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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Bac philo et confusion des académies

Bac philo et confusion des académies

La perception peut-elle s’éduquer ? C’était l’un des sujets du bac philo en filière L lundi 16 juin.

Plusieurs médias ont interviewé des professeurs pour proposer des pistes de corrigés à chaud. Plusieurs ont rappelé la dimension éminemment culturelle de la perception, en rappelant que la perception des couleurs, loin d’être uniforme, dépend de la langue dans laquelle on est éduqué. Sens et culture sont donc liés, et l’illustration citée fait de ce sujet du bac un élément de réflexion à l’heure où on parle de plus en plus de la place des langues dans le patrimoine (mondial de l’Unesco, constitution française…). Chaque langue est le produit et le producteur d’une conception et d’une perception du monde, la diversité des langues sur un territoire ou dans la culture d’un individu est une richesse intellectuelle.

Hasard malencontreux, c’est le même jour que l’Académie française a choisi pour diffuser un communiqué par lequel elle s’oppose à l’inscription des langues régionales dans l’article 1 de la Constitution. Elle demande "le retrait de ce texte dont les excellentes intentions peuvent et doivent s’exprimer ailleurs, mais qui n’a pas sa place dans la Constitution".

Ainsi les hérauts de la défense de la place d’une langue dans le monde sont-ils prêts pour servir leurs projets à nier la place d’autres langues, celles-là même qui ont contribué à forger leur cher vocabulaire.

Nous serions curieux de voir comment les académiciens auraient traité le sujet du bac !

Auraient-ils écrits que le multilinguisme enrichit notre perception, et que les langues régionales peuvent utilement y contribuer ?

Dès lors se seraient-ils étonnés de voir les services de l’Education nationale (tiens, là aussi on dit Académie…) s’ingénier à freiner le développement de l’enseignement bilingue ?

Sur ce point, l’attitude de l’inspection du Morbihan est révélatrice. 920 élèves scolarisés en classes bilingues publiques en septembre 2006 (auquel il faudrait ajouter pour une vision d’ensemble les filières catholiques et Diwan).

Rentrée 2007 : toujours 920 élèves, malgré une demande en augmentation. Cette stabilité s’explique par la non-ouverture entre autres du site de Ploeren.

Rentrée 2008, Ploeren ouvre enfin, fait que les services de l’Etat mettent en avant pour illustrer une avancée alors que ce n’est qu’un rattrapage.

Pour septembre, les prévisions de l’Education nationale font état d’une prévision de progression globale de 121 élèves (+13,15 %). En face, on trouve la création de 3 postes d’enseignants, soit 1 pour 40,3 élèves. Ce ratio curieux s’explique par un chiffre : l’une des écoles concernées (Merville Lorient) verrait ses effectifs passer de 26 à 51 élèves, avec le seul enseignant déjà en poste. 1 prof pour 51 élèves, un drôle de pastis dont se sont inquiétés les quatre groupes de la majorité municipale (PS, PC, Verts, UDB) de Lorient (lire leur courrier ici :http://udbbroanoriant.over-blog.com).

La confusion et la mauvaise volonté qui règnent dans les académies au sujet des langues régionales n’est pas un problème de perception : c’est l’un des signes que nos institutions ne sont pas adaptées à la demande sociale et aux projets des élus locaux du suffrage universel en Bretagne. Autonomie régionale et droit à l’expérimentation sont plus que jamais d’actualité.

Yann SYZ


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12 réactions à cet article    


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 18 juin 2008 11:25

    Bien sûr que la perception peut s’ éduquer ,chez nous pour les impôts on a un percepteur de très bon aloyau , sa femme déjà c ’est pas un boudin et lui ne prononce que des paroles mesurées et très convenables , genre tous pour un et pour vous ce sera 30 %


    • docdory docdory 18 juin 2008 11:33

       @ Yann Syz

      L’Académie Française a parfaitement raison . 

