Björk prend vraiment les gens pour des con…cepts
Avant la série de concerts donnés par Björk jusqu’au 8 mars à Paris, l’Express titrait évoquant son spectacle-concept « Biophilia » : A quoi faut-il s’attendre ? Sans hésiter : au pire.
La surprise, bien sûr, ne pouvait résider que dans le dit « spectacle-concept ». L’album Biophilia est en effet dans les bacs depuis l’automne 2011 et tout un chacun avait déjà pu prendre la mesure de son côté inégal, pour ne pas dire rébarbatif, pour ne pas dire plus.
Mais l’être humain est ainsi fait, quand il aime un artiste : il l’aime. Il est donc sottement prêt à tout (en l’espèce) au nom du bon vieux temps.
D’abord à attendre une bonne heure que Björk Guömundsdottir, grande prêtresse de l’électro-experimento-alternatif pointe le bout de sa perruque et de ses semelles compensées. Même si on a - largement - le temps de contempler la scène, son orgue « céleste » et sa harpe à balanciers géants, de fantasmer sur l’expérience que nous allons immanquablement vivre dans une lumière bleutée : ça agace.
Puis, alors qu’on y croyait plus, sous les huit écrans disposés à 360 degrés projetant qui, une angélique voie lactée, qui, les polyèdres de Kepler-Poinsot (après vérification : pas du tout) apparaissent les choristes, les informatico-virtuoses et la femme de la soirée.
Et là, ça se gâte. La sourde intuition devient triste réalité. Pourtant, il y aurait de l’idée : une cage de faraday descend des cintres pour participer au voyage dans le « vivant », la stratosphère ou encore un bouillon de culture grouillant et propre à vous retourner un estomac déjà irrité par l’incorrection excentrique (pourtant habituel) de la voisine du volcan Eyjafjöll.
Auparavant, on vous aura prévenu que pour préserver « l’ambiance » et le travail de l’équipe Björkienne tous azimuts, vous ne pourrez pas emporter de souvenirs photographiques de cette inoubliable (c’est le mot) intervention artistique. Je vais âprement tâcher de m’en consoler.
PREPARATION H
Une voix grave sortie tout droit de la promotion pour le Blue Ray – genre : vous avez été séduits par les DVD, vous serez maintenant sur votre séant avec …. - vous prévient dans la langue de Shakespeare que vous êtes partis pour l’infini, en étant un lien entre l’immensément grand et l’immensément petit ».
Björk a du aller promener ses guêtres dans la formidable (cette fois) exposition « Mathématiques : un dépaysement soudain » de la Fondation Cartier, l’an passé. Mais sans en retenir grand-chose …
Bref, la machine est lancée. La cohorte de jeunes filles toutes plus blondes les unes que les autres, venues de Virgin Suicid de fifille Coppola, se mettent à pousser la goualante des affligées pour épauler la star du Nord en se trémoussant de façon plutôt cocasse. Avec un sourire figé aux lèvres, le tout donnant l’impression qu’elles sont traitées à la Préparation H mais qu’elles font leur maximum pour que personne ne s’en aperçoive.
L’Islandaise raconte aux journalistes que c’est à la suite d’une conversation plus ou moins arrosée sur les beautés (réelles) du National Geographic avec des copains qu’elle a une l’idée de son « concept ». Il a du se perdre en mer du Nord.
Toujours est-il que ce beau monde se produisait au « Cirque en chantier » à l’île Seguin. Il va ensuite déplacer ses tréteaux high tech au Zénith. A guichets fermés, semble-t-il. Les pauvres bougres.
Le plus surprenant c’est que la salle ne se soit pas vidée comme le trou noir cosmique du concept. Avant de fuir comme un voleur mal renseigné, au quatrième titre de Biophilia (une sombre histoire sur les plaques tectoniques) je n’ai vu qu’une dizaine de personnes dans la pâleur de l’éclairage me précéder pour quitter les lieux.
Et c’est peut-être là qu’est le « miracle de la vie » de Björk. Là, et dans le prix « concept » du billet .
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