« Boire, Fumer, Conduire vite » au « Jeu de la Vérité » n° 3

En effet, de la Comédie à la Métaphysique, il n’y aurait qu’un pas à franchir pour basculer d’un côté ou l’autre de la vie.
Alors, qu’il s’appelle Eric-Emmanuel Schmitt ou Philippe Lellouche, les voies du paradis pourraient paraître aussi proches du terre-à-terre prosaïque que de la révélation mystique.
Mais n’anticipons pas davantage la problématique, puisque précisément le quatuor de La Grande Comédie souhaite, à juste titre, préserver les effets de la griserie.
Donc, c’est en trio de circonstances accidentelles, que Vadim, Lellouche et Brécourt vont se rencontrer, sous la protection d’une avocate commise d’office, dans le huis-clos d’une garde à vue.
Ils vont pouvoir y cracher tout le venin qu’ils nourrissent à l’égard d’une société devenue, à leurs yeux, éminemment normative et par trop privative de liberté individuelle.
En se défoulant dans la reconstitution parodique de leur transgression de la loi, Christian, Philippe et David vont tenter de pactiser avec l’égérie de leur défense.
Cependant la belle Vanessa Demouy n’incarne pas forcément le rôle que ces quadras lui ont, spontanément, attribué.
Confrontés à une poupée de rêve, qui, ainsi de suite, pourrait en cacher une autre, les garçons vont, paradoxalement, en prendre pour leur grade de confiance en eux.
Bien que, par esprit de système, la régression ait des vertus sympathiques que la nostalgie d’une époque ferait aisément passer pour succédané d’un conte de fée, les voilà maintenant au pied du mur où l’archange va tenter de leur faire ouvrir les yeux sur les stéréotypes qu’ils trimballent depuis l’enfance.
Mais « Alea jacta est », une intuition de solidarité masculine va les inciter à prendre, définitivement, leurs désirs pour la Réalité.
Qui oserait, donc, reprocher à Philippe Lellouche, un happy end pour son troisième « Jeu de la vérité » ?
En tout cas, certainement pas Eric-Emmanuel Schmitt convaincu que la foi peut avoir raison de tout... sauf, bien entendu, de l’esprit de sérieux brillamment fustigé, de la première jusqu’à la dernière seconde d’une métaphore où « Boire, fumer, conduire vite » seraient imprescriptibles.
photo © Odile Pascal
BOIRE, FUMER, CONDUIRE VITE - *** Theothea.com - de Philippe Lellouche - mise en scène : Marion Sarraut - avec Vanessa Demouy, Philippe Lellouche, Christian Vadim & David Brécourt - La Grande Comédie -
5 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON