Beauté naturelle et identité conflictuelle
" ...Le pire de la femme est qu’elle est femme
dans toute son âme.
Et moi il n’y a pas de beauté au monde, ou physique ou morale, que je
ne désire de tout mon corps.
Le
désir c’est le soleil. " Ni la femme, ni le soleil, ne se peuvent
regarder en face. "
La
femme, cette « chose » dont on a la chair pétrie, les yeux, la mémoire,
l’esprit fourmillant.
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Dans une savante métamorphose nous traversons en accéléré toutes les étapes de l’évolution.
Nous sommes successivement une cellule, un invertébré, un poisson, un mammifère, un humain...
Plus tard, dans les grands séismes psychiques, nous serons assaillis de l’intérieur, dans les transports oniriques, mais aussi au quotidien en pleine conscience, par la présence de l’autre au fond de nous.
L’anima, au coeur de l’homme, le potentiel émotif, intuitif et instinctif, animation et modèle de toutes les énergies féminines. L’animus, les traits masculins chez la femme, le discernement, une meilleure connaissance de soi, le pouvoir de concentration et de décision. De cette première interaction entre la psyché, le naturel masculin ou féminin et le monde extérieur, naitront des comportements générateurs de conflits avec notre environnement durant toute la vie.
Dans son projet fécond et généreux, notre génitrice ne nous épargne pas une somme de questionnements autour de l’appendice d’identification.
En ces temps de focalisation sur l’identité globale, je vous épargnerai les propos freudiens sur les stades de la sexualité enfantine et ne retiendrai qu’un aspect parmi toutes les complexités de la psychologie humaine.
Il est vrai que l’interprétation du phénomène sera plutôt psychanalytique.
Entre le petit garçon et la petite fille, la curiosité et les interrogations ont sans doute beaucoup évolué. Les jeux de découvertes se sont enrichis de propos plus doctes. Quant au fond, la petite fille peut se consoler quand la maman, pour la rassurer, lui avoue qu’elle est comme elle, et que son petit frère, comme son papa.
Cependant la petite fille peut se demander "pourquoi pas l’inversion des rôles". En définitive, elle finit par vivre cela comme une punition. Elle en déduit que sa maman a connu le même sort, elle a perdu ce "privilège", désormais, elle est privée de ce substantiel prolongement.
Pour le petit garçon, Les filles sont coupées, fendues, amputées, il en est presque dégouté...et aussi très inquiet Car enfin, cet avantage pourrait lui être retiré. Quelques années plus tard, le stade de la castration lui rappelle, dans le secret de sa solitude, ce moment angoissant.
Son père, d’une manière symbolique de communication sans parole, lui montre, par sa présence même, qu’il possède la mère. Il occupe une situation dominante et privilégiée. Quant à lui, le fils, au fantasme matrimonial incestueux, des images fortes et décourageantes fusent...il risquerait de se métamorphoser en petite fille.
Le petit garçon deviendra sans doute un homme en inscrivant inconsciemment au fond de lui la préservation absolue de son "avantageuse" identité. Quelques fois se montrera redoutable, déterminé et même extrémiste dans les situations de crises redoutant de perdre ce privilège sur la femme.
Quant à la petite fille, elle s’affirmera, se montrera plus studieuse et plus structurée dans son comportement social et professionnel. Son défi majeur sera de gagner le phallus en cadeau.
Plus tard, devenus adultes, émergeant des coulisses du grand théâtre de la vie, l’homme et la femme. Fidèles marionnettes d’un scénario laborieux, propulsés sur la scène et contraints à l’animation. Tous les travers émotionnels et tous les coups seront permis entre ces deux protagonistes. Les fantasmes et les peurs enfantines constitueront l’origine de tous les conflits futurs.
La femme rappellera à l’homme, en permanence, ce qu’il redoute...sa castration. Pour l’homme, elle représente un être incomplet, un être sans phallus. Ce qu’il refuse de devenir.
Cette angoisse est inscrite dans leur mémoire respective, intimement, dans la famille, socialement, professionnellement. Le défi culturel majeur sera de composer avec la différence, l’attirance naturelle, le désir de procréer...L’incroyable dilemme, partager dans la dissemblance et l’opposition.
Angoissante ambivalence qui prolifèrera hors du couple, du village, du pays à l’échelle de la planète. Les peurs essaimeront et se multiplieront.
Une des premières manifestations de racisme naitra des problèmes relationnels, des dysfonctionnements entre l’homme et la femme. Les projections émotionnelles aveugles chercheront à écouler cette puissante libido animale dans toutes les situations de crise sur tous les pseudo responsables de leur mésaventure.
Ainsi le phallus réel de l’homme, celui virtuel de la femme, et toutes les formes phalliques abstraites plus ou moins créatives, constitueront la genèse des débordements racistes.
L’Anima ne révèle sa sagesse intérieure qu’à l’homme qui la reconnait en lui et la traite respectueusement. Alors elle le guide vers l’intégralité de sa personnalité, son potentiel, son véritable moi.
En acceptant l’Anima comme une personnalité intérieure indépendante, l’homme fait de son anima une alliée comme s’il s’agissait d’une femme.
Il en va de même de la femme dans le rapport avec son animus, le masculin en elle. Assimilé, il lui fournira un plus grand discernement, une meilleure connaissance d’elle même, et favorisera son pouvoir de concentration, de décision et d’affirmation.
Pour l’un comme pour l’autre, la construction du Moi est l’aboutissement du développement harmonieux des énergies physiques, mentales et spirituelles, le fruit abouti de la femme matricielle maternelle de l’introduction.
Dialectique du moi et de l’inconscient, C.G. Jung, Idées Gallimard
Trois essais sur la théorie de la sexualité, S. Freud, Idées Gallimard
La Deltheillerie, J. Delteil, Grasset.
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