écriture. Alors ? Bizarrement, il s’agit de deux écrivains francophones belges se distinguant par leur phrénésie d’éciture. Nothomb s’en tient à une publication sur une moyenne de trois romans annuels ; Simenon, au faîte de sa puissance créatrice, saoulait ses lecteurs publiant jusqu’à douze romans annuels, sans compter ses oeuvrettes et reportages.
                    Il n’empêche que tous deux représentent des phénomènes d’édition, assurés de tirages ahurissants sur leur seul nom. Ils partagent également un cynisme, un certain dégoût de leurs contemporains, alors qu’ils appartiennent à des milieux éminemment différents sinon antagonistes.
                    Amélie descend en droite ligne d’un baron fondateur de la Belgique aussi précoce qu’elle. La lignée ne s’est pas éteinte avec un père ambassadeur et un grand oncle - plus jeune que son père ! - ministre d’Etat. Georges provient de la bourgeoisie la plus étriquée, craignant toujours de manquer, d’où son formidable appétit de vivre quand Amélie rime avec mélancolie.
                    Mais, aux deux, on reconnaîtra un rire tonitruant et un talent incontestable qu’il appartiendra aux exégètes universitaires de départager.

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pauline45621


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