      La langue de la République Française est le français . Chacun peut parler , en France , toute langue de son choix , mais l’Etat , déjà ruiné , a autre chose à faire de l’argent des citoyens que de payer des profs de langues régionales , lesquelles , même dans les régions ou elles existent , sont inconnues de la majorité des citoyens . A l’heure ou des multitudes d’élèves arrivent en sixième sans maîtriser correctement le français , il est du devoir de l’Académie de faire cet utile rappel à un élémentaire bon sens !

      Par ailleurs , il existe une manie actuelle de mettre dans une constitution des choses qui n’ont rien à y faire . Ceci explique , entre autres , les échecs référendaires successifs du TCE / traité de Lisbonne !


      • Zalka Zalka 18 juin 2008 13:48

        C’est parce que le gouvernement ne va pas assez loin. Il faut pratiquer l’épuration ethnique dans toutes les régions et n’y conserver que les personnes parlant le patois local. Les personnes ayant du sang du terroir seront autorisées à rester sous réserve de rester dans des camps fermés jusqu’à apprentissage de la langue régionale.


      • rocla (haddock) rocla (haddock) 18 juin 2008 11:39

        c’ est vrai ça qu’ est-ce qui dit Doctory , tout le monde parle pareil , mange pareil , baise pareil , l’ uniformité y a que ça de vré , de ce pas je me désalsacianise , hopla...me v’ la françouais...


        • Spyc 18 juin 2008 14:35

          Tout d’abord le français reste la seule langue officielle en France et les différents patois sont extrèmement minoritaires dans les régions les concernants.

          En plus, se plaindre que l’État ne met pas assez d’argent pour des écoles privées dispensant des cours bilingues français/patois est pour le moins mal venu quand on voit la maitrise du français des jeunes (6ème...).
          De plus apprendre le patois, c’est mignon, c’est alter-mondialiste, ça permet de garder un lien avec le passé (et encore même les anciens parlent français et pourraient faire l’effort de traduire les contes et légendes), mais pour autant ça ne permet pas d’avancer dans la vie réelle/professionnelle (a contrario des langues étrangères : anglais/allemand/espagnol/chinois...).

          On devrait donc nettement plus insister sur l’apprentissage d’une seconde langue vivante (non les patois ne sont pas des langues vivantes !)

          @l’auteur : il y a en plus dans votre article des relents plus que nauséabond d’autonomisme/indépendantisme régional/breton. Je me permet de vous rappeler que la Bretagne a perdu son indépendance/autonomie il y a plus de 300 ans, et que je vois mal comment elle pourrait seule survivre face au monde (et oui la Bretagne n’est pas la Suisse ou le Lichenstein)


          • TiBo 18 juin 2008 16:09

            Les patois (on va plutôt dire langues régionales, sinon on va finir par dire que de toute façon c’est bon que pour ces cons de bouseux et que nous nobles parisiens préférons rester entre nous en parlant la seule langue acceptable...) ne sont pas langues vivantes parce qu’on les a tués grâce à l’école obligatoire dans la seule langue officielle...

            En espagne, ou de nombreuses langues régionales sont officielles à niveau régional en pus du castillan au niveau national (galicien, basque, catalan, valencien...), ces langues sont bien vivantes, parlées par la majorité de jeunes de la région, qui maitrisent aussi le castillan. Ces langues connaissent leurs évolutions, au même titre que le castillan ou le français, et ne sont donc pas du tout mortes.

            Et effectivement, le français est la seule langue officielle en france. Mais rien n’empêche de changer, et je ne vois pas pourquoi cela constituerait un "retour en arrière"...


          • Spyc 18 juin 2008 17:41

            Cela sera un retour en arrière manifeste car avoir plusieurs langues officielles imposera plus de lourdeurs administratives (et oui il faudrait traduire tous les documents officiels dans les différents patois, avec 80 patois le bordel !!), cela réduira aussi la mobilité géographique (en clair si tu es dans une région de fort chomage et ben tu y restes).

