Avatar - plus de dix millions d’entrées en France !
Vraiment, Cameron a un très bon public, et de très très bons clients !
Invraisemblable, le discours qui a pu être développé autour du film Avatar de James Cameron !
Voici quelques échantillons :
- Avatar est une parabole sur le regard
- Avatar est une Fable sur le rêve.
- Avatar qui touche tant de monde est forcément une oeuvre d’art,
- Avatar est un objet susceptible de défier notre intelligence et qui est capable de nous ouvrir à des états de conscience que notre quotidien ignore.
Et pour finir avec le meilleur, sinon le pire (et sans rire !) : "Cantique des Cantiques Avatar ! Mythe de tous les mythes !"
Ce dernier commentaire a pour auteur un philosophe ; philosophe avec lequel la coupe est pleine jusqu’à déborder car, là, on n’est pas très loin du fourvoiement et de la forfaiture intellectuels, philosophiques et cinématographiques - dans le sens de "cinéphilie" : amour, histoire et art cinématographiques.
Mais… les mots me manquent !
Fantasy !
Le terme est lâché : Avatar est un film de genre issu de la littérature fantasy : « … La fantasy, de l’anglais fantasy : imagination, est un genre littéraire présentant un ou plusieurs éléments irrationnels qui relèvent généralement d’un aspect mythique et qui sont souvent incarnés par l’irruption ou l’utilisation de la magie. »
Littérature destinée principalement à des ados, et parfois même, quand ça se gâte, à des adultes en mal de croissance ; littérature qui a pour cible : les 15-30 ans - ceux qui vont au cinéma, justement !
Littérature … celle d’une génération a-politique et hédoniste qui n’a connu qu’une seule réalité : une réalité marchande de l’abondance et de la technique.
Cinéma générationnel !
Pour sûr !
Génération de la saturation centrifuge-du-vide ; diplômée ou pas, génération atomisée dans un isolement autocentré - informatique, écrans, images et sons, consoles, jeux vidéo, jeux de rôles -, dans un environnement qui n’a pas, pour autant, su priver "cette génération du dénuement et du manque" (1) du besoin de ce que d’autres générations ont appelé - un supplément d’âme : transcendance, engagement et communion.
Et si, au cinéma, et pour un James Cameron qui n’a pas droit à l’erreur et à l’échec commercial (film au budget de 300 millions de dollars), le meilleur sujet qui soit était le spectateur ?!
Avec ce cinéma-là, n’est-ce pas bien plutôt le spectateur qui fait le film ?
Car, en aucun cas, ce film ne peut sérieusement prétendre hisser le cinéma à un niveau supérieur à quoi que ce soit qui ne nous ait pas déjà été proposé depuis 20 ans par le cinéma qu’il soit de synthèse, d’animation, ou bien... cinéma tout court.
Un cinéma creux, démonstratif et pédant (de ridicule ?), aux thèses le plus souvent infantiles, manichéennes et démagogiques auprès d’une génération qui souffre de l’absence de transmission d’un héritage (2) destiné à vous guider dans un monde, certes, pour le meilleur et pour le pire, un monde qui côtoie le génie, la bassesse, le talent, l’héroïsme, les contraintes, et une liberté toujours à re-conquérir, mais un monde dans lequel il est pourtant encore permis d’espérer quelque chose pour soi et les autres, avec ou sans James Cameron et ses millions.
On ne pourra décidément pas s’empêcher de garder à l’esprit ce qui suit : privé de poésie, d’espace, de silence et d’air, le cinéma fantasy (cinéma du merveilleux - se reporter à l’œuvre cinématographique de Cocteau), ne peut être qu’une épaisse, qu’une grosse et grande et lourde tarte à la crème indigeste : écolo-humaniste ou pas.
Alors…
Avatar ? Vous avez dit avatar ?
On pensera à un pis aller ; et au pluriel, à un synonyme de mésaventures ou de malheurs… cinématographiques pour l’occasion.
1 - Manques affectif et relationnel ; manque physique - contact avec les éléments, la matière, le corps, le danger du réel - contraintes et contingences -, au sein d’une offre pléthore, fruit d’une injonction mercantile a-morale et de plus en plus irresponsable ; et par voix de conséquence : abjecte.
2 - Et ce depuis le refus de la responsabilité qui incombe à chacun de nous, adultes que nous sommes, d’assumer le monde tel qu’il est - responsabilité sans laquelle l’éducation et la transmission des savoirs sont impossibles.
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