« Au Scalpel » Bruno Salomone & Davy Sardou Rivalités fraternelles
Deux comédiens à la fois populaires, sympathiques et performants jouent, sur la scène des Variétés, aux frères ennemis version Caïn & Abel à « couteaux tirés » mais stylisés façon scalpel.
Il faut dire que l'un des deux est chirurgien face à l'autre photographe.
Ils ont eu toute l'enfance pour se détester ou plus exactement se jalouser réciproquement mais, moderato, de façon à respecter la bienséance familiale.
Cependant aujourd'hui ou plus exactement ce soir, le plus jeune venant chez son frangin à l'improviste, voici que pourrait être venu le temps de régler les contentieux accumulés... si toutefois le docteur n'était pas sur le point de se coucher car il doit opérer à l'aube.
Ça tombe bien le cadet, lui, a tout son temps…
L'emprise mutuelle va pouvoir débuter son compte à rebours maléfique jusqu'au prochain renversement de tendance libérant à retardement la vindicte de l'aîné oubliant alors complètement son planning chirurgical programmé.
Si Bruno Salomone & Davy Sardou s'entendent si bien pour se défouler à tour de rôle dans une querelle à fleurets mouchetés, accompagnée d'un bon vin sorti de la cave pour la circonstance, c'est qu'en arrière-plan, ils auraient négligemment entrecroisé, à deux, des relations féminines devant être mises au clair voire même, engendré, une paternité à identifier d’urgence.
Bref, les rivalités de jeunesse pourraient avoir bon dos au vu de leur réactualisation potentiellement lourde de conséquences conjugales et affectives en cet instant présent.
Thierry Harcourt, tout à la fois auteur et metteur en scène de ce dilemme à suspens, s'inquiète néanmoins du fait que les deux acteurs restent bien dans leurs postures conflictuelles dédiées pour que l'on ne puisse point déceler leur camaraderie professionnelle en coulisses.
C'est donc bien de subtils dosages et des montées en puissance psychologiques qu'il va leur falloir maîtriser, en dualité complice, pour atteindre à l'intensité dramaturgique fusant de ce pugilat soi-disant fraternel qui, rassurons les spectateurs, n'ira point jusqu'au meurtre comme dans "La légende des siècles" de Victor Hugo où la mauvaise conscience poursuivait le frère survivant jusque sous-terre avec le sentiment de culpabilité qui le rongeait : "Et l'œil était dans la tombe et regardait Caïn".
Se contentant ici de dialectique enflammée, Bruno Salomone & Davy Sardou, eux, excellent à se fustiger par répliques interposées bien balancées... avec l'objectif de faire plaisir au public à tel point qu'au final, Bruno, s'adressant en clin d'œil au 4ème mur, le prendra à témoin afin de l'inciter à tenter de déceler le vrai du faux.
Comme s'il s'agissait pour les spectateurs, à leur tour, de peaufiner à l'aide du scalpel d'enquêteur bien aiguisé, leur propre et intime conviction, forcément empathique.
photos 1 à 5 © Stephane Parphot
photo 6 © Theothea.com
AU SCALPEL - **.. Theothea.com - de & mise en scène Thierry Harcourt -
avec Davy Sardou & Bruno Salomone - Théâtre des Variétés
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