Ces hommes viennent de Mars et leur musique de Vénus
A l’heure où l’on cherche encore et toujours à nous faire gober une musique fade et formatée, il subsiste fort heureusement quelques électrons libres pour briser les barrières et porter l’étendard de la créativité. The Mars Volta sont de ceux-là. Ca tombe bien, puisqu’ils étaient justement en concert le 28 juin dernier à l’Olympia. Récit d’un show épique.
Fort d’un cinquième album studio sorti quelques jours plus tôt, les deux enfants terribles du rock – dit expérimental, Omar Rodriguez-Lopez et Cedric Bixler-Zavala étaient de passage à Paris pour présenter le fameux Octahedron (1). Chaque concert de The Mars Volta est un moment unique, fruit de l’imagination débordante des deux compères qui partent à l’envie dans d’innombrables jam sessions psychédéliques. Comme à leur habitude, point de première partie, on rentre directement dans le vif du sujet sans préliminaires. Ce qui peut surprendre, c’est le tracklisting mêlant habilement les anciens titres aux nouvelles compositions, car chaque album du groupe est une histoire complexe, un véritable opéra-rock au déroulement alambiqué qui met parfois en scène les musiciens eux-mêmes (2).
Cette structure particulière implique donc une certaine cohérence qui vole en éclats lors de leurs prestations live, pour laisser place au talent insolent des deux texans qui s’amusent avec la plus grande facilité à mélanger leurs titres. The Mars Volta ne tolère pas le compromis, et c’est à un véritable marathon musical que nous sommes conviés (3h30 de show non-stop lors de leur passage en mars 2008), passant en l’espace d’une seconde d’un lyrsime absolu à un rock latin revisité.
Epaulés par le jeune prodige Thomas Pridgen à la batterie, d’Isaac Owens au clavier et de Marcel Rodriguez-Lopez aux percussions, The Mars Volta fait preuve d’un sens du spectacle assez rare dans le monde du rock. Les solos extraterrestes du guitariste-dandy laissent pantois l’assemblée, tandis que le twist de Cedric semble prendre possession de son corps, ce dernier n’hésitant pas à accomplir les prouesses de tous poils, de la traditionnelle pirouette au lancer de pied de micro à plusieurs mètres au-dessus du sol.
Malgré la durée supérieure à la moyenne de leurs concerts, le nombre de morceaux joués demeure limité, tant les versions studios déjà très longues s’étirent presque à l’infini, à l’image du pont de Cygnus...Vismund Cygnus qui durera à lui seul 30 bonnes minutes, soit environ un quart du concert tout entier. Cependant, cette démesure grandiloquente implique un revers de médaillé assez gênant : en dehors de l’entrée et de la sortie de scène, aucun contact avec l’auditoire n’est établi. The Mars Volta vient faire son show, point barre, les musiciens sont évidemment très à l’écoute les uns des autres, mais on aurait presque l’impression qu’ils évoluent dans une bulle hermétique.
Seulement deux heures de show, c’est un peu court comparé à leurs précédentes prestations, mais le déplacement valait sans aucun doute son pesant d’or. A l’heure où TF1 « « l’impertinente » » prend tous les risques en diffusant les clips du dernier Johnny ou de la dernière-comédie-musciale-à-la-mode-qu’on-arrive-même-plus-à-distinguer-des-autres, un tel vent de fraîcheur ne peut faire que du bien. Plus que jamais, la découverte de perles musicales relève presque du parcours du combattant, où l’amateur passionné tranche à grands coups de machette dans le lard de la bande FM et de ses « trois minutes pas plus » et de ses « radio edit » contre-nature.
(1) Disponible chez Warner Bros/Mercury
(2) The Bedlam in Goliath, Universal Motown Records
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