            Les patois ne présente plus d’intérêt que pour les musées et les historiens.
            On ne peut pas envisager une démocratie où les citoyens ne se comprennent pas, c’est pour cela qu’une langue unique a été imposée. (Je ferai d’ailleurs remarquer que les espagnols n’arretent pas de se foutre sur la gueule pour des soucis d’indépendance régionale, et qu’il y a limite un racisme latent entre castillans et catalans qui est exacerbé par la différence de langue ...)


          • yann syz yann syz 18 juin 2008 17:52

            à Spyc

            Bonjour

            Une précision : s’il existe des écoles privées (catholique et association diwan) qui pratiquent l’enseignement bilingue, l’exemple cité en concusion de mon article fait référence à la filière PUBLIQUE, qu’il est pour l’heure du rôle de l’Etat de financer.

            Par ailleurs, nous avons le droit d’être en désacord sans s’estimer nauséabond.

            Je m’assume comme autonomiste, sans référence à un passé lointain, mais dans l’actualité de la modernité économique de la Catalogne ou du Pays de Galles et dans le souci du rapprochement de la désicion politique des citoyens. Problématique brulante au regard des débats sur une Europe élognée.

            L’articulation région -europe permet de renforcer et la démocratie, et notre place dans la mondialisation.

            Cordialement

            yann syz

             

             


          • Gargamel Gargamel 18 juin 2008 15:34

            Je suis assez d’accord avec les commentateurs, l’éducation nationale est déjà pas suprêmement riche et galère déjà à enseigner les choses indispensables. Les langues régionales c’est un truc de culture générale, qu’on peut faire par cours particuliers ou en fac. Moi j’aurais aimé faire du japonais plus tôt mais à aucun moment je suis étonné qu’il n’y en aie pas eu à l’école, pourtant c’est autrement utile.

            A la rigueur si des profs doivent être payés ça devrait être par la région, comme initiative culturelle.


            • yann syz yann syz 18 juin 2008 17:56

              à gargamel

              si les régions payent les profs de cet enseignements.....

              Oui, que la Bretagne assume ses choix politiques serait une bonne chose. Mais celà suppose des évolutions politiques en France, que l’on appelle l’autonomie des régions....

              Et que cette autonomie s’accompagne de redistribution des recettes fiscales, à l’inverse de la décentralistion des couts sans compensation par Raffarin.

              Yann SYZ

               

               

               


            • LOISEAU 18 juin 2008 17:11

              Il est question d’inscrire dans l’article 1 de la constitution :

              « Les langues régionales appartiennent à son patrimoine » (patrimoine de la France).

               Je suis très partagé à ce sujet.

               Sur le plan intérieur, cela peut donner des impulsions, et un cadre juridique, pour aider l’apprentissage et le développement des langues régionales. Peut on penser que l’état ferait ainsi son mea culpa, en reconnaissant qu’il avait tort, il y a quelques décennies, de les interdire afin de les faire disparaître ?

               Par contre, si cette modification de la Constitution entraîne la ratification de la Charte européenne sur les langues régionales, je suis plus mesuré, la charte étant extrêmement contraignante.

              La charte me paraît concerner davantage un pays comme le Royaume Uni avec des langues régionales en petit nombre, parlées par beaucoup, qu’un pays comme la France ou beaucoup de langues régionales (80 sinon plus) sont parlées par peu de personnes. La contrainte de l’ « officialisation » des langues régionales dans la vie publique n’est pas la même.

               Concernant la charte, nous sommes typiquement devant un texte européen, issu de compromis, pour que tout le monde signe, mais qui ne peut s’appliquer à tous les signataires.

               

              Je résume :

              constitution : oui,

              charte européenne : non.

              Lire la suite ▼

              • docdory docdory 19 juin 2008 09:09

                 @ Yann Syz

                De toutes façons , le Sénat , dans sa grande sagesse , a refusé cet amendement . Comme quoi le Sénat a parfois son utilité !

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