Anne (Rouge)Manoff aux marches du Palais Royal
Lors de son spectacle « Follement Roumanoff » à Bobino, nous écrivions en 2003 :
« … D'une certaine manière, la progression permanente de son talent et de son professionnalisme finit par faire craquer l'enveloppe de ses sketchs qui tendent à rester confinés dans une succession de caricatures certes réjouissantes mais toujours "bon enfant" !....
Comme si l'observation et l'esprit d'analyse de la comédienne n'osaient pas encore, après quinze années de carrière, à autoriser l'autonomie réelle de l'auteur à une véritable écriture satirique !...
Comme si l'artiste et sa metteur en scène québecquoise Louise Latraverse considéraient le public comme une ancre à laquelle il fallait sans cesse se référer plutôt qu'à transgresser !....
Et pourtant Anne Roumanoff est de toutes évidences capable d'un tel saut périlleux qu'elle devrait tôt ou tard effectuer pour son plus grand bénéfice... »
….Sans doute le rire des spectateurs deviendrait-il plus complexe, mais ceux-ci lui seraient reconnaissants d'accéder avec elle, à un regard différent au lieu de caboter trop proches des simples rivages de la plaisanterie !... »
- ANNE (ROUGE)MANOFF
- photo © Theothea.com
Dix ans plus tard et après 25 années de carrière, çà y est ! Voilà ! La Rouge Manoff existe par elle-même et à part entière. La talentueuse « seule en scène » a fait sa révolution professionnelle ! Restée à l’écoute de son public, elle lui tend désormais un miroir, à peine déformant, où celui-ci peut contempler les ravages de la candeur et de l’auto-complaisance.
Anne Roumanoff stigmatise les travers de ses contemporains, toujours avec sourire et bienveillance, mais dorénavant elle n’est plus dupe d’elle-même ; elle sait que le spectateur est prêt à battre sa coulpe de manière collective, d’autant plus qu’elle-même est aussi naturellement adepte de l’autodérision.
Place donc à un feu d’artifice permanent durant cent bonnes minutes où, peut-être, il faudrait ralentir, à certains moments, l’enchaînement des sketchs ou des harangues successives par des pauses improvisées, manière Bedos père ?
Rouge de pudeur voilée, de plaisir non dissimulé et de colère induite, la comédienne monte sur les barricades du spectacle vivant pour y célébrer le rouge dorures que le Théâtre du Palais-Royal peut se vanter de cultiver dans les contrastes d’une programmation à la fois grand public tout en étant en phase avec les préoccupations sociales et même politiques de l’époque.
Non, Anne Roumanoff ne déteint pas dans ce décor haut de gamme, car tout simplement, elle est bien dans sa robe rouge au-dessus du genou mais surtout bien dans sa tête d’artiste impliquée mais distanciée !
photo © Theothea.com
ANNE (ROUGE)MANOFF - ***. Theothea.com - de & par Anne Roumanoff - Théâtre du Palais Royal
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