Arrêter d’écrire pour sauver la littérature
Nabe hurlait chez Pivot dans la non-moins mythique émission Apostrophes de 1985, que nous vivions dans un "grand Larousse en désordre". C’est son crime : prétendre qu’il y a une différence entre Louis-Ferdinand Céline et Patrick Modiano. Inacceptable dans un monde tombé dans le gouffre de la Démocratie Libérale Tolérante, où tout se vaut. La démocratisation de la culture est la nouvelle panacée, comme si la société était assaillie par tous les maux. Comme si ?... Elle les accepte les maux, et refuse les mots, ou alors faut-il qu’ils soient vidés de leur sens. Un bon langage bien neutre et aseptisé, au lit, et la France qui se lève tôt pour travailler plus pour gagner plus ira pour le mieux.
Pour les gros balourds qui servent de gardiens du temple, s’attaquer à la démocratisation de la culture est forcément fasciste. Alors que c’est par anarchisme mystique et artistique que Nabe est mis en mouvement. Incapables de voir la différence entre la culture et l’Art, ils sont persuadés de faire le Bien. Ils ont en leurs temps raté, piétiné, laissé crever, tous les Van Gogh, Lautréamont, Charlie Parker, etc. pour la simple raison qu’ils sont trop installés pour percevoir ce qu’il peut y avoir de révolutionnaire dans l’Art ; trop morts pour être happés par le vivant. Mêmes causes, mêmes effets aujourd’hui.
Alors Marc-Edouard Nabe a décidé de se passer de ce monde de cultureux. Ce 28e livre, L’homme qui arrêta d’écrire, n’est pas le premier à être édité par l’auteur lui-même... mais il est plutôt "anti-édité", dit-il. Pas de code barre, couverture et 4e minimalistes, il n’est en vente que sur sa plate-forme marcedouardnabe.com. C’est ça, arrêter d’écrire : exit ! les éditeurs, les libraires, les critiques, tout un système qui parasite l’auteur en faisant du mouton lecteur un veau d’or. Un monde en train de s’écrouler, cinéma, musique, littérature, presse et leurs industries en péril qui cherchent désespérément des solutions contre les pirates, les blogueurs, le gratuit, le partage, sans jamais se douter un seul instant que c’est d’eux-mêmes que vient le problème. Edifiante est l’émission d’Arte présentant 8 journalistes en colère, qui semble d’ailleurs être un pur plagiat d’un passage de L’homme qui arrêta d’écrire.
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