Avé « Cesar 2007 » et merci Lemercier !
On devrait créer un nouvelle catégorie de César : celui de « l’animation de la cérémonie des César » ! La 32e édition du genre fut à la hauteur d’une comédie primée, grâce à l’époustouflante interprétation de Valérie Lemercier, en maîtresse de cérémonie, un des meilleurs rôles de sa carrière... Chapeau bas, l’artiste !
"J’ai une émission sur le feu"
Ce sont les mots de Valérie Lemercier, après avoir reçu son César de la meilleure actrice dans un second rôle, pour son interprétation dans "Fauteuils d’Orchestre". Pas le temps de montrer son émotion... presque pas le temps d’en ressentir ! Car pas question d’en découdre avec son rythme endiablé, et son humour décalé qu’elle propose, plutôt qu’elle propulse, depuis le début de la cérémonie, aux artistes hilares, d’une salle presque chauffée comme en plein spectacle, à mille lieux des mondanités guindées et protocolaires d’un tel événement annuel. Strass sans stress, ce fut le titre de son nouveau "one-woman show", en pleine cérémonie des César. Elle n’a eu peur de rien et c’est cela qui a fait rire. Elle n’a pas attendu une seconde pour que la Fête du cinéma, soit d’abord une fête...et a ouvert la cérémonie, après le discours du président de celle-ci, Claude Brasseur, en musique et en dansant dans un tailleur pantalon noir et des talons aiguilles. Dans le style feutré de l’absurde, et toujours pince-sans-rire, elle a enchaîné les commentaires sur des voyages à gagner ça et là, en même temps que la récompense des César. A ceux, par exemple, qui "embrassaient" leurs épouses dans leurs remerciements collectifs, comme Karl Zéro, Michel Royer et Didier Gustin, primés pour leur film documentaire "Dans la peau de Jacques Chirac", elle proposera un voyage "gay", pour avoir une autre approche de l’Autre. Elle a déployé son talent entre sketches (comme celui avec Gérard Darmon, et comment éviter les "rôles à César", pour lui qui n’en n’a jamais eu et qui s’en est moqué élégamment), ses interpellations récurrentes et tordantes à Michel Denisot, jusqu’à sa danse magistrale et inattendue avec des danseurs professionnels (la danse de Louis de Funès dans "Rabbi Jacob"), pour achever le vibrant hommage rendu au réalisateur Gérard Oury.
Valérie enchaîne et déchaîne le public :
Elle a su, dans un train d’enfer, faire s’enchaîner les César d’honneur, rendus à un Jude Law un peu jeune pour l’avoir ( la trentaine... de films quand-même, et "aimant les vins des pays de la Loire", en français dans le texte, s’il vous plaît) et à Marlène Jobert, émue, refaisant vivre dans la salle, les réalisateurs et acteurs disparus, avec qui elle a joué et à qui elle n’a pas dit, de leur vivant, ce qu’elle ressentait pour eux. L’hommage à Philippe Noiret à qui la soirée était dédiée, le discours de Pascale Ferran (réalisatrice de "Lady Chatterley", grande gagnante de cette soirée, obtenant cinq César, dont celui du meilleur film et de la meilleure actrice pour Marina Hands), discours donc sur les intermittents du spectacle, rappelant qu’aujourd’hui les films de Truffaut ne verraient pas le jour car une disparité se faisait entre les films pauvres (d’auteurs) et les films riches (les comédies), et que rien n’était redistribué comme avant...puis, d’interpeller les candidats à la présidentielle pour qu’ils osent prononcer, d’ici 55 jours, le mot "culture" ! Tonnerre d’applaudissements à la fin de ce long plaidoyer, ayant suscité, au début, un léger malaise dans l’assemblée.
Valérie renoue et dénoue
Valérie Lemercier renoue avec le style "coup de jeune" de l’année dernière en secouant les anciennes Ccérémonies soporifiques où, entre deux baillements, une pause-pipi et un mélange de "chips et tartines au chocolat" pour tenir jusqu’au César du meilleur film (le dernier, vers 23h00), on voyait le temps passer...et trépasser son envie de voir l’émission jusqu’au bout. Avec "elle", même pas le temps de dire "ouf !", et voici, déjà, le dénouement : De 21 heures à 23 heures, "Ne le dis à personne" de Guillaume Canet aura eu quatre César, dont celui du meilleur réalisateur, et du meilleur acteur pour François Cluzet. Malik Zidi, pour son interprétation dans le film "Les Amitiés maléfiques", et Mélanie Laurent pour son rôle dans "Je vais bien, ne t’en fais pas" se seront partagés les César des meilleurs espoirs masculin et féminin. Alain Resnais, digne avec ses lunettes noires et son cheveu blanc, rentrera bredouille pour son film "Coeurs", malgré ses huit nominations. "Indigènes" de Rachid Bouchareb, ne recoltera que le César du meilleur scénario original, malgré une semence de neuf nominations. Et Isabelle Mergault, pour cause de mâchoire déformée, ne sera pas là pour récupérer (ce que fera Michel Blanc à sa place) le César du meilleur premier film "Je vous trouve très beau", qu’elle a brillamment réalisé.
C’est, en résumé, ce qui s’est passé, tambour battant, en cette 32e cérémonie des César, où les vaincus, comme Jean Dujardin, avaient le sourire, et les vainqueurs... les larmes aux yeux. C’est tout le charme et la magie des César et...de Valérie Lemercier.
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