Questions posées au maire de Paris lors de ses compte-rendus de mandat :
Question posée lors du compte-rendu de mandat du maire de Paris dans le 1er arrondissement le 15 janvier 2009 par le vice-président de l’association "Sauvons le Grand ecran" :
"Monsieur le Maire,
En cette nouvelle année, nous vous adressons tout d’abord nos meilleurs vœux, à vous-même ainsi qu’à toute cette assemblée. Que les habitants du 1er arrondissement nous pardonnent d’empiéter quelques minutes sur leur emploi du temps chargé, mais comme vous n’avez pas franchement répondu à certaines questions posées lors de votre dernier compte-rendu de mandat à la mairie du 13ème, nous nous voyons contraints de venir relayer ici les inquiétudes des parisiens.
A cette occasion, divers intervenants vous ont fait part de leurs préoccupations quant à l’avenir du complexe audiovisuel « Grand Ecran Italie », prématurément fermé par EuroPalaces-Gaumont en janvier 2006, et promis à la démolition malgré l’engagement public du maire du 13ème de "s’opposer par tous les moyens juridiques et politiques à la transformation en magasins de cette salle ".
Or à ce jour, seuls les recours engagés par l’association « Sauvons le Grand Ecran » auprès du Tribunal Administratif bloquent ce projet aberrant, à savoir la destruction d’un équipement-phare de notre capitale, au profit d’enseignes commerciales déjà bien implantées aux quatre coins de la ville. Et s’il n’est pas précisément situé dans l’arrondissement que vous visitez ce soir, ce pôle d’attraction majeur de notre région, au même titre que Les Halles, concerne tout un chacun.
Depuis 2004, plusieurs demandes de classement du Grand Ecran Italie dans le cadre du Plan Local d’Urbanisme vous ont été soumises par les riverains, élus et associations. Et à nouveau le 8 décembre dernier par le président de l’association Tam-Tam, qui participe d’ailleurs au projet des Halles. Vous lui avez répondu que la mairie ne pouvait pas racheter le Grand Ecran, ni sauver des salles qui ont un problème de viabilité financière. Or rien de tel ne vous a jamais été demandé !
Outre le classement PLU à titre d’équipement culturel dans un quartier déjà fort dépourvu, il vous a seulement été demandé pour cette salle, qui se classait dans le peloton de tête des salles Paris-Périphérie :
1°) de faire respecter le cahier des charges qui obligeait Gaumont à exploiter la salle bien au-delà de sa fermeture anticipée, ainsi que la Convention signée avec la Ville de Paris qui interdit tout changement d’affectation ;
2°) de susciter des appels d’offres, ainsi qu’une concertation entre tous les acteurs concernés : pouvoirs publics, exploitants, candidats-repreneurs… car il y en a, comme en témoigne la récente proposition qui vous a été adressée de M. Jack-Henri Soumère, qui a déjà relancé avec succès la salle Mogador.
Vous avez également mis en avant le "Projet Pathé" qui doit prendre la place de l’ancien Gaumont-Rodin. Or ce musée du cinéma, négocié en contrepartie de la cession d’activité du Gaumont Grand Ecran Italie, s’adresse principalement à un public de spécialistes, et ne remplacera jamais une salle telle que le Grand Ecran, destinée à attirer un vaste public populaire de toute l’Ile-de-France.
Le 2 décembre dernier, vous avez inauguré en grande pompe la "Rue du Cinéma" au Forum des Images (dans le Forum des Halles). Or on ne peut pas porter aux nues le cinéma aux Halles, en présence de tout le gratin de la profession, et condamner le mythique "Grand Ecran" Place Henri Langlois (nom rebaptisé de l’esplanade de la place d’Italie) en accordant comme vous l’avez fait vos autorisations aux surfaces commerciales.
Se proclamer défenseur du cinéma en tant que facteur de cohésion sociale, et condamner une des salles les plus prestigieuses de la capitale du cinéma en l’abandonnant aux enchères commerciales, relève d’une incohérence politique qui laisse perplexe. Et vos concitoyens sont nombreux à s’indigner qu’un équipement soumis à des obligations de service public ait été livré à la loi du marché en dehors de tout processus démocratique !
C’est pourquoi, à l’heure ou le secteur de la culture est enfin reconnu facteur de croissance et d’emploi, nous nous faisons à nouveau les porte-paroles de tous les habitants et cinéphiles de plus en plus inquiets du sort réservé à cette salle d’exception, conçue aussi bien pour les retransmissions télévisuelles, sportives, théâtrales, les concerts… et toutes manifestations prévues au cahier des charges (récapitulées dans le projet pour la renaissance du Grand Ecran sur le site : sauvonslegrandecran.org).
Aussi Monsieur le Maire, nous vous demandons solennellement ce soir pourquoi toute solution de sauvetage ou de reprise se trouve-t-elle systématiquement découragée ?"
_______________
Le maire a répondu en se réfugiant toujours derrière les mêmes arguments :
- Nous sommes la ville au monde où il y a le plus de cinémas (Mais cela justifie-t-il d’y sacrifier les plus prestigieux et les plus attractifs ?)
- Faut-il qu’il fige la localisation des écrans ? (Or à notre connaissance aucun écran de cette qualité et de cette envergure n’a été "relocalisé" dans la capitale)
- Faut-il qu’il décrète administrativement qu’un écran doit être figé à un endroit ? (Or le « caractère d’équipement culturel du complexe audiovisuel, qui doit participer à l’animation du quartier et de l’arrondissement » a été fixé par un vote du Conseil de Paris, et ne pourrait donc être remis en question que par un autre vote du Conseil de Paris)
- Il doit veiller à ce qu’il y ait toujours plus d’écrans, et à ce que le cinéma indépendant reçoive des subventions (Est-ce une raison pour détruire un tel complexe, qui pouvait notamment accueillir du cinéma indépendant dans ses deux petites salles ?)
Le maire s’obstine par ailleurs à ne voir en cette salle unique en son genre qu’un cinéma (sans jamais mentionner sa polyvalence lui permettant d’accueillir toute forme de manifestation culturelle) et à passer sous silence les obligations de service public qui lui restent attachées.
Bref l’art de faire passer en douceur… une belle arnaque !
_______________
Voir également :