C’est « La Festa » de Spiro Scimone au Théâtre du Vieux Colombier !

De la cuisine à la salle de bains, en passant pour se faire d’une cabine vitrée à l’autre, éclairées toutes deux par des néons, le père, la mère et le fils vivent leur petite vie bien réglée sur du papier musique à la tonalité près où rien ne peut être dit qui n’ait déjà été dit.
Ce qui permet à cette famille " tuyau de poêle " d’échanger, en guise de conversation, des répliques usées jusqu’à la moëlle assurant ainsi un modus vivendi sans surprise où chaque journée s’égrène pareille à la précédente et à l’instar de la suivante si ce n’est qu’aujourd’hui, c’est le trentième anniversaire de mariage des parents et que ceux-ci ont l’intention de marquer le coup avec un gâteau au chocolat et une bouteille de mousseux.
De malentendus feints en quiproquos attendus, la confusion règne bien ordonnée permettant au père tous les caprices grincheux, à la mère toutes les fantaisies serviles et au fils toutes les incartades de vieux garçon, réunis en une check-list quotidienne orchestrée à trois voix récitant chacune leur partition à l’unisson.
Ainsi en ce jour de fête, comme à ses habitudes le fils découchera mais exceptionnellement le père et la mère feront sauter le bouchon d’une petite danse affective qui en dira davantage sur l’idée du bonheur qu’un long fleuve tranquille.
En montant cette tragi-comédie de l’auteur sicilien contemporain Spiro Scimone, le metteur en scène bulgare Galin Stoev ne cherche pas tant à développer une critique sociale de la famille que de mettre du baume sur une plaie inhérente à sa structure schizophrénique tout en essayant de réconcilier l’individu avec lui-même. Le rire naît ainsi de la prise de conscience du courage qu’il est nécessaire d’adopter pour faire front à une situation quasi monstrueuse.
Christine Fersen, la nouvelle doyenne de la Comédie Française, Gérard Giroudon sociétaire depuis 1981 et Serge Bagdassarian engagé comme pensionnaire depuis début 2007, y élaborent des personnages délirant juste à point pour y dépeindre un surréalisme crédible selon toutes modalités.
De la banalité des propos peuvent alors surgir des axiomes à laisser coi, le registre du savoir vivre ensemble :
- " J’ai compris pourquoi tu ronfles "
- " Pourquoi ? "
- " Tu dors la bouche ouverte "
Photo © Julien Oppenheim
LA FESTA - ** Theothea.com - de Spiro Scimone - mise en scène : Galin Stoev - avec Christine Fersen, Gérard Giroudon & Serge Bagdassarian - Théâtre du Vieux Colombier -
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